Radouane Bouhlal est prompt à dénoncer le racisme dissimulé, selon lui, derrière toute contestation de toute revendication à caractère islamique. Faut-il en conclure que le président du MRAX est, comme il aime à le laisser entendre, particulièrement sensible à toute forme de discrimination, de préjugé ou de « stigmatisation » ? Un récent communiqué de presse émanant des travailleurs du MRAX réunis en front commun et de leurs délégués syndicaux, intitulé « AU SECOURS ! : Despotisme, autocratie, zone de non droits ! Voilà ce qu’est devenu le MRAX ! » jette un autre éclairage sur un président de plus en plus controversé.
Le premier point de ce texte, en particulier, devrait interpeler tout militant antiraciste. Il y est fait état de l’attitude de Radouane Bouhlal envers les sans papiers. On y apprend que : « Alors que le service social et juridique du MRAX s’active pour répondre aux nombreuses demandes dans le cadre de la campagne de régularisation actuelle, le Président, Radouane Bouhlal, exige des travailleurs du MRAX de demander aux “sans papiers” une participation financière par le biais d’une inscription pour devenir membres de l’association, et utilise pour cela l’argument suivant : “ils parviennent à se payer un mariage blanc à 14.000 euros ou à donner autant à un avocat, ils pourraient nous donner quelque chose à nous aussi”. Il s’agit bel et bien d’une conception scandaleuse du travail social du MRAX mais surtout d’un mépris profond pour tous ses usagers qui pour la majorité sont sans ressources financières. »
Ainsi donc, Radouane Bouhlal, qui n’hésite pas à clamer son indignation face à la stigmatisation insupportable dont seraient victimes les musulmans de Belgique lorsqu’on a le toupet de dénoncer, avec force précautions oratoires, l’extrémisme d’une minorité agissante d’entre eux, se permet quant à lui de tenir des propos dont on peut sérieusement se demander s’ils ne tombent pas sous le coup des missions du MRAX lui-même, censé lutter contre toutes les discriminations.
Je ne vois pas, en effet, en quoi prétendre que « les » sans papiers parviennent à se payer un mariage blanc ou un avocat onéreux est plus acceptable que de déclarer que « les » Arabes ont de quoi se payer une grosse bagnole tout en émargeant au chômage. Or, dire cela, ce serait à coup sûr, et à bon droit, s’attirer un procès infraction aux lois antiracistes. Le problème étant que le président du MRAX ne semble pas s’appliquer à lui-même les préceptes qu’il entend faire respecter par les autres avec la belle intransigeance qui le caractérise.
Ce qui est réconfortant, finalement, c’est de constater que le combat antiraciste tel qu’il est pratiqué par le MRAX ne convainc plus grand monde. A force de recourir à une police de la pensée rendant suspect tout discours laïque, et de pratiquer parallèlement un deux poids deux mesures systématique, Radouane Bouhlal contribue grandement à décrédibiliser l’association qu’il préside. Une association dont ont successivement démissionné France Blanmailland, Michel Staszewski, François De Smet et Abdullah Mohammad « en dénonçant la dérive antidémocratique du CA par la manipulation des débats et la confiscation du pouvoir par quelques administrateurs entourant le Président. ».
Rappelons par ailleurs que le 15 février 2008, Anne Morelli démissionnait également du conseil d’administration du MRAX, expliquant dans sa lettre que « Je vous avoue, que je me sens de plus en plus détachée de ce Mouvement auquel j’ai tant donné, car je ne me sens plus concernée par ses prises de position communautaristes, sa défense systématique de la religion musulmane et ses exagérations continuelles sur une soi-disant “islamophobie” menaçante. (…) Le Mrax apparaît à l’extérieur comme un groupement d’autodéfense utilisé par des musulmans avec quelques hommes liges extérieurs ».
Il n’en reste pas moins que le combat antiraciste méritait mieux que ce naufrage pathétique. Car le racisme, le vrai, ça existe encore.