Appel « Pour une école émancipatrice et laïque »

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Cet appel que vous pouvez trouver en intégralité ici est issu d’un réseau intersyndical de militants syndicalistes laïques. Parmi les premiers signataires de cet appel à visée interprofessionnelle se retrouvent des syndicalistes de SUD, de la CGT et de la FSU. La priorité de ces militants est de « fournir des éléments rationnels et argumentés, pour alimenter les débats dans nos organisations syndicales ». Certes, nous partageons l’essentiel des opinions exprimées. Certains aspects nous paraissent en revanche problématiques. Mais ce n’est pas une raison pour effacer certaines positions dans le combat social et syndical. C’est pourquoi nous avons décidé de faire connaître cet appel afin d’alimenter le débat sans ostracisme ni exclusion d’office. Nous reproduisons certaines parties qui correspondent à l’orientation de notre journal.

En italique et entre guillemets, nous reprenons la syntaxe et le vocabulaire des auteurs de l’Appel.

Ni la pseudo-laïcité d’extrême-droite et de la droite dure ni la pseudo-laïcité d’une certaine gauche

Nous sommes inquiets de constater depuis quelque temps, au sein de l’espace public et médiatique, la minoration des débats politiques et économiques, au profit de questions religieuses, communautaires et identitaires variées. 

De fait, ReSPUBLICA a toujours estimé que la lutte des classes prime sur les questions identitaires. Il est prégnant que « dans les syndicats se revendiquant du syndicalisme de transformation sociale, avec des conséquences délétères pour les luttes », l’idéologie victimaire des minorités racisées, symbolisée par le wokisme progresse et « avec des conséquences délétères pour les luttes ».

Nous sommes confrontés à deux dérives symétriques. D’une part, un véritable détournement des principes de laïcité par l’extrême-droite, la droite dure et, lorsqu’elle a été au pouvoir, par une partie de la gauche libérale, à des fins de stigmatisations et de récupérations des peurs ». « D’autre part, après la parution du manifeste des Indigènes de la République en 2005, certains courants de gauche se montrent complaisants envers les revendications cultuelles et communautaristes.

Nous partageons cet avis qu’il existe une pseudo-laïcité identitaire de l’extrême droite qui se concentre contre l’islam et une partie de la gauche qui se compromet par sa naïveté avec le patriarcat de l’intégrisme islamique et les injonctions ou contraintes qui en découlent. Nous ajoutons une autre pseudo-laïcité, c’est celle qui se réclame du concordat en Alsace-Moselle.

Nous n’avons aucun problème pour dire que l’islamisme, comme tous les projets politico-religieux réactionnaires, est un projet politique et social contraire à nos valeurs de démocratie, d’égalité et de liberté et doit donc être combattu.

Effectivement, ce n’est pas être raciste que de dénoncer les courants obscurantistes et intégristes religieux ou non qui sont contraires aux valeurs et principe de la démocratie républicaine. C’est au contraire aider nos concitoyens supposés de « culture musulmane » à s’émanciper.

Nous ne pouvons accepter que des revendications cultuelles prétendument ‘culturelles’ puissent prendre le pas sur le combat pour l’égalité et l’émancipation de toutes et tous. Le relativisme culturel, les singularismes, traversent le mouvement social et politique de gauche dans des proportions inquiétantes, conduisant à des alliances mortifères avec des organisations qui font de la religion ou de l’identité ethnique une idéologie politique au cœur de leur projet de société.

Sortir de la confusion sur le concept de laïcité

La laïcité n’est pas une religion de plus, elle n’est pas non plus la religion de ceux qui n’en ont pas. Elle n’est pas synonyme d’athéisme. Elle n’est pas un dogme contre les religions. Elle n’est ni une opinion, ni une valeur. Elle est l’affirmation que chacun peut avoir une religion ou non, voire en changer sans que cela n’interfère quant à son appartenance à la communauté civile.

Nous publions dans ce même numéro un article critique sur les « 7 laïcités » selon Jean Baubérot qui aboutissent à des confusions qui affaiblissent le principe d’organisation de la société qu’est la laïcité.

Une multitude de ratures des principes énoncés dans la loi de 1905

ReSPUBLICA soutient les exigences des signataires de l’Appel et a déjà publié des articles en ce sens. ReSPUBLICA se refuse à employer l’écriture inclusive et donc nous ne l’avons pas reprise :

  • Abrogation de la loi Debré qui permet le financement public d’écoles privées notamment confessionnelles ;
  • « Nationalisation de l’enseignement privé sous contrat dans un service public unifié de l’éducation nationale, et la fonctionnarisation de ses personnels ».
  • « L’abrogation de la Loi Carle qui organise le financement public par la commune de résidence pour les enfants scolarisés dans une école privée située dans une autre commune » ;
  • « La réaffirmation du principe du monopole de l’État dans la collation des grades et diplômes » ;
  • « Le maintien du respect de la neutralité religieuse pour les personnels et les élèves » ;
  • « L’abolition du concordat d’Alsace-Moselle et du statut concordataire dérogatoire en Guyane en faveur de l’Église catholique ». Précisons qu’en Alsace-Moselle c’est le culte catholique qui est reconnu depuis le 1er Consul Bonaparte et le Concordat. Trois autres cultes – luthérien, réformé ou calviniste et israélite – ont été reconnus par Napoléon 1er avec les lois organiques ;
  • « La défense de l’application du principe de neutralité religieuse aux écoliers et lycéens et lycéennes ». Précisons que ReSPUBLICA soutient, comme les signataires de l’Appel, la loi de 2004 qui interdit aux élèves, dans les écoles, les collèges et les lycées publics, le port de signes ou tenues par lesquels ils manifestent ostensiblement une appartenance religieuse(1)Source : loi sur les signes religieux dans les écoles publiques créant l’article L.141-5-1  du Code de l’éducation est une loi française instaurée en 2004, restreignant le port de signes religieux.. Cette loi, contrairement à une mauvaise interprétation, n’interdit pas l’expression par les élèves de leurs convictions personnelles, à condition que cela se fasse sur un mode non fanatique d’où est absente toute volonté de prosélytisme.

Pour lire l’intégralité de l’Appel, allez sur le lien indiqué en introduction. ReSPUBLICA considère que ce mouvement rassembleur va dans la bonne direction et se joint à l’invitation qui suit :

Nous appelons celles et ceux qui se retrouvent dans cette démarche à signer ce texte et à prendre part à la construction du Réseau pour une École Émancipatrice et Laïque (R.E.E.L.).

Pour ReSPUBLICA, la laïcité qui ignore la justice sociale est bancale. De même, le combat social qui ne s’appuierait pas sur la laïcité ne peut aller au bout de sa logique.

Notes de bas de page

Notes de bas de page
1 Source : loi sur les signes religieux dans les écoles publiques créant l’article L.141-5-1  du Code de l’éducation est une loi française instaurée en 2004, restreignant le port de signes religieux.