BRUXELLES (AFP) – Le marathon des élections européennes a démarré jeudi en Grande-Bretagne et aux Pays-Bas, marqué dans ce pays par une très forte abstention et une poussée de l’extrême droite, deux phénomènes qui pourraient bien se répéter à l’échelle de tout le continent.
Le Parti pour la liberté du député néerlandais d’extrême droite Geert Wilders a obtenu 14,8% des voix aux aux Pays-Bas et va faire son entrée au Parlement européen avec quatre sièges, selon un sondage sortie des urnes publié dans la soirée.
Il devance le parti travailliste (13,4%), membre de la coalition gouvernementale, et se classe derrière le parti chrétien-démocrate du Premier ministre Jan Peter Balkenende (20,3%).
Les Néerlandais sont les premiers à diffuser des indications sur l’issue de leur scrutin, des résultats provisoires devant même être publiés tard dans la soirée, même si cela doit enfreindre les règles européennes (pas de résultats avant dimanche soir) mises en place pour éviter que les électeurs des autres pays puissent être influencés.
Dans ce pays fondateur de l’Union européenne, le taux de participation ne s’est par ailleurs élevé qu’à environ 40%, selon le sondage.
Le scrutin dans les autres pays de l’Union européenne a toute les chances d’être à cette image.
Partout une forte abstention se dessine après une participation de seulement 45,4% déjà en 2004, et ce malgré des appels à aller voter lancés encore jeudi par le président de la Commission européenne José Manuel Barroso ou le chef de l’Etat français Nicolas Sarkozy.
L’absence d’enjeux européens clairs pour ce scrutin et les difficultés de l’opinion à appréhender ce que font les eurodéputés contribuent à ce manque d’intérêt.
En Roumanie, qui vote pour la deuxième fois seulement aux européennes, la participation devrait être inférieure à 20%, a estimé jeudi l’Institut national pour les politiques publiques (IPP) de Roumanie.
La percée dans plusieurs pays des partis extrêmes, anti-européens, ou populistes s’annonce comme une autre leçon possible d’élections qui se déroulent dans un contexte de crise économique et sociale exacerbé. Ce pourrait être le cas en particulier au Royaume-Uni et en Europe de l’Est.
Mario Telo, président de l’Institut d’Etudes européennes de l’Université libre de Bruxelles, estime que « ce risque existe, comme dans les années trente, même si la différence est qu’un succès de l’extrême droite n’aura pas d’effet politique direct ».
Mais ce phénomène « montrera que la crise de la politique nationale est grave, la corruption, les scandales, la vidéocratie, la recherche de bouc émissaires risquent d’enliser les démocraties européennes qui devront avoir la force de vite réagir », dit-il.
De manière générale, les sondages prédisent une victoire de la droite en Europe, la gauche ne parvenant guère malgré la crise à mobiliser, même lorsqu’elle est dans l’opposition.
Au Parlement de Strasbourg, les conservateurs seront la principale force politique, selon une étude publiée jeudi. Ils devanceraient les socialistes et les Libéraux.
Au total, quelque 388 millions d’Européens sont appelés à élire 736 députés pendant quatre jours.
Après les Néerlandais et les Britanniques – qui ont également voté pour des élections locales lors d’un scrutin annoncé comme une déroute pour les travaillistes au pouvoir – ce sera vendredi et samedi le tour des Irlandais et des Tchèques, Lettons, Slovaques, Maltais et Chypriotes.
Dix-neuf des 27 pays de l’UE voteront dimanche. La première estimation de la couleur politique du prochain Parlement devrait alors être annoncée vers 22H30 (20H30 GMT).
De Yacine LE FORESTIER