J’ai lu avec un certain intérêt la texte proposé intitulé « pourquoi je suis laïque » (NDLR : texte de Metref Arezki, publié dans le numéro 868 de ReSPUBLICA). Il est certain que chacun a des histoires différentes. Chacun vient d’où il était et arrive où il pense devoir être. La laïcité a des origines multiples. Et je ne refuserai à personne le droit de s’affirmer laïque. Mais je vais ici m’exprimer pour dire pourquoi je suis laïque :
Je suis laïque parce que je suis athée :
En effet l’athéisme est une réflexion personnelle, et l’athée ne cherche pas à persuader, à forcer, à embrigader. C’est la définition même de la laïcité.
Ensuite parce que l’athée a tout intérêt à la laïcité. Il y va de ses convictions. Et de la défense de ses idées. L’athéisme est de loin la « religion » la plus persécutée. Officiellement du moins, toutes les religions sont acceptées, tolérées au moins dans tous les pays. L’athéisme non. Dans certains pays, l’athéisme est puni de prison et même selon le texte de certaines lois puni de mort.
Et même dans des pays réputés laïques, comme le France, les incroyants sont écartés ou ostracisés. J’en ai fait l’amère expérience au cours de ma vie. Les gens se réfèrent aux coutumes ou aux fameuses racines chrétiennes de la France. Imaginez.
Je monte dans un avion qui s’écrase. 200 morts. Catastrophe nationale.
Je retrouve ma dépouille à Notre dame de Paris, affublé d’un curé, d’un rabbin, d’un imam, d’un pasteur, avec en prime un président de la République et un premier ministre. Cela s’appelle l’œcuménisme.
Voilà, c’est dit.
Je suis laïque, car je suis partisan de la paix entre deux religions qui se font sans cesse la guerre, je veux parler des hommes et des femmes. Pour moi ces êtres certes différents sont rigoureusement égaux. Qu’ils soient neutres ou que la grammaire dise que le masculin l’emporte sur le féminin, si je dis un homme, je pense un homme ou une femme, un être humain.
C’est là le second point de la laïcité.
Je suis laïque parce que je suis de Longwy, que j’ai forcément croisé des Polonais catholiques des Portugais adorateurs de Fatima, des Italiens vaticaneux ou communistes, des Algériens musulmans, des Espagnols tous anti-Franco, et bien d’autres encore. Mais tous travaillaient durement dans les usines sidérurgiques où ils suaient, mouraient gazés ou pétrifiés dans la fonte en fusion. Et tous étaient réunis par la fraternité du travail et le danger.
Je suis laïque enfin parce que j’ai été toute ma carrière instituteur. J’y avais des parents de toute origine et de toute confession. Tous attaché à l’avenir meilleur de leurs enfants.
J’y avais des enfants, garçons ou filles, fils de pauvre ou de riche, fils d’ingénieur ou d’analphabète. Et j’étais attaché à les faire tous progresser.
Enfin je suis laïque parce que nous avons une chance immense. Des élus qui un jour ont réalisé un petit prodige appelé loi de 1905.
Ce ne sont pas tous les pays qui bénéficient d’un tel progrès.
Cette loi fut appelée loi de séparation de l’église et de l’état. Normal vu la situation de l’époque, de conflit entre l’église catholique et la République.
Mais nos députés ont fait bien plus. Ils ont donné la liberté à toutes les religions qui se sont fait jour depuis en France.
On ne doit pas parler de liberté religieuse ou de liberté de religion, mais de liberté de conscience. Chacun est libre de monter son propre chemin, à travers une religion ou une croyance.
L’état se porte garant de cette liberté et toute religion qui se verrait menacée verrait l’état se porter à son secours. Mais en toute indépendance réciproque. Et la loi précise, liberté de croire ou ne pas croire, ce qu’on veut.
L’athée que je suis aurait tendance à penser qu’il faut être un demeuré pour croire des sornettes inventées par des hommes. Mais ma laïcité m’impose de défendre cette liberté première.
La loi de 1905 n’a pas défini une obligation vestimentaire. Chacun peut porter kippa, soutane ou voile. Mieux, la démonstration publique de sa foi est acceptée à travers la droit de procession. A la seule condition de ne pas empiéter sur les convictions des autres.
Je ne développerai pas la nécessaire laïcité de l’école ou la neutralité des services publics.
Pour autant, elle n’est pas belle la laïcité de notre pays ?