Il est une confusion que l’on retrouve parfois dans la mouvance de gauche en France, notamment chez certains universitaires et intellectuels -la plupart- inféodés aux intégristes musulmans, et qui accolent parfois l’épithète « nationaliste » aux islamistes palestiniens et libanais. Ce n’est pas innocemment qu’ils le font. Car ils connaissent la consonance sacrée que cela suscite chez les militants et les citoyens issus du Tiers-monde.
En effet, contrairement à l’Europe où le nationalisme a été synonyme de chauvinisme national ou ethnique, et dont la forme extrême a été le nazisme, le nationalisme dans les ex-colonies a très souvent été un nationalisme émancipateur.
Aussi, un combat national ne fait pas forcément de l’organisation qui le mène une organisation nationaliste. National et nationaliste sont par conséquent deux notions différentes. La première a trait à la nature de la lutte que mène une organisation politique donnée, à une période historique donnée de son pays.
Le Parti communiste vietnamien, qui fut l’initiateur et le dirigeant du Mouvement de libération nationale dans son pays, n’est pourtant pas nationaliste, mais internationaliste. Il en est de même de la participation du Parti communiste algérien à la guerre d’indépendance de l’Algérie. Le combat que mène actuellement le Hamas, le Djihad islamique et le Hezbollah est bien national. Mais cela ne fait pas d’eux des partis nationalistes, car leur projet de société postcolonial est théocratique et nettement en faveur des bourgeoisies musulmanes.
En revanche, le Fatah ou le Front de libération nationale algérien sont des partis nationalistes, car leurs projets respectifs sont ou ont été de nature nationale et démocratique ; et donc sans caractères de classes prononcés.
La nature des tâches fixées dans ces programmes vont (grosso modo) dans le sens des intérêts de la nation tout entière, et non à ceux d’une classe particulière. Leur objectif central vise ou a visé d’abord à consolider l’indépendance politique par une indépendance économique. Il s’agit ou s’agissait de rompre les liens de dépendance d’avec le système capitaliste international. Une lutte qui englobe un large spectre de classes et couches sociales, ainsi que des forces politiques qui les représentent. C’est ce que l’on nomme lutte anti-impérialiste.
Bien que cette volonté de rupture plus ou moins radicale n’anima pas une minorité d’anciennes colonies ou semi-colonies (ou protectorats) telles que le Maroc, la Tunisie, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, etc., cette volonté n’existe pas moins à des degrés beaucoup moindre. Et pour cause, l’indépendance fit faire à ces pays en quelques décennies seulement des bonds en avant dans nombre de domaines, que des siècles ou des générations de colonialisme furent incapable de réaliser.
Combat international et combat internationaliste
Il existe là aussi la même confusion et pour les mêmes raisons évoquées plus haut, et qu’il est bon de lever. Un combat international n’est pas forcément un combat internationaliste. C’est le cas des islamistes et de la montée en puissance tout aussi dangereuse en Europe des partis populistes, qui ne sont rien d’autres qu’une variante, à peine édulcorée de l’extrême droite.
De même qu’un combat internationaliste n’implique pas qu’il ait des ramifications internationales.
Ainsi, un combat international renvoie à l’amplitude géographique de ce combat, tandis qu’un combat internationaliste est relatif à l’idéologie du prolétariat, qui est le communisme, plus précisément à la solidarité internationale prolétarienne, dite souvent internationalisme prolétarien.