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Alerte : le soutien à l’Etat social baisse !

Depuis la crise de 2007-2008, la pauvreté s’est accrue en France. Le taux de pauvreté monétaire a atteint 14,3 % de la population en 2011. Il est intéressant alors de voir comment l’opinion publique a réagi à cette réalité. La sortie de l’enquête « Conditions de vie et aspirations » du CREDOC (1)Note de synthèse N°11 de R. Bigot, E. Daudey, S. Hoibian, du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (CREDOC) publié en septembre 2014 sous le numéro S4151/2014 avec le titre suivant : « En 2014, le soutien à l’ Etat-Providence vacille »., qui suit les inflexions du corps social chaque année depuis 35 ans, nous fournit la réponse.
Jusqu’à 2009, en cas de crise, l’opinion française progressait en matière de solidarité (2)Régis Bigot et Emilie Daudey, la sensibilité de l’opinion publique à l’évolution de la pauvreté, Document de travail, Série études et recherche, DRESS, n°126, juin 2013.De plus, les Français étaient parmi les plus solidaires d’Europe (3)« Les Français sont parmi les plus solidaires en Europe », Penser l’assistance, rapport thématique du CREDOC pour l’ONPES, mai 2013, p. 58-65..
Mais depuis 2010, l’étude du CREDOC note un « durcissement » inhabituel de l’opinion française.
À la question :  «  Pensez-vous  que si ils le voulaient vraiment, la plupart des chômeurs pourraient retrouver un emploi », l’étude donne 68 % en 2008, 57 % en 2009 et 64 % en 2014 (+ 4  % par rapport à 2013).
A la question : « Estimez-vous  que faire prendre en charge par la collectivité les familles aux ressources insuffisantes leur enlève tout sens des responsabilités (versus leur permet de vivre), l’étude donne 42 % en 2008, 36 % en 2009 et 44 % en 2014 (record depuis 35 ans).
A la question : « Croyez-vous  que les personnes qui vivent dans la pauvreté n’ont pas fait d’effort pour s’en sortir (versus n’ont pas eu de chance), l’étude donne 31 % en 2008, 25 % en 2009 et 37 % en 2014 (soit 12 % de plus qu’en 2009 !).

La remise en cause des politiques sociales devient majoritaire

Après avoir été stable de 1982 jusqu’en 2009, l’étude montre le retournement de l’opinion depuis 2009.
À la question : « Estimez-vous qu’il est parfois plus avantageux de percevoir des minima sociaux que travailler avec un bas salaire » l’étude montre un passage de 73 % en 2008, 75 % en 2009, 67 % en 2013 et 76 % en 2014.
À la question : « Estimez-vous que les pouvoirs publics font trop ou font ce qu’ils doivent pour les plus démunis (versus ne font pas assez pour les plus démunis) », l’étude donne 36 % en 2008, 31 % en 2009, 54 % en 2014-11-04.
À la question : « Considérez-vous que le RSA incite les gens à s’en contenter et ne pas travailler (versus donne un coup de pouce pour s’en sortir), l’étude donne 48 % en 2008, 35 % en 2010 et 53 % en 2014.

La remise en cause de la politique familiale fait un bond en avant considérable

Après avoir été stable de 1982 jusqu’en 2009, l’étude montre le retournement de l’opinion depuis 2009. La proportion des Français qui pensent que « les aides aux familles qui ont des enfants est suffisante » est en très forte croissance : 31 % en 2009, 63 % en 2014.

Baisse de la volonté de la redistribution

A la question : « Pour établir la justice sociale, il faudrait prendre aux riches pour donner aux pauvres », le pourcentage de ceux qui sont d’accord passe de 71 % en 2012 à 55 % en 2014.

Conclusion provisoire

Il apparaît que lorsque la crise dure et que le taux de pauvreté s’accroît fortement (4)Par exemple, pour l’Ile-de-France, le taux de pauvreté est passé de 2011 à 2013 13,5 % à 15,9 % en 2013. pour les enfants à charge de moins de 25 ans, ce taux passe de 20,7 % en 2010 à 22,5 % en 2013., le « chacun pour soi » se développe, à mesure que les plus atteints ne croient plus à la capacité des politiques de tous bords de les protéger. Ainsi, l’abstention de plus en plus massive de la couche populaire ouvrière et employée, majoritaire dans la population (53 %) fait que l’Autre gauche régresse (5)http://www.gaucherepublicaine.org/respublica/25-mai-2014-desastre-des-gauches-en-france-que-faire-%E2%80%8B/81862.
Seule une urgente remise en cause des lignes stratégiques de l’Autre gauche pourra chasser le spectre d’un développement de type des années 30 qui, toutes choses étant inégales par ailleurs, commence de hanter les lieux.

Notes de bas de page[+]

Notes de bas de page
1 Note de synthèse N°11 de R. Bigot, E. Daudey, S. Hoibian, du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (CREDOC) publié en septembre 2014 sous le numéro S4151/2014 avec le titre suivant : « En 2014, le soutien à l’ Etat-Providence vacille ».
2 Régis Bigot et Emilie Daudey, la sensibilité de l’opinion publique à l’évolution de la pauvreté, Document de travail, Série études et recherche, DRESS, n°126, juin 2013
3 « Les Français sont parmi les plus solidaires en Europe », Penser l’assistance, rapport thématique du CREDOC pour l’ONPES, mai 2013, p. 58-65.
4 Par exemple, pour l’Ile-de-France, le taux de pauvreté est passé de 2011 à 2013 13,5 % à 15,9 % en 2013. pour les enfants à charge de moins de 25 ans, ce taux passe de 20,7 % en 2010 à 22,5 % en 2013.
5 http://www.gaucherepublicaine.org/respublica/25-mai-2014-desastre-des-gauches-en-france-que-faire-%E2%80%8B/81862
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