Ce 22 juin a lieu le premier discours de Nicolas Sarkozy devant l’ensemble des parlementaires français convoqués à Versailles. Il aura fallu, pour rendre un tel discours possible, modifier la Constitution. S’il est évident pour toute la gauche que cet aspect de la réforme constitutionnelle est inique, sa contestation pouvait prendre, aujourd’hui, plusieurs formes : la forme d’une contestation politique en répondant lors des débats ; la forme d’une contestation symbolique en boycottant le discours du Président de la République. Il est consternant de constater que les parlementaires socialistes, refusant ces deux options, en ont choisi une troisième, qui est particulièrement inepte. Ils ont sorti de leur chapeau un de ces consensus mous dont ils ont le secret : ils écouteront le discours du Président mais quitteront l’hémicycle lors du débat qui suivra.
Il est vrai que les dés sont pipés : Nicolas Sarkozy va quitter le congrès juste après son discours, ce qui est un habile moyent de fuir un débat qui est par ailleurs très encadrée : le temps de parole de chaque groupe politique est en effet réduit à la portion la plus congrue, à savoir dix minutes. Dans un tel contexte, on peut se demander pourquoi les parlementaires socialistes ont fait le choix de participer à cette mascarade, tout en refusant de faire entendre leurs arguments. Quitte à cautionner ce système, autant utiliser le peu d’espace qu’il laissait à un discours alternatif. Et surtout, pourquoi ne pas en tirer les conséquences et suivre la voie choisie par les parlementaires des groupes “CRC-PG” (PCF et Parti de Gauche) et “Vert“, qui ont choisi de ne pas se rendre à Versailles ?
Le boycott de l’ensemble de la gauche aurait pourtant permis d’envoyer un signal fort au peuple français : quelle image que celle d’un Nicolas Sarkozy s’adressant à Versailles à ses seules troupes ! Une telle image aurait pourtant révélé la vérité du pouvoir de Nicolas Sarkozy, qui ne préside pas dans l’intérêt de tous les français mais seulemement pour le bénéfice du camp dont il est issu.