Les Équatoriens persistent et signent ! En effet, à la suite des élections générales qui se sont déroulées le dimanche 26 avril 2009, Rafael Correa a été réélu pour un nouveau mandat de quatre ans. Ainsi, le président sortant a obtenu un fort bon score, remportant plus de 55 % des voix… et distançant de plus de 20 points son rival de droite Lucio Gutierrez, l’ancien président qui avait été renversé en 2005 par une mobilisation populaire de grande ampleur.
Cette victoire démocratique incontestable et incontestée ne tombe pas du ciel : elle est la conséquence d’un travail patient et déterminé, nommé « processus de révolution citoyenne », mené par Correa et l’ensemble des forces de gauche qui le soutient. Déjà, en avril 2007, un référendum sur l’organisation d’une assemblée constituante avait été gagné par la gauche avec plus de 82 % des suffrages exprimés Malgré une sphère médiatique qui était alors totalement contrôlée par le patronat et les grands propriétaires terrains, le peuple équatorien avait donné une large majorité parlementaire au président en exercice. Après de longs travaux, l’assemblée a proposé une nouvelle constitution, approuvée également par voie référendaire par plus de 60 % des votants.
Il s’agit donc en Équateur d’une sorte de « Révolution tranquille », qui avance étape par étape et de manière démocratique. Le soutien populaire qui ne se dément pas est dû en grande partie au caractère national du combat de Correa, en particulier vis-à-vis du grand voisin nord-américain dont le soutien à la politique néo libérale dévastatrice des années 90 en Equateur, comme dans le reste du sous-continent, ne s’est jamais démenti.
Aujourd’hui, le grand défi auquel fait face ce petit état, comme l’ensemble des pays pauvres, c’est bien évidemment la crise financière et la manière de limiter la casse de ce désastre causé par les banques multinationales. Comment répondre à la crise de la dette ? Pour l’Equateur, le problème est brûlant !
Sur ce front, l’Equateur a suspendu depuis novembre 2008 le remboursement d’une partie des emprunts réalisés par les gouvernements antérieurs sous la forme de bons (les « bonos global 2012 et 2030 »). Les autorités ont pris cette décision sur la base des résultats des travaux réalisés par la Commission d’audit intégrale de la dette publique. Ces bons sont frappés de nullité en raison des conditions dans lesquelles ils ont été émis. Le 20 avril dernier, le gouvernement a proposé aux détenteurs de ces bons d’accepter une réduction de valeur de 70 %. Cette proposition modérée, à l’exemple de ce qu’avait fait l’Argentine entre 2002 et 2005, a des chances d’aboutir. La réduction de la dette permettrait, bien sûr, d’aborder plus sereinement la situation actuelle qui conduit les pays pauvres à s’endetter pour ne pas faire peser trop lourdement la crise sur le peuple qui place tous ses espoirs dans les forces progressistes pour lesquelles il a voté.
Paradoxalement, l’Équateur, malgré son faible développement et à l’instar de la quasi totalité des états latino-américains, se retrouve en meilleure situation pour faire face à la crise que des pays plus alignés sur « l’Empire américain ». En cette veille d’élections européennes, nous, Français, devrions prendre exemple sur ces peuples d’outre-Atlantique qui ont décidé de reprendre leur destin en main.