Avec sa définition historique par la liberté de conscience, par la séparation entre la société civile et les sphères de l’autorité publique et de constitution des libertés (école, services publics, protection sociale) et enfin par le fait que le lien politique est autoconstitutif et donc n’a pas besoin d’un lien religieux préalable, nous pouvons présenter le premier enjeu : le principe de laïcité ainsi énoncé, permet le plus haut degré de liberté pour tous. Mais pour cela, il faut cesser d’accepter que 5 départements soient hors laïcité, que les écoles privées et les lieux de culte soient financés par l’argent public (et de plus en plus !)
Avec l’arrivée au pouvoir du néolibéralisme et de son corollaire, le relativisme culturel contre les principes progressistes, nous pouvons énoncer le deuxième enjeu : gagner la bataille pour l’hégémonie culturelle contre le relativisme culturel pour retrouver le sens des mots nés dans la lutte, mots qui doivent retrouver leur sens propulsif. Ce qui veut dire une opposition aux 2 dérives, toutes deux liés aux 2 stratégies possibles du néolibéralisme :
– la laïcité d’imposture ou adjectivée, faux nez du communautarisme présent dans la gauche solférinienne et aussi dans l’Autre gauche.
– l’ultra-laïcisme anti-laïque qui utilise le mot laïcité contre une seule religion l’islam. L’extrême droite et une partie importante de la droite sont passées maîtres de ce genre d’exercice. Si l’intensification de la crise pousse le patronat à préférer la voie de leur unification, on voit le danger mortel de cette dérive.
Le troisième enjeu : combattre la division mortelle du mouvement progressiste crée par la fuite en avant dans le communautarisme d’une partie de celui-ci. Le grand Jaurès disait que la loi de 1905 servait à unifier le prolétariat car sans cette loi, il serait divisé entre le prolétariat catholique et celui qui ne l’est pas, ce qui empêcherait d’être victorieux dans les combats sociaux. C’est l’unité du prolétariat et du peuple mobilisé qui doit être recherché, pas les alliances contre-nature avec des organisations réactionnaires de la Manif pour tous ou avec des organisations religieuses obscurantistes néolibérales ou encore avec celles qui prônent une ségrégation « racialisée »contre les couples mixtes. Serge Halimi dans le Diplo de mai 2015 conclut contre cette dernière position: « cela précipiterait « la division permanente des catégories populaires, le séparatisme racial ou religieux, le « choc des civilisations ».
Le quatrième enjeu est résumé par Daniel Bensaïd dans l’Eloge de la politique profane : « Vous ne voulez plus des classes ni de leur lutte ? Vous aurez les plèbes et les multitudes anomiques. Vous ne voulez plus des peuples ? Vous aurez les meutes et les tribus.». Chercher le consensus illusoire entre les meutes et les tribus: impossible. C’est une des raisons de l’abstention massive des couches populaires qui a entraîné le désastre des gauches de toutes les élections qui ont suivi la présidentielle de 2012. La lutte contre le capital comme rapport social de production est devenu, pour les néocommunautaristes de l’Autre gauche secondaire au grand plaisir de l’oligarchie néolibérale.
Venons-en au cinquième enjeu, le néolibéralisme a intensifié les racismes et les discriminations. Tous les racismes et discriminations progressent (anti-arabe, anti-musulman, roms, juifs, etc.). Voilà pourquoi il faut promouvoir une ligne laïque contre tous les racismes et toutes les discriminations sans exception aucune.
Le sixième enjeu est celui de combattre les impérialismes mais aussi leur alliés communautaristes et intégristes. On ne peut pas dire ici soutenir le Front populaire tunisien (avec nos deux martyrs Chokri Belaïd et Mohammed Brahmi) qui refusent tout accord avec Ennahdha et signer un appel en France avec leurs amis.
Le septième enjeu est celui d’étudier toutes les causes des injustices, des racismes et des discriminations, et d’en sortir par le haut en édictant les conditions actuelles et globales de l’alternative. Mais le principe de laïcité est l’une des conditions et il faut dire avec Rimbaud : « il faut être résolument moderne : tenir le pas gagné ! »