Système de tarification des hôpitaux venu des États-Unis, pays le plus dépensier mais l’un des plus inégalitaires, la tarification à l’activité (T2A) est le cheval de Troie du néolibéralisme dans les hôpitaux. Cette dernière permet la marche vers la privatisation et l’augmentation des taux de profits par la sélection des risques pratiqués, notamment par le secteur privé des cliniques. Cette T2A augmente les inégalités sociales de santé, mais est également inflationniste en termes de dépenses de santé car les hôpitaux doivent multiplier les actes pour survivre même si ces actes ne sont pas nécessaires. On a connu par exemple une période où les césariennes ou les violences obstétricales étaient pratiquées au-delà du raisonnable par les maternités privées.
Eh bien à en croire la nouvelle ministre de la santé dans ses interviews au JDD et sur RTL-LCI, une nouvelle tarification néolibérale va voir le jour à l’hôpital, couplée à de nouvelles politiques austéritaires (elle a déclaré que 30 % des dépenses de l’Assurance-maladie ne sont pas pertinentes !).
À part le fait qu’elle reprenne l’idée positive pour la chirurgie d’un tarif forfaitaire à la pathologie (incluant l’amont et l’aval) ce qui mérite discussion positive si on supprime les dépassements d’honoraires, tout le reste est dramatique pour la santé publique.
Suppression du tiers payant sous la pression lobbyiste des syndicats médicaux réactionnaires
Revenons à la nouvelle idée de la ministre de passer de la T2A à une sorte de T3A (tarification à l’activité et à la qualité) : l’introduction d’un nouveau « bonus qualité » chère à la Fédération française des sociétés d’assurance (FFSA), affiliée au Medef, permet avec la sélection des malades rentables et l’instauration d’une médecine à plusieurs vitesses d’accélérer la privatisation hospitalière. Cette nouvelle usine à gaz va entraîner dans les DIM (services de codage des hôpitaux) la formation des super-codeurs pour mieux tricher et développer encore les primes et bonus pour les médecins par les rémunérations sur objectifs de santé publique (ROSP, dérivées des paiements à la performance anglo-saxonne dits P4P) dont les règles sont très critiquables. Bonus pour les médecins et demain sans doute bonus-malus pour les complémentaires santés !
Si on ajoute à cela, alors que nous manquons de lits d’aval derrière les urgences et les soins de suite et de rééducation (SSR), voire des lits publics pour les personnes âgées dépendantes, voilà la ministre qui veut supprimer des lits dans les hôpitaux !
Au secours !
Là comme ailleurs, nous devons, en plus des luttes sociales, de plus en plus organiser des initiatives d’éducation populaire refondée pour permettre le jugement citoyen raisonné. Car la solution de cette accélération du recul programmé des indicateurs sociaux de santé publique réside dans un surgissement du peuple usager de la santé. Les politiques austéritaires ont diminué l’impact des mobilisations des personnels de la santé (en dehors des lobbies médicaux et assurantiels) et les mobilisations sont souvent uniquement défensives sur les fermetures de services ou de maternités et hôpitaux de proximité. Restent donc les assurés sociaux comme possibilité de mobilisation offensive. En cela, pas d’alternative à une gigantesque campagne d’éducation populaire refondée. Alors, on travaille tous ensemble à cela !