Source externe : https://blogs.mediapart.fr/marilza-de-melo-foucher/blog/150217/equateur-entretien-avec-patricio-zambrano-restrepo
Président du Parti Socialiste Equatorien, Patricio Zambrano Restrepo dirige la campagne du parti pour les élections Présidentielles et Législatives de 2017.
Diplômé en Relations Internationales de l’Université Andine Simon Bolivar, licencié en Sociologie de l’Université de Paris VIII, diplômé en Politiques Publiques et Intégration de l’Institut des hautes études pour l’intégration et le développement de Bogota.
Parlementaire Andin réélu depuis de nombreuses années, il a été Vice Président du bureau de la représentation parlementaire équatorienne, Président de la Commission Spéciale de Lutte contre la Corruption, Président de nombreuses autres commissions parlementaires, en particulier celle des Droits de l’homme pour l’assemblée Euro-Latino-Américaine EUROLAT.
Pourriez-vous nous faire une synthèse de l’histoire de la Gauche en Equateur?
C’est en 1926 que se forme le Parti Socialiste Equatorien, un troisième parti politique venant s’ajouter au Parti Libéral et au Parti Conservateur, existant déjà comme dans tous les pays Latino-Américains. En 1932, un groupe pro russe décide de rompre avec le PSE et crée le Parti Communiste Equatorien. Ces partis participent aux élections durant les années 60 suivies de la dictature de 1972 à 1979 et par la suite par un triumvirat. Le retour de la démocratie intervient avec l’élection du Président Jaime Roldos, qui fut on le sait aujourd’hui assassiné par la CIA durant un voyage officiel (un “accident” d’avion au dessus de la frontière avec le Pérou).
C’est à cette époque que commence une étape d’union de nombreux intellectuels cherchant à participer librement à la politique et dés les années 70, à travers une participation politique dans de nombreuses municipalités et provinces du pays, et intervenants dans l’élaboration des lois. Mais de fait, c’est toujours la droite qui détenait le pouvoir et cherchait à maintenir ses privilèges. Afin de défendre une politique sociale pouvant bénéficier à la majorité, une union de la Gauche se forme entre le PSE et le PC. Pendant les années 70-80, la gauche augmente son influence en soutenant les mouvements sociaux et les organisations populaires, soutenant le syndicalisme qui plus tard va permettre le retour d’un gouvernement civil. Le PSE devient alors la principale force politique de gauche.
Ce “troisième Parti” en vient à demander des réformes totalement nouvelles pour l’époque. Il commence à lutter pour la défense des travailleurs, la sécurité sociale, pour de nombreux acteurs oubliés depuis toujours par les deux grands partis traditionnels. Cette lutte est impulsée par de grands hommes politiques comme Carrera Andrade et Benjamin Carrion, issus du PSE et qui ont proposé des changements de politique radicaux en particulier dans le domaine économique.
Quelles sont les fondements du PSE?
L’une des bases fondamentales de tous les membres du Parti socialiste était le marxisme. Nous nous identifions avec les références philosophiques de Marx. Nous nous identifions par exemple, avec la théorie de la lutte des classes, nous luttons pour un monde sans conflits sociaux. La redistribution de la richesse doit être un objectif de tous les acteurs politiques, mais c’est surtout le rôle de l’Etat, qui doit sauvegarder l’intégrité des ressources qui appartiennent au peuple et la juste redistribution à tous les citoyens équatoriens.
Quand commence la période d’instabilité politique et la lutte contre le modèle économique néolibéral?
Au début des années 90, commence une très forte mobilisation indigène, par une marche depuis l’est du pays jusqu’à Quito, pour présenter leurs doléances au Président de la République; c’est alors que se crée un nouveau parti politique, représentant le mouvement indigène, appelé Pachacutik. C’est alors que débute une longue période d’instabilité politique, avec 9 ou 10 présidents successifs, les classes dominantes, n’acceptant pas les résultats démocratiques manifestaient et réussissaient à faire abdiquer le président élu. L’instabilité politique a duré 10 ans, ainsi par exemple Abdala Bucaram président élu le 10 août 96 fut destitué par le Parlement pour cause “d’incapacité mentale” (sans aucun examen médical) le 6 février 1997. A sa chute, la vice présidente Rosalia Arteaga et le président du congres, Fabian Alarcon se disputèrent le pouvoir. C’est ce dernier qui l’emporta comme président intérimaire du 11 février 97 au 9 aout 1998. Alarcon n’avait pas de projet économique pour le pays, un déficit fiscal abyssal et de plus, la relation avec le Pérou voisin était conflictuel.Ensuite, en 1998, Jamil Mahuad (en binôme avec Gustavo Noboa, pour le parti Démocrate Populaire) fut élu à la présidence, qu’il exerça entre le 10 aout 98 et le 21 janvier 2000. Sous son mandat, fut votée une loi de “sauvetage bancaire” pour renflouer les banques privées en faillite (fin 99, suite à la crise baptisée “férié bancaire”, plusieurs banques déposent leur bilan). C’est alors que le peuple las de cette instabilité politique et économique manifesta dans les rues ; des membres de la Confédération des Nationalités Indigènes (CONAIE) s’emparèrent des rues de Quito et marchèrent sur le Congrès, appuyés par un groupe de colonels des forces armées. L’armée lui ayant retiré son appui, Mahuad est révoqué et un triumvirat est désigné ; il est composé par le représentant indigène Antonio Vargs, le colonel Lucio Gutierrez et Carlos Solorzano Constantine, représentant la société civile.Dans la matinée du 22 janvier 2000, Gustavo Noboa fut nommé président, suite à la destitution de Mahuad.
C’est l’ex colonel Lucio Gutierrez qui remporte ensuite les élections, avec l’appui de toutes les forces de gauche (Pachacutik, MDP, PSE) car il était censé favoriser l’égalité des classes sociales. Mais très vite, celui ci se déclara comme le meilleur ami des Etats Unis et nous nous rendîmes compte que le programme de transformations sociales ne verrait jamais le jour!… Il va exercer le pouvoir entre le 15 janvier 2003 et le 20 avril 2005 et l’abandonnera suite à une révolte populaire; Alfredo Palacio va le remplacer, du 20 avril 2005 au 14 janvier 2007.
Avec quel président a commencé la dollarisation de l’économie?
L’Equateur a adopté officiellement le dollar comme monnaie en 2000, suite à une forte dévaluation de la monnaie nationale, le “sucre” combinée à une forte inflation.
La dollarisation commence officiellement le 9 janvier 2000, durant le gouvernement de Jamil Mahuad, pour éviter la forte dévaluation du sucre et contrôler l’inflation. L’instabilité monétaire et le manque de confiance envers le sucre entrainèrent la détérioration du système financier du pays et firent chuter, entre autres, les salaires, pensions, ce qui affecta gravement les classes sociales populaires. Avec Lucio Gutierrez, continuèrent les mêmes problèmes économiques et l’instabilité politique.
Quand la gauche accède au pouvoir ?
À la fin de 2006, nous gagnons les élections et Rafael Correa Delgado est élu Président de la République. Diplômé de l’Université catholique de l’Equateur, puis d’une maîtrise de l’université de Louvin en Belgique, il termine son doctorat aux Etats-Unis, à l’Université de l’Illinois.
En 2007, le Parti socialiste équatorien, en accord avec les partis de gauche de l’Equateur, a décidé de soutenir un jeune homme dont le discours prônait un changement radical pour l’Equateur. Cependant, toute sa vision politique, la composante idéologique est née de la gauche, des luttes sociales. Non pas par son appartenance à des partis politiques, mais plutôt par la lutte dans les universités, brillant économiste, doyen de la Faculté des sciences économiques, l’une des universités les plus prestigieuses en Equateur. Il va prendre en compte toutes nos plates-formes de combat et les assumer comme ses propres revendications, anti-néolibérales, anti impérialistes. Nous avons cherché une économie plus inclusive, et une personne qui intègre toutes nos propositions.
À ce moment-là, quand nous accédons au pouvoir, la gauche est unie, forte et avec un engagement à construire un nouvel Etat, la responsabilité de consolider les bases d’un nouveau pays ; il était urgent d’unir la gauche au profit de la grande majorité de l’Equateur. Ainsi, en 2007, a commencé la construction de ce nouveau processus de changement que nous connaissons comme la Révolution Citoyenne.
Comment expliquer « Révolution Citoyenne » ?
La gauche politique a comme point central la défense de l’égalité sociale. La poursuite de l’égalité sociale est un objectif prioritaire de son programme politique, bien que souvent cette égalité soit réalisée au détriment de certains droits individuels. Alors que la droite politique considère les différences sociales comme inévitable, normales ou naturelles.
Nous avons toujours dit que la gauche se caractérise par sa capacité de réflexion, d’analyse et de critique. Une personne qui se dit à gauche doit toujours être critique et autocritique, l’autocritique est la base fondamentale de la conception idéologique personnelle, mais la critique doit être constructive, afin de profiter à la société, et non pour un bénéfice intellectuel.
L’exercice de l’administration publique nous conduit sans aucun doute à prendre des décisions qui peuvent souvent favoriser certains secteurs et nuire à d’autres. Quand nous parlons de privilégier certains secteurs, tels que les secteurs productifs, nous devons considérer que l’Équateur doit avoir une croissance permanente ce qui peut parfois nuire à certains secteurs qui sont idéologiquement contre.
Dans le gouvernement du président Rafael Correa, le gouvernement a fait face à des besoins urgents au bénéfice de certains secteurs. Toutefois, lorsqu’un certain pragmatisme prévaut dans l’exécution des politiques gouvernementales nous pouvons affecter certains idéaux, comme la construction d’un nouvel état ou nation.
Et par où commencer?
La première chose que nous avons dû réaliser a été de changer la constitution et de proposer une nouvelle constitution, un nouveau système. Quand nous parlons de constitution, nous nous référons à un nouveau régime, qui donne au législateur le pouvoir d’effectuer les changements nécessaires, à la fois en droit et dans l’administration publique. Pour ce défi nous avions besoin d’avoir une gauche unie et solide. Nous avions besoin d’une constitution avec un peuple uni.
Nous avons commencé à consolider l’Etat que nous voulions et le résultat est une constitution avancée dans ses principes, je pense que c’est une constitution qui donnent le plus de droits au monde, elle a eu lieu avec la participation de tous les secteurs, tous les segments de le gauche, du centre et de la droite. Tous unis nous avons participé à la construction d’une constitution pour le bénéfice de tous et pas, comme avant, au bénéfice du secteur économique.
En 2009, nous avons eu des élections générales, et les résultats ont été en faveur du projet politique de «révolution citoyenne » du président Correa. Cependant, pour gérer un Etat, nous devons aussi gagner la confiance des partis politiques, qui font face à un discrédit et à 10 ans d’instabilité politique. Cela nous permet de réfléchir à l’évolution du pays, avec une technologie qui progresse, avec des infrastructures nouvelles, un réseau routier qui nous permettent de communiquer et qui permettent à nos produits d’accéder au marché. Un pays qui prend ses décisions au niveau international, avec sa propre auto-détermination, sans que cela soit imposé de l’étranger. Nous ne voulons pas que le capital financier arrive pour un mois et se retire le mois suivant. Libre de tout ce que nous appelons des conseils spécifiques au détriment de la croissance que nous avons défini pour l’Etat, c’est-à-dire que nous ne croyons pas dans les recettes du Fond Monétaire International, de la Banque mondiale, qui ont été expulsés de l’Equateur.
Pour que nos lecteurs comprennent bien, vous avez fait face à l’instabilité politique et également au néolibéralisme, non seulement comme modèle économique, aussi comme idéologie. Comment avez-vous créé les conditions de gouvernabilité?
En détruisant les fondamentaux néolibéraux, non seulement par la parole mais aussi par des alternatives politiques qui ont un coût et que nous devons assumer. Souvent, nos pensées politiques ou nos « principes », ne nous laissent pas supposer ces coûts, et l’exercice de l’administration publique a également besoin d’un certain degré de pragmatisme dans la prise de décision. Il se peut que certains segments de la population seront en désaccord avec certaines décisions, cependant, elles doivent être prises pour construire des écoles, des hôpitaux, des routes, augmenter les salaires, améliorer le PIB (produit intérieur brut) et les conditions de la vie. Pour atteindre cet objectif, nous avons besoin de générer davantage de ressources; ou nous ne générons pas d’autres ressources si nous ne faisons rien pour offrir des conditions de vie plus décente.
Expliquez nous alors pourquoi aujourd’hui la gauche est contre la gauche en Equateur? Comment expliquer cette rupture de la gauche autrefois unie?
L’un des problèmes a été causé par une proposition d’une initiative générale lancée en Equateur, une proposition qui a provoqué une rupture dans les secteurs de gauche.
En général, ces secteurs sont ceux qui défendent la nature, l’environnement, mais nous devons aussi considérer que nous devons faire face à d’énormes défis dans la gestion d’un Etat, c’est pourquoi la décision a été prise de proposer au monde que tous les pays participent au paiement du pétrole que nous aurions cessé d’exploiter. Le gouvernement a proposé d’émettre des «Yasuni Certificats de Garantie » (CGY), documents garantissant que l’Équateur laisserait d’extraite le pétrole. Malheureusement, l’initiative a échoué, le monde a refusé, laissant comprendre qu’il n’était pas intéressé par le pétrole de l’Equateur.
Le gouvernement avait besoin de ressources pour réaliser les projets du secteur de la santé, la construction d’hôpitaux, de l’éducation, pour les routes, et de nombreux autres services pour la société équatorienne. Voilà pourquoi, il a été décidé d’exploiter le Yasuni, et une période de tension au sein de la gauche a débuté entre la gauche en faveur de l’exploitation et celle qui était contre. Pour la gauche de gouvernement il était nécessaire d’explorer le pétrole pour disposer des ressources pour améliorer la vie de tous les citoyens.
Est-ce la raison de l’éloignement de certaines organisations sociales? Cela a fait débat entre au sein de la gauche pour un type de gouvernabilité différente ?
Commence alors une période de conflits entre certains groupes de gauche qui sont en faveur du gouvernement et de certains groupes de gauche qui ont abandonné le gouvernement. Ces groupes de gauche qui ne soutiennent plus le gouvernement national vont se radicaliser. Ils sont retournés à leur exercice naturel qui est d’occuper les rues pour protester. Ils ont commencé à se battre, organiser des manifestations contre le gouvernement. Ils ont essayé de créer ainsi l’instabilité politique au sein du gouvernement et un nouveau déséquilibre politique. Le gouvernement a décide de contrer ces actions, avec un plus grand nombre d’exécution des travaux et de propositions. Au contraire de ce que faisait la droite avec les mouvements de gauche, qui pour faire taire les protestations accordaient quelques avantages aux dirigeants des organisations sociales pour les satisfaire et pour poursuivre leurs actions politiques. Voici comment le droite dans le passé a travaillé, ils ont offert certains sinécures à certains dirigeants de gauche afin qu’ils puissent continuer à leur lutte populaire et poursuivre leur propre chemin. Cela a toujours été une tactique de la droite dans le monde entier.
Après le départ de nombreux représentants de gauche du gouvernement, comment le gouvernement a-t’il continué à agir? Comment les secrétariats et les ministères ont-t-ils été attribués? Par la compétence ou l’affiliation politique?
Correa a décidé qu’il ne donnerait de privilèges à personne et qu’il fallait évoluer. Il était temps de dépolitiser certains secteurs tels que le secteur de l’éducation qui était dirigé par le MPD – Mouvement démocratique populaire – qui avait le secteur que la droite leur avait laissé. Seuls ceux qui étaient membres de ce mouvement politique avaient accès au secteur de l’éducation. Correa a décidé de mettre fin à cette pratique politique qui ne pouvait perdurer. Nous ne pouvons pas permettre que certains groupes politiques s’emparent de secteurs comme, dans ce cas, l’éducation. Maintenant l’éducation est maintenant accessible à tous.
Nous pensons que nous ne sommes pas un pays socialiste, mais nous contribuons à la construction du socialisme, dans la mesure où la société s’empare de la compétence politique, elle peut assumer ses propres décisions, et non au profit de la classe politique.
La gauche est-elle capable de se questionner, de réfléchir et de travailler ses propres contradictions et de faire son autocritique ? Quel est le point de vue du président du plus grand parti de gauche de l’Equateur?
Bien sûr, je pense que lorsque vous n’acceptez pas de comprendre les contradictions, on ne peut pas agir pour les corriger. Lorsque ceux qui participent à un projet commun essayent de le boycotter ou de renverser le gouvernement parce que ce dernier ne respecte pas ce qu’ils voulaient, il devient alors difficile d’accepter des réfutations qui sont dirigées pour formuler un coup d’Etat. Le gouvernement a le droit de protéger la propriété privée ainsi que le pillage des ministères, cela il ne peut pas être accepté.
Comment analysez-vous cette situation, lorsque la gauche retourne contre la gauche? La gauche ne peut pas identifier qui est adversaire politique et l’ennemi? Devant les défis du monde global et de l’idéologie néolibérale comment bâtir des stratégies et des alternatives ? Voici une longue discussion …
Je crois que notre société en Amérique latine est à la recherche d’une meilleure style de vie pour les citoyens, Si on appelle cela de socialisme, si cela ça veut être dire de gauche … Ce que je peux dire, et j’en suis convaincu si quelqu’un se dit à gauche, il doit se battre pour l’amélioration de la vie tous. Son adversaire ou ennemi n’est pas la gauche, c’est la droite. Le fait que nous ayons des différences ne signifie pas être adversaire. Notre adversaire commun est l’empire, nous serons toujours anti-impérialistes. Chaque homme, chaque femme de gauche doit être anti-impérialiste, parce que nous ne permettrons pas que l’empire impose ses décisions à nos pays souverains. Nous serons toujours pluriels dans les domaines économiques, notre objectif est de bâtir une économie ascendante et toujours transparente.
Acceptez vous que les gouvernements de gauche aient un contre-pouvoir pour revitaliser la démocratie? En principe la «Révolution Citoyenne » en Equateur, avait pour but de réunir les différents groupes politiques, les citoyens de différentes catégories sociales. Bien sûr, cette initiative amène le gouvernement à travailler avec des différences et des contradictions. Beaucoup agissent comme contre-pouvoir pour faire avancer les choses.
Oui, je suis d’accord, cependant, avec des contre-pouvoirs qui permettront de renforcer la démocratie. Nous avons besoin de propositions concrètes qui nous conduisent à prendre des décisions conjointes. Autrement dit, les organisations collectives, sociales apportent des propositions à analyser qui permettent collectivement de prendre des décisions correctes. Un groupe politique ne peut pas imposer sa propre décision à la majorité, et si, la voyant rejetée, aller dans la rue pour déstabiliser le gouvernement. Ceci est leur droit, mais ce n’est pas une décision collective. Nous savons qui sont nos ennemis, nous devons lutter pour que les postulats néolibéraux ne s’imposent pas à nos gouvernements en Amérique latine.
Quelle évaluation faites vous de la fin de gouvernement « Correrista », quelles sont les perspectives d’avenir?
Nous croyons qu’il faut poursuivre les changements, cela signifiera que l’Etat de droit en Equateur a été consolidé au bénéfice de la majorité. Nous devons réduire les intérêts bancaires, procéder à une réforme agraire, nous avons besoin d’une société dans laquelle tout le monde a la possibilité d’étudier et de s’éduquer. Nous avons besoin de régler toutes les dettes que l’Équateur, mais tout cela doit se faire à un prix équitable et adapté à notre pays. Nous devons poursuivre le processus de changement qui nous permettra d’améliorer la société dans son ensemble.
Que faire pour se rapprocher des mouvements sociaux, des mouvements de femmes, du mouvement paysan, par exemple.
Nous devons aussi critiquer l’attitude de certains compagnons (compagnes) au sein des mouvements. Bien sûr, ils peuvent idéologiquement avoir raison sur beaucoup de choses, cependant, il est parfois plus facile de détruire que de construire, le problème est que certains ne veulent jamais construire. Nous devons tenir compte du fait qu’il ya des mouvements sociaux qui sont contre le gouvernement de Rafael Correa, cependant, il y a aussi des mouvements sociaux qui le soutiennent, parmi eux, les mouvements indigènes, les travailleurs, les femmes, qui reconnaissent que beaucoup de choses ont été faites. Par exemple: la violence de genre est l’un des plus grands combats de ce gouvernement parce qu’il est le seul dans l’histoire de l’Equateur, qui a permis l’accès des femmes aux postes de prise de décision, il est le seul gouvernement en Amérique latine composée de 50% de femmes et 50% des hommes. Le droit à la sécurité sociale a été donné aux employés domestiques avec un salaire juste. L’Equateur a changé, mais nous devons continuer à aller de l’avant avec les réformes structurelles.