Le front national de Le Pen est « farouchement opposé » à l’encadrement des loyers, jugeant cette « mesure dirigiste, presque communiste », osant même avouer le peu de cas qu’il fait des difficultés économiques et sociales des Français en annonçant que ses propositions en matière de logement sont encore « en cours de réflexion ». Nul doute qu’il saura en sortir une, bien démagogique, de son chapeau, rompu depuis la comédie de son changement de leader à ce type de contorsion politicienne. Quant au Centre son impuissance à rompre à l’instar de l’UMP avec la ligne capitaliste de recherche du profit et de rien d’autre, apparait toute nue dans la déclaration d’un de ses chefs de file, Bayrou qui qualifie « de séduisante » l’idée d’un état qui encadre les loyers, mais qui ajoute qu’« elle est irréaliste, donc mensongère ». Irréaliste ? Monsieur Bayrou connait mal son histoire de France et en particulier celle de l’Après Guerre où il fallut reconstruire le pays. La France pendant plus de dix ans va manquer de tout, en particulier un million de logements font défaut, chacun a en mémoire le cri de détresse de l’abbé Pierre en 1954. Le salarié doit économiser des mois pour des chaussures en cuir ou un manteau, la soupe dans les cantines scolaires est bien claire et il n’est pas question pour les familles ouvrières en particulier de partir en vacances pour profiter des congés payés que le Front Populaire a arrachés en 1936. Et pourtant qu’en est-il des loyers ? J’ai sous les yeux une feuille de paie d’une toute jeune sténodactylo en 1953, elle travaille à la chocolaterie « Lombart » et le bail d’un appartement de 40 m2 qu’elle occupe avec ses parents dans la banlieue à Ivry-sur-Seine. Elle gagne 30 000 francs anciens par mois, son loyer est de… 1500 anciens francs ! Vous avez bien lu : une modeste secrétaire ne doit consacrer pour se loger que le vingtième de sa paie, 5 % contre 40 % actuellement. Le centre, la droite et l’extrême droite de Le Pen ont-ils une explication à ce phénomène ? N’est-ce pas, alors que la pénurie est considérable, parce qu’on ne peut pas spéculer sur le droit d’avoir un toit ? La loi tout simplement l’interdit. L’extrême droite défaite n’a plus voix au chapitre, on n’ose plus se revendiquer de la Droite, le terme est devenu une injure, ses partis ont soutenu Pétain et l’occupant, le grand patronat a collaboré avec les nazis. De Gaulle recevant une délégation du patronat français en 1944 lui déclare : « Messieurs, je n’ai vu aucun de vous à Londres ». Nous sommes dans une période où la république, rétablie grâce entre autres à la classe ouvrière dont Mauriac dira qu’elle a été la seule à conserver sa dignité dans la défaite, va appliquer le programme du Conseil National de la Résistance : le droit au logement en fait partie. Mais l’ancien vice-président de Patronat français Denis Kessler n’a-t-il pas déclaré dans « challenges » qu’il fallait se débarrasser complètement de sa philosophie ? C’est chose faite avec les contre-réformes de Sarkozy et les directives appliquées en France de l’actuelle Union européenne. Le Pen l’affiche : non ! Pas çà, pas d’encadrement, Bayrou consent que c’est juste, mais irréalisable, la droite au pouvoir non seulement refuse de l’envisager, mais accepte la spéculation : les loyers ont augmenté de 50 % en dix ans. Les uns et les autres soutiennent un système qui exige que le capitalisme industrialo-financier ait les mains entièrement libres dans tous les domaines. En ce sens la réponse à la question de l’encadrement des loyers et le Droit au Logement qu’elle pose, est extrêmement révélatrice des orientations politiques fondamentales de chacun, et à gauche derrière les mots, de la détermination réelle. Ce système par la crise généralisée qu’il a engendrée et qu’il entretient, rend chaque jour plus évidente la nécessité comme nous y invite le Front de Gauche à mettre à l’ordre du jour une révolution citoyenne.