En référence au récent texte de Pierre Mascomère , un lecteur nous transmet ces réactions de « deux camarades, tous deux économistes », jugeant les chiffres contestables.
a) Cet article comporte une très grossière erreur, qui provient du tableau lui-même. Il est écrit que « Par contre une ligne du tableau attire l’attention : les dividendes distribués.
Ils représentaient 5 % de la VA en 1981, ils en représentent 24,9 % en 2008 et 22,4 % en 2012. Les entreprises versent 5 fois plus de dividendes qu’elles n’en versaient dans les années 80 alors même que la part du travail a largement baissé.
Je n’ai trouvé ces chiffres nul part ailleurs. Mais surtout, cela signifierait qu’un quart de la valeur ajoutée créee par les entreprises servirait à rémunérer les propriétaires du capital, ce qui ne s’est jamais vu nul part! En fait, c’est environ un quart du profit qui est utilisé à cette fin. Les salaires absorbent environ les deux tiers de la valeur ajoutée, le profit un tiers. Ce profit sert à rembourser les intérêts des emprunts, à payer des impots, à épargner pour financer des investissements ultérieurs… et à rémunérer les actionnaires.
b) Je pense qu’il s’agit d’une faute de frappe (pour être indulgent) et que l’auteur voulait dire 24,9 % de l’excédent brut d’exploitation ( la part du profit dans la Valeur ajoutée) car ça correspond au vrai chiffre. C’est donc 24,9% de 28,4% de la valeur ajoutée soit environ 7% de la valeur ajoutée qui va aujourd’hui dans les dividendes. Le rapport Cotis montrait bien que la part des dividendes dans l’excédent brut d’exploitation avait augmenté alors même que la part de l’EBE dans la valeur ajoutée elle est plutôt stable (il y a eu des fluctuations mais en moyenne et quel que soit le mode de calcul on ne peut pas dire que la part des salaires a baisse de 10 points car on ne trouve ce chiffre qu’en comparant le taux historiquement le plus élevé au taux historiquement le plus faible c’est une méthodologie discutable !)
Réponse de l’auteur, Pierre Mascomère
a) Le tableau est composé d’un tableau de l’Insee, Comptes des sociétés non financières ( S11) comptes non financiers : 7-101 pris sur le site de l’Insee et de ratios calculés sur ce tableau. Ces ratios ont été présenté par la note économique de la CGT N° 139 que j’ai en partie reprise.
Sauf pour l’année 2011, où la Valeur Ajoutée est 1006,5 et non de 106,5 je ne vois pas de faute de frappe.
b) Je suis d’accord sur le fait que la valeur économique de ces ratios est, pour le moins, sujette à caution. Mais il s’agit d’un excellent moyen -selon moi- de montrer la formidable progression des dividendes -progression que les médias se refusent à indiquer-
Pour contrer le discours libéral sur le coût du travail, il faut montrer le coût croissant du capital. Il faut pouvoir rompre le leitmotiv des « profits d’aujourd’hui qui sont les investissements de demain et les emplois d’après demain » : c’est faux, et on peut le montrer, notamment par ce tableau. Les libéraux prennent comme démonstration que « ce que les patrons préfèrent est bon pour l’économie donc pour l’emploi » Ce qui n’est en rien une démonstration. Ce qui est bon pour le seigneur est bon pour les serfs, etc.
c) Il n’y a pas la mention de 10 points d’écart sur la diminution de la part des salaires dans la valeur ajoutée…
J’ai parlé de « 9 » en disant explicitement entre 1981 et 1989 la part des salaires a baissé de 9 points. Je n’ai pas dit : « la part des salaires a baissé de 9 points…..Alors que justement le rapport Cotis dit « la part des salaires dans la VA n’a pas bougé » (Salaires Valeur Ajoutée graph Rapt Cotis). Ce qui est absolument vrai depuis 1995 par exemple, mais absolument faux depuis 1950. Or dire sans précision : le partage de la VA n’a pas changé » est non seulement faux mais tout à fait volontairement trompeur. Oui, le salaire a perdu de 7 à 8 points dans le partage de la Valeur Ajoutée depuis les années 55 et cela représentent beaucoup….Quand je fais un exposé (sur les retraites en fait) je dis toujours entre 7 et 8 points de baisse depuis les années 50. Dans le texte présent il est souligné l’amplitude de la baisse entre deux dates comme il est souligné l’amplitude de la hausse des dividendes versés entre deux dates. Jean Peyrelevade a explicitement écrit que la part des salaires dans la VA avait augmenté – il prenait 1989 comme point de départ…).
d) Depuis l’écriture de mon texte, j’ai trouvé sur le blog de Ch. Chavagneux d’Alternatives économiques une présentation que je préfère (ChavagnCoutK-1(1)) et qui me semble bien meilleure
e) Un rappel sur l’actualité avec des chiffres incontestables…(Profits CAC 40)