N’en déplaise à Evariste (éditorial du N° 617 du 15 juin), la « bonne tenue » du Front de gauche est plus que relative, et, à moins de prendre ses désirs pour des faits, saluer sa réussite relève du déni de réalité. Avec 6% des suffrages exprimés (soit 2,3% des inscrits), l’alliance électorale du PG et du PCF dépasse à peine le score du seul PCF en 2004, ce qui est une aubaine pour le PCF, mais un échec pour le PG, qui prend une part infinitésimale des voix perdues par le PS.Certes, la stratégie de Front de Gauche aurait pu être « la seule crédible aujourd’hui pour la gauche internationaliste, laïque et républicaine » si elle avait été mise en œuvre avec cohérence. Il aurait fallu ne pas confondre l’internationalisme avec un fédéralisme européen massivement rejeté par le peuple. Il aurait fallu rassembler réellement les différents courants de la gauche républicaine au lieu de les écarter comme ce fut fait avec les amis de Jean-Pierre Chevènement. Le triste résultat est là : un million de voix pour le front de gauche, c’est 500 000 de moins que JPC au premier tour de la Présidentielle de 2002.
Cette occasion perdue ne repassera pas de sitôt. En effet, la séquence qui suit (les régionales de 2010) est redoutable pour la gauche qui, détenant aujourd’hui la quasi-totalité des régions, va forcément en perdre au moins une ou deux, ce qui suffira pour que la droite pavoise à nouveau.
Dommage. L’intuition du Parti de Gauche était plutôt une bonne idée et il compte en son sein plusieurs personnalités intéressantes, comme Jacques Généreux, auteur il y a deux ans de l’excellent livre « La dissociété ».
Bien sûr, la résistance sociale est nécessaire face aux mauvais coups que l’absence d’alternative politique facilite. Mais il ne sert à rien d’invoquer un improbable « Mouvement Social », comme d’autres invoquent l’Immaculée Conception. L’espoir, condition de tout, ne pourra renaître qu’en recherchant le rassemblement de l’ensemble de la gauche sur un projet républicain, dans un nouveau front populaire dépassant les attaches partisanes.
On commence quand ?