Cet appel vient à point nommé. Nous sommes entrés dans une période où la vie des plus humbles est de moins en moins protégée : deux morts par jour sur les lieux de travail en France ; forte croissance des inégalités sociales devant la mort… Disons-le tout net : cela relève du mépris de classe. Le cas relaté dans le communiqué qui suit de l’Appel des appels entre dans notre constat sanglant. Ce cas est à la fois unique et symbolique de notre accoutumance aux méfaits du capitalisme dans sa double version néolibérale et ordolibérale. La destruction programmée du système de santé français, naguère l’un des plus protecteurs de la planète, par les néolibéraux de droite et de gauche hier et par l’extrême centre aujourd’hui est patente. L’hôpital public et le secteur psychiatrique deviennent une sorte de 25ème roue du carrosse des nouveaux nihilistes qui « aménagent le néant vectorisé par la puissance » selon le propos de l’historien spécialiste d’histoire contemporaine, Johann Chapoutot.
La privatisation des profits et la socialisation des pertes deviennent l’alpha et l’oméga de la privatisation des services publics, de l’école et de la Sécurité sociale. Et ce sont les plus fragiles qui paient et qui meurent pour l’oligarchie capitaliste, comme le montre le communiqué ci-dessous. Mais il y a encore pire. C’est que cette politique que nous venons de synthétiser va de pair avec le mensonge du gouvernement. Ce dernier a fait voter en fin de l’année dernière une loi de finances avec une prévision d’une croissance de 1,4 % qui ne sera jamais atteinte.
Deux mois plus tard, soit cette semaine, il corrige à 1 % ce qui est encore bien optimiste. D’où sa décision d’effectuer par décret du 21 février 2024 une nouvelle ponction de 10 milliards sur les dépenses publiques qui va donc supprimer principalement plus de 15 000 postes dans trois secteurs (écologie, travail, enseignement et recherche). Alors que rien ne vient diminuer la croissance exponentielle des dividendes financés grâce aux nombreuses dizaines de milliards d’euros de cadeaux que l’extrême centre fait chaque année au grand patronat.
Merci à l’Appel des appels de nous rappeler que nous devons combattre ce gouvernement après avoir lu ce communiqué qui en appelle malheureusement d’autres.
Comité de rédaction de ReSPUBLICA
Ce mardi 13 février 2024, un patient hospitalisé depuis dix jours sur un brancard dans un box de consultation s’est donné la mort aux urgences psychiatriques du CHU de Purpan. Depuis des années, les conditions de travail dans les services d’urgence ne cessent de se dégrader et les risques pour les patients de s’aggraver.
Combien faudra-t-il encore de drames humains et de vies perdues pour rétablir l’intégrité des missions de nos services publics du soin, mais aussi de l’éducation, de la justice, du travail social, de la recherche, de l’information ?
L’affaiblissement du secteur public combiné au renforcement du privé s’accompagne de son lot de malheurs personnels, comme aux urgences, et de drames sociaux comme dans les écoles. Récemment, encore, le ministère de la Santé n’a-t-il pas eu l’idée « géniale » pour dégorger ou plus justement « masquer » les listes d’attente des patients en souffrance psychique d’externaliser leur prise en charge par huit séances pour une guérison « miraculeuse », confiées à des psychologues libéraux ?
Dans le même temps, EDF, entreprise publique, vient de sélectionner Amazon Web Services, la filiale services informatiques du groupe américain, pour lui confier la planification de la maintenance de centrales nucléaires françaises ! N’a-t-on pas déjà chargé le cabinet Mac Kinsey durant la pandémie de Covid-19 de gérer la crise sanitaire ? Faudra-t-il à l’avenir faire gérer les municipalités, les régions et la nation par des multinationales ?
L’administration française se voit de plus en plus dépossédée de ses missions par des Agences diverses et variées pour mettre en œuvre des politiques de dislocation des services publics. Car, il nous faut le dire, haut et fort, ces institutions, de santé, d’éducation, de recherche, de justice, de culture, d’information…, ne sont pas en crise, mais en voie de liquidation. C’est une politique néolibérale volontariste qui a créé les dispositifs dont elle avait besoin pour parvenir à cette révolution conservatrice de régression sociale et qui continue à les développer.
Il est urgent, avant qu’il ne soit trop tard, de rendre aux services publics et à ceux qui sont en première ligne, soignants, enseignants, travailleurs sociaux, personnel de justice…, les moyens d’exercer leurs missions qui n’ont cessé de leur être confisqués depuis déjà au moins trois décennies.
Le bureau de l’appel des appels, le 16 février 2024.