Neuf dirigeants d’ATTAC ont décidé de faire une tribune dans Médiapart pour fustiger la montée du concept de « démondialisation » en lui opposant celui d’altermondialisme. Il est à noter que ces camarades sont des altermondialistes ouvertement communautaristes (hostile au principe de laïcité) et antirépublicains (ils ont une haine maximale pour l’État-nation (1)qui est pourtant aujourd’hui, et malgré les reculs organisés par la globalisation néolibérale, le niveau le plus élargi de la démocratie bien qu’insatisfaisante et aussi le niveau des protections sociales les moins mauvaises bien encore qu’insatisfaisantes) . Toute l’histoire d’ATTAC montre d’ailleurs que ce clivage était le clivage structurant d’abord dans le développement d’ATTAC, mais ensuite de son affaiblissement (2)nombre d’adhérents divisé par presque 3 quand le courant représenté ici par les « 9 alters » de Médiapart a abandonné la stratégie à front large de la gauche antilibérale. En fait, ils récidivent en oubliant la nécessaire stratégie à front large de la gauche antilibérale qui veut que l’on réserve ses principales critiques aux ennemis du peuple : ils sont en fait atteints de la maladie infantile de la gauche qui veut que l’ennemi numéro 1 soit celui qui est le plus proche et non l’adversaire de classe.
Alors bien sûr, devant un tel texte, la réponse des intellectuels de la « démondialisation » a été vive, rapide, mais très argumentée. Vous lirez ci-après le texte des neuf dirigeants d’ATTAC qui ne semblent pas d’ailleurs avoir été mandatés par leur organisation pour avoir ce type de positionnement.
Puis les textes en réponse de deux intellectuels de la démondialisation, Frédéric Lordon et de Jacques Sapir.
Devant une argumentation de nos deux « démondialisateurs » que nous apprécions à leur juste valeur, nos neuf « alters » s’empêtrent, car ils n’ont jamais été clairs sur l’alternative au libre-échange et refusent tout protectionnisme. Pour beaucoup d’entre eux, ils restent libre-échangistes et comme cela est dit dans le texte paru dans Médiapart le salut ne peut venir que du tsunami des mouvements sociaux.
En fait, là où la gauche républicaine de transformation sociale a une longueur d’avance, c’est qu’elle estime, elle, qu’il faut marcher sur ses deux jambes : l’action des institutions nationales liée à une société mobilisée. L’un sans l’autre n’a pas d’avenir.
Seul l’un des neuf « alters », Jean-Marie Harribey dans une énième réponse s’offre une sortie avec cette phrase : « Je me suis prononcé clairement en faveur de protections sélectives à la suite de discussions-concertations-négociations avec les partenaires commerciaux. Rien ne peut être exclu comme résultat de coopérations pour parvenir à des échanges plus équitables. Mais mon point de vue est que cela ne peut être considéré comme un préalable unilatéral. »
Quel idéalisme que de tout subordonner à des discussions qui peuvent durer toute une vie ! Il oublie que la transformation sociale ne se fera pas dans la volupté heureuse et se fera en crise profonde durant laquelle les discussions si elles sont nécessaires et souhaitables ne pourront pas durer autant que les impôts ! Nous laissons nos neuf alters, déposer des cierges dans les églises pour que le tsunami des mouvements sociaux arrive avant l’effondrement de l’euro.
Malheureusement, l’inverse est plus probable et donc la discussion au coin du feu sera difficile.
Je terminerais en disant que le préalable à l’altermondialisme, c’est la démondialisation et les partenariats qui suivront. Ou dit autrement, la démondialisation précèdera les partenariats nouveaux et l’altermondialisme qui restera l’objectif ultime. Mais prôner la phase ultérieure sans passer par les phases préliminaires, c’est soit de l’idéalisme béat soit vouloir refaire les mêmes erreurs, toutes choses étant inégales par ailleurs, que celles commises par Lénine début 1918 quand il a voulu bruler les étapes.
Mais cela est sans doute une autre histoire…
Avant de vous abandonner à la lecture des 3 articles (les « 9 alters », Frédéric Lordon et Jacques Sapir), nous vous prions de noter les bons livres pour l’été !
Il s’agit de celui de Jacques Sapir, La Démondialisation (Seuil, Paris, 2011, 259 pages, 19,50 euros) et de celui d’Arnaud Montebourg, Votez pour la démondialisation (Flammarion, Paris, 2011, 87 pages, 2 euros, préface d’Emmanuel Todd).
Notes de bas de page
↑1 | qui est pourtant aujourd’hui, et malgré les reculs organisés par la globalisation néolibérale, le niveau le plus élargi de la démocratie bien qu’insatisfaisante et aussi le niveau des protections sociales les moins mauvaises bien encore qu’insatisfaisantes) |
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↑2 | nombre d’adhérents divisé par presque 3 |