LA MONTÉE DE L’EXTRÊME-DROITE EN EUROPE ET EN AMÉRIQUE

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Le dimanche 7 juillet, la mobilisation du peuple français a endigué la vague brune du Rassemblement national, moins forte qu’attendue, grâce à la mobilisation en faveur du Nouveau Front populaire et à la constitution d’un front républicain. Mais l’alerte a été chaude. Lors du la dissolution le 9 juin dernier les listes d’extrême-droite cumulaient presque 38 % des suffrages exprimés aux élections européennes. Pour comprendre la situation française, il faut élargir notre champ de vision, car la vague extrémiste de droite est un phénomène qui sévit en Europe et également sur le continent américain.

Renforcement de l’extrême-droite aux élections européennes

Lors de ces élections de juin dernier, l’extrême-droite montrait sa force dans pratiquement tous les pays de l’Union. À l’annonce des résultats, les chaînes nationales ont fait leurs choux gras du score de 31,37 % de Jordan Bardella. En ajoutant les scores des listes de Zemmour et de Philippot, ce courant politique a atteint presque 38 %. Mais les analystes ont peu abordé les résultats dans les autres pays européens. Il s’agissait pourtant d’élire les représentants au Parlement européen, rien à voir avec une élection nationale, nous disait le président de la République Emmanuel Macron. Pourtant, il eût été intéressant de comparer les scores avec les autres pays.

Cette élection européenne, qui ne devait pas avoir de conséquences nationales funestes, fut en réalité un séisme aux multiples répliques… dont la dissolution du Parlement français. Emmanuel Macron avait pourtant averti et insisté en proclamant qu’il s’agissait d’une élection européenne sans conséquence nationale. Menteur ou amnésique, celui-ci a dissout l’Assemblée nationale à l’annonce des résultats de ce scrutin européen. Un acte politique qui a ouvert un boulevard à l’extrême droite, heureusement endigué in extremis par la mobilisation du peuple français.

L’extrême-droite dans l’UE

La France n’est pas le seul pays où l’extrême-droite est arrivée en tête dans ces élections européennes.

En France, le RN est arrivé en tête avec 31,37 % des suffrages. Il faut rajouter à cela le score de Reconquête d’Eric Zemmour et de Marion Maréchal Le Pen avec 5,4 %. Ce sera la plus importante délégation d’un parti d’extrême droite au Parlement européen, avec 30 sièges pour le RN et 5 sièges pour Reconquête. Le pourcentage total de l’extrême-droite en France fut donc, avec la liste de Philippot, pour les Européennes de 37,77 %.

Ce n’est pas une exception française, car en Italie, en Autriche, en Hongrie et en Belgique l’extrême-droite est arrivée également en tête du scrutin européen.

Ce n’est pas une exception française, car en Italie, en Autriche, en Hongrie et en Belgique l’extrême-droite est arrivée également en tête du scrutin européen. Notons que l’extrême-droite a progressé particulièrement dans la partie ouest de l’Europe, Allemagne comprise, là où le pouvoir d’achat s’est dégradé encore plus qu’ailleurs depuis la vague inflationniste. À l’est et au nord de l’Europe, la montée des « radicaux » de droite fut plus limitée.

En Italie, le parti de Giorgia Meloni, les « frères d’Italie », obtient 28,80 % des votes et enverra 24 députés européens, 14 sièges en plus par rapport au dernier scrutin. À ce score il faut rajouter la Laga de Salvini qui a obtenu 9 % des votes et 8 sièges de députés. Si Lega a perdu 14 sièges, cela fait tout de même un total de 32 sièges pour l’extrême droite italienne et 37,8 % des suffrages.

En Autriche, le Parti de la liberté (FPÖ) a obtenu 25,70 % et envoyé 6 sièges sur les 20 sièges attribués à l’Autriche. Le FPÖ a multiplié le nombre de ses élus par deux au sein du groupe ID.

En Belgique, les deux partis d’extrême-droite sont arrivés l’un premier, le Vlamms Belang partis nationalistes d’extrême droite (ID) qui a obtenu 13,92 % (3sièges), et en second le NV-A parti nationaliste d’extrême droite qui a été crédité de 13,39 % (3 sièges).

Enfin, l’extrême-droite est arrivée également en tête en Hongrie où le parti de Viktor Orban s’est maintenu en tête avec 44,80 % des voix et 11 sièges sur les 21 réservés à ce pays.

Hélas, la liste est longue de ces pays où l’extrême-droite a fait des scores retentissants, en arrivant par exemple en deuxième position.

C’est le cas :

  • En Allemagne, avec « Alternative pour l’Allemagne (AFD) » qui a obtenu 15,90 % et 15 sièges derrière l’Union chrétienne démocrate ;
  • En Pologne où « Droit et justice » obtient 36,20 % des voix et 20 sièges derrière la coalition civique ;
  • Aux Pays-Bas la coalition Parti du travail (Vert-Gauche) arrive en tête avec 21,10 % des voix et obtient 8 sièges, mais le « Parti pour la liberté » a eu pour score 17 % des suffrages et 6 sièges, mais plus loin derrière, un autre parti d’extrême-droite, le parti politique calviniste, a obtenu 3,7 % et 1 siège. Cela fait donc une extrême-droite aux Pays-Bas à 20,7 %.

Que pouvons-nous conclure de ces résultats ?

Certes, l’extrême droite n’est pas majoritaire au Parlement européen. Néanmoins, sa progression dans de nombreux pays européens et sa victoire montre bien que l’extrême-droite a le vent en poupe et est même maintenant au pouvoir dans certains pays.

Cela veut dire aussi que la société européenne va être confrontée à des transformations en profondeur en matière de stratégie politique à moyen et long terme. Pour s’en convaincre, rappelons-nous le recul sur le « green deal ».

« L’internationale ultra-droite »

Le poids politique de l’extrême-droite doit s’apprécier dans une dynamique internationale. Cette analyse permet de contredire tous ceux qui considèrent que le RN en France a aujourd’hui changé.

Bien sûr les temps changent, mais RN est l’héritier du Front National et porte toujours avec lui sa filiation historique, celle d’un parti politique cofondé par un ancien wafen SS.

Par ailleurs, il est difficile de considérer que le RN n’est plus d’extrême-droite, quand il participe à des réunions où se trouve l’ensemble des partis « ultras » en Europe. Car l’extrême-droite s’organise sur le plan international, travaille ensemble et en synergie. Leur dernière réunion « Viva 24 » a eu lieu à Madrid en Espagne le 19 mai 2024, quelques semaines seulement avant les élections européennes, à l’initiative de Vox, le parti d’extrême-droite espagnole. À cette rencontre internationale il y avait toute l’extrême-droite européenne, les frères d’Italie de Méloni, Chéga du portugais d’André Ventura, le RN français etc. Étaient représentés également les « Trumpistes » nord-américains et beaucoup de partis radicaux sud-américains. Notons en particulier la présence du président argentin ultralibéral-libertarien Javier Milei. Plusieurs orateurs ont insisté sur le fait que « l’année de l’extrême-droite mondiale » pourrait être 2025. Car en janvier prochain, le nouveau président des États-Unis sera en exercice. Il pourrait donc exister un axe politique entre les États-Unis trumpiste et l’Europe avec une extrême droite surpuissante.

L’argentin Milei en chef de file de l’ultra-droite mondiale

Javier Milei, le président argentin, est entré en fonction le 10 décembre 2023. Il voyage beaucoup pour porter « la bonne parole » radicale aux quatre coins de l’Occident. Il a un objectif : devenir leader de l’internationale ultra-droite. Ses voyages à l’étranger sont militants et visent à faire accéder l’extrême-droite au pouvoir partout où cela est possible. S’il est allé aux États-Unis à plusieurs reprises, ce n’était pas pour rencontrer le président Joe Biden, mais le candidat Donald Trump.

La diplomatie ne fait pas partie du vocabulaire du président argentin, l’injure lui plaît davantage. Au mois de mai, le président argentin a interpellé Pedro Sanchez et qualifié son épouse, Begoña Gomez, de corrompue.

L’Occident peut passer majoritairement à l’ultra-droite

En France, la vague brune s’est arrêtée aux portes du pouvoir. Mais le danger demeure. Sans la mobilisation du peuple sur des bases laïques et sociales, l’extrême-droite continuera à progresser sur le terreau de l’appauvrissement des couches populaires.

Nos yeux doivent maintenant se tourner vers l’Ouest : les États-Unis vont-ils réélire Donald Trump ? N’oublions pas que ce pays dirige l’OTAN dont nous avons réintégré le commandement intégré depuis 15 ans. Ce risque est donc à prendre en compte en 2025 pour les partisans de la République sociale… le combat sera rude !