Pour des citoyens français, il convient pour bien comprendre les élections britanniques, d’intégrer le fait que le scrutin s’effectue au scrutin majoritaire à un seul tour, type de scrutin non utilisé en France. Ce qui fait qu’une petite modification de vote peut entraîner des écarts très importants en nombre d’élus. Voilà pourquoi le fait que les médias français aient titré sur une victoire exceptionnelle des conservateurs mérite un examen plus attentif.
La participation des électeurs est stable : 66 % contre 65,1 % en 2010.
Les conservateurs néolibéraux (qu’ils soient euro-enthousiastes ou eurosceptiques) représentent 36,8% des voix (36,1% en 2010). Les travaillistes majoritairement néolibéraux représentent que 30,6 % des voix (29 % en 2010). Mais le reste des votes en se concentrant géographiquement notamment en Ecosse sur le parti indépendantiste néolibéral et euro-enthousiaste, qui ont fait une razzia d’élus (56 élus sur 59!), a fait que les travaillistes néolibéraux ont perdu une trentaine de sièges (notamment en Ecosse!). Une analyse plus fine montre aussi l’accentuation de la fragmentation du corps électoral britannique avec en plus du SNP indépendantiste écossais, le Plaid Cymru au Pays de Galles, l’UKIP (parti de droite pour la sortie de l’UE) et les Verts en Angleterre. L’UKIP avec 3,8 millions de voix n’a que deux députés et les Verts n’ont qu’un député avec 1 million de voix. Le parti libéral-démocrate subit une saignée en nombre de voix en passant de 23 % en 2010 à 8 % aujourd’hui.
La situation britannique est donc très instable. La poussée eurosceptique en Angleterre et la poussée indépendantiste euro-enthousiaste écossaise promettent une période houleuse. Malgré la majorité absolue des sièges pour les conservateurs néolibéraux, le fort recul du parti libéral-démocrate euro-enthousiaste et le renforcement de l’aile droite du parti conservateur eurosceptique risquent d’avoir des effets centrifuges pour le gouvernement Cameron qui devrait faire campagne, lors du référendum promis dans les deux ans sur le maintien ou pas de la GB dans l’UE, pour le maintien dans l’UE s’il obtient des nouveaux avantages pour la Grande-Bretagne de la part des dirigeants de l’UE.
L’Autre gauche britannique est aujourd’hui surtout présente dans le mouvement syndical et chez les intellectuels. La réforme des statuts du Labour organisée par Tony Blair a eu pour conséquence l’amoindrissement de l’aile gauche du parti travailliste. Les autres formations politiques sont groupusculaires et sans influence.