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Pour l’application de la loi de 1905 en Guyane

Photo de l'original du texte de la loi de séparation des Eglises et de l'Etat

Photo de l'original du texte de la loi de séparation des Eglises et de l'Etat

ReSPUBLICA a déjà consacré précédemment un article au fait que le régime laïque ne s’applique pas en Guyane et nous avons à plusieurs reprises revendiqué la fin des exceptions territoriales dans cette collectivité, ainsi qu’à Mayotte et en Alsace-Moselle. (voir par exemple : https://www.gaucherepublicaine.org/a-la-une/communautarisme-separatisme-encore-faudra-t-il-sortir-du-flou-et-de-lambiguite/7410567) C’est pourquoi Respublica soutient aujourd’hui l’initiative du sénateur Pierre Ouzoulias qui a déposé la question n° 28018 adressée au ministre de l’Intérieur. Nous en reproduisons ci-dessous le texte intégral.

Application de la loi du 9 décembre 1905 à la collectivité territoriale unique de Guyane


« M. Pierre Ouzoulias attire l’attention de M. le ministre de l’Intérieur sur le régime des cultes dans la collectivité territoriale unique de Guyane et l’obsolescence de l’ordonnance du 27 août 1828 qui le régit encore. L’article 43 de la loi du 9 décembre 1905 sur la séparation des Églises et de l’État avait donné au pouvoir réglementaire la charge d’en rendre applicables ses dispositions en « Algérie et aux colonies ». Par abus de pouvoir, l’intention du législateur n’a jamais été respectée pour certaines d’entre elles et le régime des cultes de la Guyane continue d’être organisé par l’ordonnance prise par Charles X le 27 août 1828 qui fait du culte catholique apostolique romain la seule religion de l’État en Guyane. Ainsi, la rémunération des ministres de ce culte a été assurée par l’État, puis transférée au département de la Guyane par loi du 19 mars 1946. En 2016, l’évêque de Cayenne, considérant que ce régime vestigial ne correspondait plus à la réalité de la « nouvelle société guyanaise, multiculturelle et multireligieuse », avait organisé avec le président de l’assemblée de Guyane son obsolescence progressive. Cet accord prévoyait que les successeurs des ministres du Culte quittant leurs charges pastorales ne seraient plus rémunérés par la collectivité territoriale unique de Guyane. À cette date, treize prêtres, sur les quarante-trois que compte la Guyane, étaient encore rémunérés par la collectivité. En 2022, ils ne seront plus que huit à demeurer dans cette situation. Néanmoins, les autres dispositions de l’ordonnance du 27 août 1828 demeurent en vigueur. Ainsi, il revient au gouverneur de la colonie de fixer « les tarifs et règlements sur le casuel, les convois et les inhumations » (article 108, § 20). En pratique, ces participations ne sont plus perçues depuis longtemps et le culte catholique s’apparente en Guyane à un service public gratuit. Le diocèse est privé d’importantes recettes et l’évêque actuel de Cayenne depuis le 6 février 2022, constate que « ces charges […] sont deux fois plus importantes que ces recettes ». La situation financière catastrophique du diocèse de Cayenne montre, s’il en était besoin, l’obsolescence absolue de l’ordonnance du 27 août 1828 et la nécessité de rendre applicable, dans la collectivité de Guyane, la loi du 9 décembre 1905, telle qu’elle a été renforcée par les dispositions de la loi du 24 août 2021 confortant le respect des principes de la République. L’intention du législateur était que la loi du 9 décembre 1905 s’appliquât à l’ensemble du territoire national de l’époque, sans exception. Il lui demande donc si, sur la base des dispositions de son article 43, il est possible de la rendre applicable dans la collectivité unique de Guyane par un décret pris après l’avis du Conseil d’État ou s’il est nécessaire de procéder par la voie législative. »

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