L’extrême centre macroniste a décidé une attaque sans précédent contre l’assurance-chômage et les 5 branches de la Sécurité sociale qui sera en plus contre-productive sur l’économie !

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Beaucoup se sont gargarisés du fait que deux agences de notation n’ont pas dégradé la cotation financière de la France la semaine dernière, mais ce qu’ils ont omis de dire, c’est que c’est au prix de l’engagement pris par Macron-Le Maire d’une réduction des dépenses publiques de 20 milliards pour 2024 et de 27 milliards pour 2025. C’est un plan d’austérité sans précédent qui va frapper les travailleurs et leurs familles. Tout cela était déjà inscrit dans le programme de stabilité 2024-2027 de l’Union européenne(1)Voir : Présentation du programme de stabilité 2024-2027 de la Direction générale du Trésor. que la paire Macron-Le Maire a promis aux dirigeants néolibéraux et ordolibéraux de l’Union européenne.

Ramener le déficit public de 5,5 % en 2023 à moins de 3 % en 2027 n’est pas possible avec une politique économique favorable à court terme uniquement au bloc bourgeois sauf à faire une politique antisociale jamais faite en France dans un délai aussi court. Inutile de dire ici que les autres critères de Maastricht (dette publique, etc.) ne seront pas respectés non plus sans changement de politique d’une part en France et d’autre part dans l’Union européenne.

Et de plus, le respect des dispositions du traité de Maastricht reprises dans les traités actuels comme alpha et oméga de l’ordolibéralisme européen va à l’encontre des intérêts des travailleurs sans impulser les réformes nécessaires (transition énergétique et écologique, réindustrialisation massive, lutte contre les inégalités, contre les déclassements, contre la pauvreté grandissante, sans transferts financiers importants pour maintenir la cohésion sociale, etc.), sans compter que les prochains résultats des élections européennes vont probablement renforcer l’extrême-droite européenne, ce qui sera sans doute une étape de plus en France vers le rapprochement extrême centre/extrême-droite pour une future union de toutes les droites comme déjà dans de nombreux pays européens.

Nous avons même vu Van der Leyen tenter, pour sauver son poste, d’avoir une alliance avec l’extrême-droite via la présidente du Conseil italien d’extrême-droite. Or dans la campagne européenne, ce débat n’a pas lieu. Il y a bien le projet de la désobéissance civile au niveau de l’État tout entier prônée par la LFI, mais qui semble peu crédible au demeurant lorsque l’on propose ce type d’action sur de nombreux sujets sans aucune perspective claire. Nous reviendrons sur ce point ultérieurement.

L’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) avait déjà conclu qu’avec 10 milliards de coupes sociales pour 2024 et 20 milliards en 2025, on pouvait prévoir une baisse du PIB allant de pair avec une dégradation écologique. Maintenant, avec les 17 milliards supplémentaires, ce sera pire. Donc non seulement ces mesures sont antisociales, mais en plus elles sont mauvaises économiquement. Le raisonnement est simple : quand on ampute les revenus des plus défavorisés, cela diminue la consommation et cela se répercute sur l’économie. Par contre, diminuer l’épargne des plus aisés ne diminue pas la consommation, mais peut dans certains cas diminuer les investissements privés, mais seulement à plus long terme. Même le président de la Cour des comptes ne croit pas aux propositions de Bercy !

Pour nous, la solution à court terme passe par une fiscalité sur les grandes entreprises qui payent moins d’impôts que les petites entreprises et sur les ménages aisés.

Pour nous, la solution à court terme passe par une fiscalité sur les grandes entreprises qui payent moins d’impôts que les petites entreprises et sur les ménages aisés, cela passerait par une suppression progressive des exonérations de cotisations sociales ce qui permettra à l’État d’augmenter la part de la TVA qui lui est attribuée(2)À force de faire des cadeaux aux entreprises en supprimant petit à petit le salaire socialisé par les cotisations sociales et en ne compensant pas entièrement par la TVA, puis en compensant les exonérations de taxes pour les collectivités locales financées au rabais par une partie de la TVA, l’État n’est aujourd’hui attributaire de la TVA qu’à 46 %., par un plan de réindustrialisation massif et par une transition énergétique et écologique à la hauteur des enjeux. C’est tout le contraire de la politique de l’extrême centre macroniste qui n’a réussi qu’un seul de ses objectifs, augmenter les dividendes et les revenus pour les plus riches largement financés par la majorité des ménages les moins fortunés.

Quel est le projet de l’extrême centre macroniste sur le social ?

D’abord d’utiliser le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS 2025) pour « charcuter » le budget des 5 branches de la Sécurité sociale (Assurance-maladie, retraites, famille, autonomie et accidents du travail et maladies professionnelles-ATMP) de façon beaucoup plus importante que l’année dernière(3)Voir notre précédent article : «  Contre le projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2024 (Plfss 2024) ».. Pour l’Assurance-maladie est en discussion, sur demande de l’extrême centre macroniste, entre la Sécurité sociale et l’Union nationale des organismes complémentaires à la Sécurité sociale un projet pour organiser un transfert de la Sécurité sociale vers les mutuelles, les assurances privées et les institutions de prévoyance d’une partie des affections de longue durée (ALD, comme les diabètes, les cancers, etc.) qui représentent les 2/3 du budget de l’Assurance-maladie. Et comme les frais de gestion sont au moins 3 fois plus élevés chez les organismes complémentaires qu’à la Sécu, les travailleurs et leurs familles seront perdants, car les cotisations des organismes complémentaires vont exploser en fonction de ce différentiel des frais de gestion.

Bien sûr, aucun plan sur toutes les dérives sociales de la France, par exemple, entre autres, contre le fort taux de mortalité infantile en France. Pour les retraites, l’exécutif travaille à un nouveau conflit sur les retraites pour soit repousser l’âge de la retraite, soit baisser les pensions soit augmenter la durée de cotisation. Pour la branche famille, durcir les mises sous condition de ressources est à l’étude, voir diminuer certaines prestations et bien sûr aucun plan de développement des crèches publiques et familiales. Pour l’autonomie, exit la loi grand âge, augmenter les restes à charge des familles et surtout ne rien faire contre le scandale des EHPAD. Pour les accidents du travail et les maladies professionnelles, ne rien faire sur les deux morts par jour au travail alors que la France est l’un des pays les plus dangereux d’Europe sur ce point, rien sur la réparation intégrale ATMP, etc. Et tout cela, uniquement pour maintenir le haut taux des dividendes et de revenus pour les plus riches…

Pour montrer l’acharnement du pouvoir macroniste, il suffit de regarder sa précipitation à recommencer le « charcutage » de l’assurance-chômage. Après avoir demandé aux partenaires patronaux et syndicaux de se mettre d’accord sur un nouveau recul de l’assurance-chômage, et comme le patronat n’est mandaté que pour faire baisser les conquis sociaux, l’État est obligé de reprendre la main. Et là, il veut aller vite en quelques mois pour la troisième fois en trois ans (2021, 2023, 2024) ! Est en effet en discussion un recul de la durée d’indemnisation, la dégressivité toujours plus rapide des allocations, l’allongement de la durée de travail nécessaire pour pouvoir être suivi par France Travail. Pour engager cette nouvelle contre-réforme, il leur faut une justification idéologique.

Pour le gouvernement, un chômeur est un fainéant qu’il faut aiguillonner pour que nous ayons le plein emploi, quelles qu’en soient les conditions de salaire et de conditions de travail. Et tout cela sera pris par un décret sans débat au Parlement. Encore plus fort que le 49-3, le gouvernement veut diriger la France par décret. Le modèle d’Emmanuel Macron et de Gabriel Attal ne serait-il pas le libertarien d’extrême-droite président actuel de l’Argentine, Javier Milei qui gouverne sans le Parlement en utilisant les décrets d’urgence et de nécessité DNU ? Depuis l’arrivée de Javier Milei, la misère a augmenté pour atteindre aujourd’hui 57% !

QUE DISENT LES ÉTUDES RÉALISÉES SUR LES POLITIQUES DE L’EMPLOI ?

De nombreuses études réalisées en Europe montrent que le propos idéologique de l’extrême centre macroniste est largement erroné(4)Voir : The Effects of Unemployment Insurance Benefits: New Evidence and Interpretation | Annual Reviews, Unemployment Insurance and Job Search Behavior* | The Quarterly Journal of Economics | Oxford Academic ou encore cet article « Do Labor Market Policies Have Displacement effects? Evidence From a Clustered randomized experiment ».. Pour ne prendre qu’un seul exemple, réduire la durée d’allocation d’un mois n’entraîne une reprise d’emploi que quatre jours plus tôt. Ce qui montre bien que les raisons du chômage sont multifactorielles et principalement structurelles. La véritable raison est donc bien de baisser les dépenses sociales pour maintenir artificiellement un haut niveau de dividendes et de revenus pour la grande bourgeoisie aujourd’hui incapable de maintenir un taux de profit sans une politique antisociale violente. Tout le reste n’est que littérature.

Avec à la clé, une forte diminution des salaires y compris pour une part de moins en moins négligeable des catégories moyennes intermédiaires aboutissant à un accroissement de la précarité, de la pauvreté et depuis quelques années d’un déclassement violent des catégories moyennes intermédiaires. De plus, quelques études montrent que l’allongement de la durée d’indemnisation doublé d’un soutien public important en termes de véritable formation (au lieu des formations parking pour faire baisser conjoncturellement le nombre de chômeurs de catégories A, B, ou C)(5)Rappelons que le chômage total est la somme des chômages des catégories A, B, C, D, E et pas seulement de la catégorie A comme voudrait nous le faire croire le gouvernement de l’extrême centre macroniste. Et aujourd’hui ce chiffre est largement supérieur à 6 millions de chômeurs ! permettait de retrouver des emplois de meilleure qualité et mieux rémunérés. Alors quelle est la meilleure action politique humaniste ?

En fait, un gouvernement gauche de gauche devrait avoir une vue holistique du problème du chômage pour actionner tous les vecteurs pour le minimiser au lieu de diminuer les dépenses sociales à court terme uniquement pour les intérêts de la grande bourgeoisie qui voit ses revenus et dividendes croître exponentiellement. L’une des preuves que le gouvernement français ne s’intéresse pas à la lutte contre le chômage c’est qu’il n’attend même pas les études d’évaluations sur les réformes précédentes pour en actionner de nouvelles et il ne se préoccupe pas sérieusement de la formation des conseillers de France travail vu qu’une réforme est à peine appliquée que la suivante arrive ce qui baisse l’efficience du travail desdits conseillers, car contrairement au propos du président de la République, il ne suffit pas « de traverser la rue ».

Baisser les dépenses sociales dans l’unique but de maintenir à court terme des revenus et des dividendes exorbitants pour la grande bourgeoisie sans préparer sur le fond un monde meilleur à moyen terme est une aberration économique et écologique. Nous risquons de le payer très cher à moyen terme lorsqu’Emmanuel Macron ne sera plus président de la République et sera recasé par le bloc bourgeois, pour avoir défendu bec et ongles les intérêts de la grande bourgeoisie, dans une grande banque, dans un fonds d’investissement, ou tout simplement dans un poste de direction ou de présidence de l’Union européenne, structure qui semble vouée, petit à petit, à être dirigée par la funeste union de toutes les droites européennes. Et la gauche de gauche, c’est pour quand ?

Notes de bas de page

Notes de bas de page
1 Voir : Présentation du programme de stabilité 2024-2027 de la Direction générale du Trésor.
2 À force de faire des cadeaux aux entreprises en supprimant petit à petit le salaire socialisé par les cotisations sociales et en ne compensant pas entièrement par la TVA, puis en compensant les exonérations de taxes pour les collectivités locales financées au rabais par une partie de la TVA, l’État n’est aujourd’hui attributaire de la TVA qu’à 46 %.
3 Voir notre précédent article : «  Contre le projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2024 (Plfss 2024) ».
4 Voir : The Effects of Unemployment Insurance Benefits: New Evidence and Interpretation | Annual Reviews, Unemployment Insurance and Job Search Behavior* | The Quarterly Journal of Economics | Oxford Academic ou encore cet article « Do Labor Market Policies Have Displacement effects? Evidence From a Clustered randomized experiment ».
5 Rappelons que le chômage total est la somme des chômages des catégories A, B, C, D, E et pas seulement de la catégorie A comme voudrait nous le faire croire le gouvernement de l’extrême centre macroniste. Et aujourd’hui ce chiffre est largement supérieur à 6 millions de chômeurs !