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Arrêter Fessenheim, une décision vertueuse

Rejoignant certains employés CGT de la centrale nucléaire de Fessenheim dans un combat d’arrière-garde contre nature (politique), les trois députés de droite du Haut- et Bas-Rhin qui ont demandé ce mercredi 27 février 2013 au délégué interministériel Francis Rol-Tanguy de ne pas fermer la centrale n’hésitent pas à employer des arguments incongrus et grandiloquents pour satisfaire les besoins de leur position idéologique.
N’ayant apparemment rien appris des dernières catastrophes nucléaires ni des différents rapports des autorités de sûreté sur l’état du parc nucléaire français vieillissant ou de la Cour de Comptes sur le coût de la poursuite du programme nucléaire en France, les trois parlementaires agitent les chiffons (rouges ?) habituels : chantage à l’emploi, chantage à l’économie de la région (voire de la France tout entière !), manque à gagner pour les collectivités locales, etc., comme si le maintien de vieilles activités industrielles obsolètes et dangereuses était un choix d’avenir pour l’économie de notre pays au XXIe siècle.
Comme s’ils percevaient eux-même la désuétude de ces arguments éculés, ils n’hésitent pas à prendre des accents catastrophistes pour convoquer les cataclysmes à venir : pénurie de courant électrique pour les grandes usines consommatrices d’électricité installées le long du Rhin ; menace de départ de certaines d’entre elles… jusqu’aux perturbations des chemins de fer locaux dont les trains ne pourraient plus rouler suffisamment vite !
Quand on sait que l’essentiel de la production de la centrale nucléaire de Fessenheim est exporté vers la Suisse et l’Allemagne et que les 12 centrales hydroélectriques du Rhin installées dans la plaine d’Alsace couvrent déjà à elle-seules les 2/3 de la consommation de toute la région ; que l’arrêt de la centrale pendant des mois n’obère pas plus l’économie locale que l’arrêt des 8 réacteurs nucléaires allemands n’a posé de problèmes ni à l’approvisionnement énergétique ni à la politique de réduction des gaz à effet de serre de l’Allemagne en 2012, on ne peut que constater la faiblesse de tels pronostics alarmistes !
Affirmer de plus que  « nos centrales nucléaires sont faites pour fonctionner pendant 60 ans, nous n’en sommes qu’à la moitié » relève de l’irresponsabilité et de l’imposture : dès 1980 les micro-fissures dans le beurrage inox des viroles et des cuves puis des couvercles des réacteurs PWR français avaient été mises au jour : elles n’ont jamais cessé d’exister, même après les tentatives de soudure in situ, au point que l’autorité de sûreté nucléaire demande depuis des années le remplacement de tous les couvercles des réacteurs, ce qu’EDF a toujours refusé de financer. Quant à la corrosion des générateurs de vapeur, des pompes, des grappes de contrôle et des circuits, l’activation progressive de l’acier du circuit primaire sous l’effet des rayonnements, ils sont les facteurs essentiels qui limitent la durée de vie raisonnable des réacteurs à 30 ans. Faire croire à la population que cette durée de vie pourrait être doublée est une farce tragique indigne de représentants du peuple : non seulement cette affirmation ne repose sur aucune base scientifique sérieuse, mais elle est même contraire à l’évidence scientifique et à toutes les études mondiales menées sur la fragilisation des aciers sous rayonnements radiologiques et changements de régime thermique répétés.
Il apparaît très clairement, au vu de l’expérience récente de l’Allemagne, du Japon, et de la politique énergétique rationnelle et maîtrisée de certains pays comme le Danemark pour éliminer le nucléaire de leur « mix » énergétique en appuyant la sobriété et l’efficacité énergétique généralisées sur le développement intensif des énergies renouvelables, que la fermeture inconditionnelle et immédiate de la centrale nucléaire de Fessenheim est une mesure vertueuse que doit prendre notre pays au plus vite :

Il faut fermer Fessenheim dès maintenant pour amorcer la transition énergétique vers une structure énergétique soutenable, nécessaire pour faire face à l’urgence climatique et énergétique.

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