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Développement de l’impérialisme chinois en Afrique

Illustration du XIXème siècle du personnage Sun Wukong, héros principal du roman La Pérégrination vers l'Ouest de Wu Cheng'en.

À plusieurs reprises, ReSPUBLICA a montré l’importance de se mettre au courant de l’évolution du réel en matière de commerce international pour comprendre dans quel monde on vit. Même si ce n’est pas suffisant, c’est nécessaire pour ne pas sombrer dans un idéalisme forcené largement induit par les médias dominants, une partie de l’université et de certaines organisations associatives, syndicales et politiques.

 

L’Afrique est le seul continent du monde qui verra dans les décennies prochaines croître sa population fortement en raison d’un taux de fécondité sans commune mesure avec le taux de renouvellement de 2,1 enfants par femme. Il est actuellement supérieur, en moyenne, à 4 enfants par femme en âge de procréer avec des pays à plus de 6 enfants par femme en moyenne.

 

C’est un continent dont les ressources en matières premières sont très importantes ; il attire donc les impérialismes qui instrumentalisent une multitude de conflits géostratégiques de toutes natures (religieux, ethniques, etc.). Il y a ceux qui reculent et ceux qui progressent. C’est la France qui recule le plus et la Chine qui progresse le plus. Bien sûr, la recherche des données est fastidieuse. L’analyse fournie dans cet article, quoique partielle, est intéressante dans la comparaison, sur vingt ans, des pays d’où proviennent les importations dans les différents pays africains. Les sources utilisées sont l’OEC (Observatory of Economic Complexity), la Banque mondiale, The World Factbook de la CIA et Statista.

Le sous-impérialisme de l’Afrique du Sud

Le sous-impérialisme de l’Afrique du Sud reste le premier fournisseur des pays du sud de l’Afrique dans une bande allant de l’Océan atlantique à l’Océan indien : Namibie, Bostwana, Zambie, Zimbabwe, Mozambique, Malawi. Mais contrairement à l’an 2000, dans cette « sous-région », le premier fournisseur tant de la Tanzanie, de l’Afrique du Sud et de l’île Maurice est désormais la Chine, devenue, en vingt ans, le premier exportateur et le premier investisseur vers les pays africains.

La Chine est devenue en vingt ans, le premier exportateur et le premier investisseur vers les pays africains.

En 2000, la Chine n’était le premier fournisseur qu’au Soudan Nord et Sud, dans la Gambie, au Bénin et à Djibouti. La France était largement dominante dans les pays francophones et au Maghreb. Les exportations de la France en Afrique ont baissé de 12 à 7 % en vingt ans. La Chine est aujourd’hui le premier fournisseur de plus de trente pays africains. L’immigration chinoise en Afrique a doublé en vingt ans. En l’espace de vingt ans, la valeur des exportations chinoises est passée de 5 milliards de dollars en 2000 à 145 milliards en 2021(1)Value of Chinese exports to Africa | Statista.. L’exportation africaine vers la Chine, principalement de matières premières, est passée de 4,9 milliards de dollars en 2000 à plus de 60 millions de dollars en 2020, dont près d’un tiers pour les matières premières. La Chine est devenue également le premier investisseur en Afrique. Les « Nouvelles routes de la soie » sont le vecteur de cette percée. Le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord ont mobilisé des investissements de plus de 15 milliards de dollars sur 18 pays membres de ces « Nouvelles routes de la soie » et l’Afrique subsaharienne respectivement 7,5 milliards sur 44 pays membres. A comparer au total mondial des « Nouvelles routes de la soie » de 67,8 milliards sur 149 pays.

La Chine n’a perdu sa première place qu’au Soudan du Sud. Elle a détrôné la France à Madagascar, au Congo, au Tchad, au Niger, en Algérie, en Mauritanie, en Guinée, au Libéria, en Côte d’Ivoire, au Togo. Elle est devenue le premier exportateur en Angola et en République démocratique du Congo (le pays le plus francophone du monde), au Ghana, au Nigéria. En clair, si l’on excepte la place de première source d’importation des pays africains du sud de l’Afrique au sous-impérialisme sud-africain (voir ci-dessus), et la première place de la France en Tunisie, au Sénégal, au Burkina Faso, au Gabon, en Centrafrique, et aux Comores, plus d’une trentaine de pays dont les plus importants en surface et en population ont comme premier fournisseur la Chine. C’est une pénétration économique extraordinaire.

Concernant les quelques pays qui n’ont pas comme premier fournisseur la Chine, la France ou l’Afrique du Sud, on peut citer que le premier fournisseur du Maroc est l’Égypte, le premier fournisseur du Mali est le Sénégal, le premier fournisseur de la Guinée-Bissau est le Portugal, le premier fournisseur du Soudan du Sud est l’Ouganda, le premier fournisseur de l’Érythrée est les Émirats arabes unis. Le premier fournisseur des Seychelles est l’île Maurice. Le premier fournisseur de la Somalie est la Turquie. Tous les pays non cités ont comme principal fournisseur la Chine (Rwanda, Ethiopie, Égypte, Ouganda, etc.).

La France, incapable d’avoir des relations équilibrées avec les Africains en dehors des pratiques de la Françafrique, recule en influence comme jamais. Et bien sûr, les derniers évènements au Burkina Faso et au Sénégal risquent de noircir ce tableau.

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