« De la nation et de sa prise en charge et de sa déprise, d’une révolution l’autre », par Bernard Peloille

Bernard Peloille signe là un livre (1)chez Inclinaison, 20 rue du Dr Blanchard 30700 Uzès ou www.inclinaison.fr qui intéressera tous ceux qui veulent connaître les soubassements théoriques de l’utilisation du concept de nation dans une théorie marxiste, c’est-à-dire en articulation avec celui des classes sociales. Le premier grand intérêt du livre est l’étude diachronique du concept de nation. D’abord une très belle étude de la pensée bourgeoise de Necker et de Quinet qui accompagnera les débuts du capitalisme. Beaucoup de citoyens éclairés verront alors la puissance de la pensée de ces deux personnages et alors ils comprendront que mieux les événements révolutionnaires de cette période et notamment les décisions bourgeoises prises dès le déclenchement de la grande révolution française. La classe bourgeoise était prête à prendre le pouvoir grâce à sa victoire d’une nouvelle hégémonie culturelle. Puis, l’étude de la clôture renanienne pensée comme épuisement de la pensée de la nation qui ne manquera pas d’intéresser le lecteur car il s’agit là d’une sortie de cet auteur hors des représentations iconiques qui sont des empêchements à comprendre sa pensée réelle. Puis de l’empêchement bauerien qui en dit long sur cette impasse qui a pollué le marxisme lui-même. Vient ensuite la dislocation proudhonienne où l’auteur montre qu’in fine, sa théorie répond aux aspirations de la petite bourgeoisie contre les classes laborieuses. Viennent ensuite les critiques sur trois auteurs qui se placent sur le terrain des classes laborieuses, Blanqui, Lénine et Staline. L’auteur se borne à une critique sur leur conception du concept de nation. Le lecteur verra que Blanqui n’est pas seulement un activiste mais participe grandement à l’évolution de la pensée sur ce concept. Puis ils verront l’application d’une critique marxiste aux conceptions des deux penseurs soviétiques. Cette critique semble indispensable à tous ceux qui veulent comprendre les liens charnels entre le socialisme et la nation et qui estiment qu’il faut apprendre de l’histoire pour ne pas « mimer » les hommes du passé. Mais l’auteur développe aussi une critique classiste intéressante de tous ceux qui se sont opposés à la Nation. Jusqu’à montrer en quoi le pétainisme fut une rétrogression historique générale contre la Nation.

Bien sûr, après la lecture de ce livre, le lecteur sentira le besoin d’une analyse actuelle d’une part pour ne pas refaire les mêmes erreurs que nos prédécesseurs mais aussi pour repenser le lien entre les classes sociales et la nation. D’ailleurs, ce lien aurait pu être de notre point de vue le titre de l’ouvrage. Car l’enjeu de la réflexion aujourd’hui n’est-il pas de penser comment le prolétariat peut se constituer en « classe nationale », ce qui n’est pas le cas aujourd’hui où nous écrivons cette recension. Nous ne résistons pas à reproduire le dernier paragraphe de ce livre : « Une classe qui se soumet au seul jeu des ses intérêts particuliers, à l’intérieur et à l’extérieur de la nation, ne peut devenir, être, demeurer, réellement « classe nationale », elle exprime par là qu’elle n’est, plus ou moins activement selon les circonstances, qu’antinationale. »
Voilà un bel objet de débat pour une éventuelle révolution citoyenne ! Il conviendra que le Réseau Education Populaire (REP) puisse répondre alors aux demandes sociales et politiques qui pourront advenir demain sur ce thème, espérons-le, par la compréhension des conditions nécessaires à la transformation sociale et politique.

 

Notes de bas de page

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1 chez Inclinaison, 20 rue du Dr Blanchard 30700 Uzès ou www.inclinaison.fr