Seuil des 100 000 morts, triste résultat d’un an de ratages

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Photo des mains d'un soignant ganté, remplissant une seringue avec le vaccin du COVID 19

Alors que le gouvernement vient de décider un troisième confinement, la France franchira dans quelques jours le cap des 100 000 morts dus au Covid-19 (en réalité, ce seuil a sûrement déjà été franchi puisque les morts à domicile – qui représentent au minimum 12 % des décès – n’ont pas encore été comptabilisés, contrairement à ce qu’avait promis Olivier Véran en juin 2020). L’occasion de faire le bilan de plus d’une année de mauvaise gestion de cette crise sanitaire (1)Voir aussi le bilan de l’Insee de la mortalité en 2020..

Ratage après ratage

Nous l’avons déjà écrit précédemment (voir notre précédente chronique) : au printemps 2020, au tout début de la pandémie, Emmanuel Macron et son gouvernement ont commencé par confiner trop tardivement le pays, conduisant à une situation extrêmement tendue dans les hôpitaux qui n’ont tenu que grâce à des mesures exceptionnelles (renfort en provenance des régions moins touchées et de volontaires, transferts de patients chez nos voisins). Manquant de masques et de tests, notre pays s’est retrouvé moins bien armé pour faire face à cette crise sanitaire d’une ampleur inédite. Face à ces manques, non seulement le gouvernement n’a pas pris les mesures adéquates (comme la socialisation des moyens de production pour les masques et le matériel médical, ainsi que nous le réclamions), mais en plus il a préféré mentir grossièrement (en particulier sur les masques) plutôt que de reconnaître ses erreurs ! Il a ensuite mal préparé le déconfinement, ouvrant plus tôt les écoles par rapport à ce que conseillait le conseil scientifique. Pendant cette crise, l’industrie française a pris un retard considérable dans le séquençage du virus et de ses mutations et s’est révélée incapable de produire un vaccin (Sanofi préfère à la place faire un nouveau plan social !), nous rendant encore une fois dépendants de firmes et de pays étrangers. La France a ensuite peiné à acheter des doses des vaccins existants, puis c’est sur le déploiement de la vaccination qu’elle a pêché ! Alors que cette pandémie dure, les différences sont désormais criantes entre notre pays qui accumule les erreurs de gestion depuis plus d’un an et d’autres pays qui commencent à reprendre ou ont repris une vie presque normale, soit grâce à la vaccination massive de la population, soit grâce à une stratégie zéro-Covid qui a porté ses fruits. Au bout d’un an, notre gouvernement n’a toujours pas de stratégie claire et préfère naviguer à vue, tentant tant bien que mal de préserver l’économie au détriment de la santé, mais il finit par perdre sur les deux tableaux comme le montre le triste bilan auquel nous aboutissons, et ce n’est malheureusement pas fini.

Notre gouvernement n’a pas su tirer les leçons des autres pays

Il faut souligner qu’à chaque fois, la France se trouvait dans une situation plutôt avantageuse face à ses voisins puisqu’elle a été frappée plus tard par le virus ou ses mutations. Lors de la première vague de l’épidémie, le gouvernement aurait du tirer les leçons du cas italien touché quelques semaines avant notre pays et lors de cette troisième vague due au variant britannique, elle avait l’exemple de la situation en Angleterre pour pouvoir anticiper l’évolution de la crise. Mais à chaque fois, le président Emmanuel Macron n’a pas su tirer profit de ces exemples et a pris les mauvaises décisions ! N’écoutant ni le conseil scientifique pourtant dévolu à cette tâche, ni la représentation nationale qui comme elle l’a dénoncé la semaine dernière est devenue une simple « chambre d’enregistrement », Macron s’est proclamé « épidémiologiste en chef » du pays ! Le Monde rapporte ainsi les mots ahurissants de Jean-Michel Blanquer : « Le président a acquis une vraie expertise sur les sujets sanitaires. Ce n’est pas un sujet inaccessible pour une intelligence comme la sienne et au regard du temps important qu’il y consacre depuis plusieurs mois. »

Contre l’avis du conseil scientifique qui préconisait d’étendre les vacances d’hiver pour fermer les écoles pendant un mois, Emmanuel Macron a préféré faire le pari d’un ralentissement de l’épidémie grâce à la vaccination. Tout le monde, sauf le président malade de son hubris, peut constater aujourd’hui l’échec cuisant de cette décision hasardeuse. Depuis quelques jours, les professionnels de la santé tirent la sonnette d’alarme et le pic de personnes admises en réanimation des suites de la Covid-19 lors de la deuxième vague a déjà été dépassé. Cette situation laisse craindre des prochaines semaines extrêmement difficiles pour nos soignants alors que les conditions sont encore plus défavorables : il n’y a plus de réserve sanitaire disponible, les nouveaux patients atteints par le variant anglais restent plus longtemps en réanimation et sont plus instables, ce qui empêche les évacuations sanitaires, contrairement aux deux premières vagues. Là encore, il faut insister sur le fait que le gouvernement s’est révélé incapable depuis un an d’améliorer le problème du manque de moyens matériels et humains à l’hôpital public. Force est de constater que le Ségur de la Santé n’a pas été à la hauteur et alors que le président promettait en octobre 12 000 lits de réanimation, nous en sommes qu’à 7 000.

Cette suite de mauvaises décisions va se traduire par des morts supplémentaires : décès liés au Covid-19 (insistons à ce propos sur le fait que trois études viennent de conclure à une surmortalité liés à la saturation des services de réanimation (2)Lire à ce sujet : https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/04/01/covid-19-la-saturation-des-reanimations-une-impasse-dangereuse_6075185_3244.html ), mais aussi décès indirects puisque la seule variable d’ajustement est désormais la déprogrammation d’opérations…

Le bilan de notre pays, déjà particulièrement médiocre, devrait donc encore s’alourdir. Il n’est pas inutile de rappeler que l’Allemagne, avec 17 millions d’habitants de plus que la France, déplore 20 000 morts de moins et que sa dirigeante, Angela Merkel, débat régulièrement pendant plusieurs heures avec les présidents de région (dans des réunions filmées et diffusées) pour trouver un consensus, ce qui donne le sentiment à la population que les décisions sont prises dans la transparence et démocratiquement, ce qui manque cruellement à notre pays où c’est Jupiter qui est le maître des horloges ! De ce fait, nos concitoyens consentent de moins en moins aux efforts à fournir pour ralentir la propagation du virus, las de cet « absurdistan ». Puisque le président a décidé de décider seul, qu’il soit désigné comme le seul responsable et sanctionné seul !

Notes de bas de page

Notes de bas de page
1 Voir aussi le bilan de l’Insee de la mortalité en 2020.
2 Lire à ce sujet : https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/04/01/covid-19-la-saturation-des-reanimations-une-impasse-dangereuse_6075185_3244.html