Les auteurs sont membres de la France insoumise, Marseille.
Les couches populaires connaissent des difficultés qui souvent empirent : pauvreté, chômage, logement insalubre, accès difficile aux services publics, fracture numérique. Une grande partie de cet électorat s’est tourné vers le candidat Jean-Luc Mélenchon à l’élection présidentielle, mais a nourri aussi une forte abstention aux élections législatives. Expliquer l’importance de voter ne suffit plus pour lutter contre l’absentéisme. Il s’agit de rétablir une confiance avec un électorat trahi depuis des décennies par des politiques de promesses non tenues et faussement qualifiées de « gauche ». Il s’agit également de convaincre de ne pas céder aux promesses du FN. Il ne faut pas non plus laisser la République en marche (LREM) récupérer une partie de l’électorat à partir des réseaux clientélistes du PS. Pour cela, la France insoumise (FI) s’adresse directement aux habitants des quartiers populaires pour leur proposer des solutions et les aider à récupérer du pouvoir sur leurs vies, en partant de leurs préoccupations. Il n’existe pas de problèmes mineurs. Tout est politique dès lors que la dignité humaine est attaquée.
A Marseille, diverses initiatives ont vu le jour dans les quartiers populaires : caravane santé, atelier législatif sur la « sécurité dans les quartiers populaires », lutte contre la pauvreté. Une permanence hebdomadaire d’écrivains publics insoumis s’est mise en place à la permanence parlementaire du député Jean-Luc Mélenchon. L’idée initiale qui a germé lors des Amphis d’été de la France insoumise à Marseille en août 2017, était simple : faciliter l’accès aux droits sociaux et si besoin guider la personne pour effectuer une démarche administrative, connaître ses droits et/ou l’orienter. L’initiative a débuté en début d’année 2018 avec deux écrivains publics bénévoles soucieux de mener une action concrète en plaçant la FI dans le quotidien de nombreux concitoyens en situation difficile, voire précaire.
L’expérience apprend qu’il existe une certaine hiérarchie des demandes. En premier lieu, du moins à Marseille, les demandes de logement social sont prépondérantes. Viennent ensuite les démarches à réaliser :
- auprès de diverses administrations (CAF, Pôle emploi, Etat civil, Impôts), pour obtenir des prestations sociales (RSA, CMU, AME, allocation handicap) ;
- pour orienter les personnes qui se trouvent en situation de surendettement ;
- pour évaluer le droit des étrangers résidant en France ;
- pour orienter les migrants demandeurs d’asile.
Tout ceci intervient aussi dans un contexte de fracture numérique où l’obligation de faire les démarches en ligne, décourage les plus démunis et les incite à abandonner des prestations auxquelles ils ont droit.
La question s’est posée naturellement de savoir quelle différence peut-il y avoir entre un écrivain public bénévole œuvrant dans un contexte associatif neutre politiquement et un écrivain insoumis ? La différence essentielle réside pour l’écrivain insoumis, dans la qualité de l’accueil de la personne, l’aide à apporter pour résoudre son problème… et en même temps avoir le temps du dialogue avec cette personne, si elle le souhaite, en parlant aussi politique. Pour illustrer le propos, voici un cas concret, pas toujours facile à faire admettre pour une personne qui vit en situation de précarité : certains imaginent que le député JLM dispose d’un lot de logements sociaux qu’il peut octroyer. Il est vrai que Marseille connaît bien cette pratique clientéliste. Il faut alors expliquer que la démarche de la France insoumise ne procède pas ainsi, elle est avant tout collective et non une réponse à une demande individuelle.