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« Ben Laden dévoilé » à lire d’urgence pour se remettre les idées à l’endroit !

C’est avec impatience que je désirais avoir entre les mains la bande-dessinées « Ben Laden dévoilée » de Mohamed Sifaoui.
Fan de BD depuis ma tendre enfance à Angoulême, j’aurais plaisir à découvrir un album qui,  je n’en doutais pas, sortirait de l’affreuse tendance Manga-esoterico-fantasy qui domine l’édition depuis quelques temps.

J’avais vu circuler sur le net la première page de l’album et je m’attendais à quelque chose comme la « Face Karchée de Sarkozy » de Riss et Cohen.
Mon imagination fulmina lorsque je lus sur Marianne2 une critique acerbe de l’album, écrite par Jean-Pierre Filliu.
Filliu prétendait que « Ben Laden dévoilé » était plus un pétard mouillé qu’un attentat contre Al Qaida comme le prétendait sa couverture.
L’estocade consistait surtout à critiquer la validité historique constituant le scénario.

La lecture de cette tribune suscita en moi des interrogations fugaces et amusées.  L’ami Mohamed nous aurait-il refait le coup des chinois ?
Serait-il stipendié par un gouvernement désireux de protéger l’image de Ben Laden et qui l’aurait donc poussé à écrire de grosses erreurs sur la vie du terroriste ?

L’album pris en mains, on remarque que le dessin de Bercovici se prête moins à la caricature que celui de Riss. Le trait est fin et l’album surprend par son nombre de pages. L’aspect et les couleurs sont une réussite à mettre au crédit du dessinateur et de la maison d’édition 12BIS.

Avant de lire la BD, j’écoutai la tribune radiodiffusée de Caroline Fourest qui rappelait que le travail de Mohamed Sifaoui suscitait parfois les critiques et souvent de violentes attaques, mais qu’il rétablissait toujours la vérité. La dernière en date était son procès gagné contre un maffieux chinois qui, cela dit en passant, mériterait lui aussi une BD humoristique.

L’album « Ben Laden dévoilé » est rempli d’humour.
C’est avec un Ben Laden démystifié que nous avons affaire. Beaucoup moins soucieux des vierges du paradis des martyrs du Jihad que des plaisirs terrestres immédiats, le chef d’Al Qaïda y est par exemple présenté avec un très important attrait pour la gente féminine, usant même de sa condition de jihadiste pour augmenter ses conquêtes féminines. C’est parce que très con que Ben laden est devenu méchant !

Il est vraiment de lire ici ou là des commentateurs déçus d’avoir vu dans la BD un Ben Laden à figure humaine. On a l’impression que trop de journalistes s’étaient habitués à la figure du croquemitaine.

Mohamed a eu la volonté d’ humaniser Oussama Ben Laden, c’est plutôt un bien. Pourquoi ? Parce que l’on a souvent tendance à en faire une sorte de monstre, de bête immonde… On entend souvent l’expression « fous d’Allah ». Le fou, on le déresponsabilise, il n’est pas responsable de ses actes. Non, Oussama Ben Laden n’est pas fou , c’est un criminel , un terroriste.
Des légions de conspirationnistes paranoïaques voulaient minimiser le rôle de Ben Laden dans plusieurs décennies d’attentats ayant touché des civils, et prétendaient aussi en faire un agent de la CIA ou une poupée aux mains d’un hypothétique complot.

« Ben Laden dévoilé » décrit comment un simple fils de riche délaissé par son papa dérive vers l’intégrisme afin de se tailler une place dans la vie que sa famille ne lui aurait pas donné. On sait aujourd’hui que nombre de grands criminels de masse, dictateurs et autres gourous furent souvent des pauvres types maltraités, mal barrés dans la vie.
Un mal barré dans la vie un peu con, ça peut devenir terroriste ou conspirationniste.

La figure de Thierry Meyssan prend dans l’album un sacré coup. Comme l’expliqua Mohamed Sifaoui dans une interview : « […] Ben Laden a commis un attentat contre les deux tours et contre le Pentagone et ensuite, Thierry Meyssan a commis un attentat contre la vérité. Il est l’illustration d’une alliance « rouge-brune-verte » qui a commencé à s’opérer depuis quelques années. Une alliance entre l’extrême-gauche, l’extrême droite et les Islamistes autour de ce que j’appelle aujourd’hui « l’anti-sémi-sionisme », un antisémitisme qui se drape sous la Burqa et qui devient un anti-sionisme, et un anti-américanisme de l’extrême droite, française entre autres, qui entretient aussi un racisme particulier qui consiste à attribuer aux Arabes et aux Musulmans un archaïsme naturel, un sous-développement congénital qui ne les prédestine pas à autre chose qu’à l’intégrisme ; qui fait que donc, ils ne peuvent qu’ être « comme cela ». D’où le soutien de Jean-Marie Le Pen à l’Iran.

D’un autre côté, on a des extrémistes qui ont trouvé dans certaines chapelles de l’extrême gauche des porte-voix, des « alliances objectives » comme on disait naguère dans ces groupuscules, où l’un pense utiliser l’autre à son profit. En réalité, de tout cela, ce sont les islamistes qui sortent gagnants car ce sont eux qui ont la plus grande capacité de mobilisation et de nuisance. L’extrême gauche, à côté d’eux, ce sont des petits joueurs. Que sont-ils capables de faire ? Ils sont contents de soutenir ce qu’ils ne peuvent plus faire : des actions criminelles… »

L’album s’arrête aussi sur l’impuissance des pays occidentaux à prévenir les attentats et Mohamed Sifaoui de déclarer que :  » par rapport à l’administration américaine, il y a aussi une réalité qui pose question : que sait-on de cette administration, de cette hyper-puissance, si ce n’est que ce qui a été forgé dans notre esprit par Hollywood et les feuilletons télé ? La bande dessinée, les comics, le cinéma américain nous ont appris que chaque fois qu’il y avait un méchant qui menaçait les États-Unis, qui pouvait être incarné par un Alien venu d’un autre monde, un Soviétique ou un méchant terroriste, il y avait toujours un Superman, un Batman, un super-héros qui venait sauver le monde à la dernière minute.

Je crois profondément que les idées conspirationnistes ont pu naître parce que beaucoup de gens n’ont pas pu accepter que l’hyper-puissance américaine soit mise en échec par dix-neuf terroristes munis de simples cutters, et un « arsenal » de quatre avions qui vont mettre à mal la première puissance mondiale. Cela a bouleversé énormément de personnes.

Mais en réalité, que sait-on de l’hyper-puissance américaine ? Rien. Les États-Unis sont-ils vraiment capables de tout ce que nous raconte Hollywood ? Non, on a vu qu’au Vietnam, en Irak récemment, ils avaient des difficultés à s’imposer sur le terrain, y compris militairement. Il y a une grande technicité, une forte technologie, mais je pense qu’on exagère la puissance américaine et l’intelligence des dirigeants américains… »

Bref, « Ben Laden dévoilé » est à lire d’urgence pour se remettre les idées à l’endroit.
Je ne saurais conclure ce petit texte, destiné à inciter les lecteurs de ReSPUBLICA à se précipiter sur l’ouvrage, sans remercier publiquement Mohamed Sifaoui sur les quelques instants d’immense bonheur qu’ont su me procurer quelques vignettes.
La BD se déroulant en partie en 2016, on y voit un président de la République française qui ne ressemble pas à l’actuel locataire de l’Elysées.
Raison de plus pour lire « Ben Laden dévoilé » (1) par Mohamed Sifaoui et Philippe Bercovici. L’album sort le 11 septembre 2009, aux Editions 12bis. .

Notes de bas de page[+]

Notes de bas de page
1 par Mohamed Sifaoui et Philippe Bercovici. L’album sort le 11 septembre 2009, aux Editions 12bis.
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