Et pendant ce temps-là Chronique d'actualité : Grèce, France

En demi-teinte

Grèce : L’accord du 20 février entre le gouvernement grec et les institutions de la Troïka n’a fait que prolonger de 4 mois le plan d’aide des néolibéraux à la Grèce. La centralisation des avoirs de la Grèce (notamment des avoirs de la sécurité sociale mais pas seulement) organisé par Varoufakis permettra à la Grèce de tenir probablement jusqu’à la fin du semestre. Cela donne du temps au gouvernement grec de se préparer à la suite de son histoire. Si les directions néolibérales de l’Union européenne, du FMI et et de la BCE décident d’écraser Syriza et de l’acculer au défaut de paiement et donc à terme de sortir de l’euro, le risque de déflagration dans l’Union européenne est loin d’être nul. A contrario, une position plus conciliante a comme risque pour les néolibéraux de favoriser la montée des mécontentements, notamment en Espagne qui entre dans une période électorale intense. Voilà l’éclairage du côté de nos adversaires. Espérons que le gouvernement grec se prépare à toutes les possibilités sans en écarter aucune.
En tout état de cause, sauf à vouloir écraser Syriza, ce qui reste malheureusement possible, il n’y a pas de solutions à court terme sans annulation partielle de la dette comme la France en a bénéficié à la Libération et l’Allemagne en 1953. Pour les solutions à long terme, nous pensons que la sortie du capitalisme et pas seulement de l’euro ou de l’Union européenne devra être envisagée

Bons points

Grèce encore – Une commission d’audit de la dette sera mise en place par la présidente du parlement grec, Zoé Konstantopoulou. Comme en Equateur, en Argentine et en Islande, la bataille pour la restructuration de la dette est engagée. La coordination sera effectuée par Eric Toussaint (1)Voir l’entrevue par la RTBF d’Eric Toussaint sur http://www.rtbf.be/info/dossier/euranetplus/detail_il-est-possible-et-logique-de-remettre-en-cause-la-dette-grecque?id=8933653. qui avait participé à la commission d’audit de la dette équatorienne en 2007 et 2008. Elle sera composée de 15 Grecs et de 15 étrangers. « L’objectif est de déterminer l’éventuel caractère odieux, illégal ou illégitime des dettes publiques contractées par le gouvernement grec », le peuple « a le droit de demander que la partie de la dette qui est illégale – si cela est avéré à l’issue de la commission – soit effacée », a déclaré la présidente du parlement grec.

Eric Toussaint estime quant à lui que cette commission ne fait qu’appliquer le point 9 de l’article 7 du règlement 472 adopté par la commission européenne et le parlement européen qui stipule : « Un État membre faisant l’objet d’un programme d’ajustement macroéconomique réalise un audit complet de ses finances publiques afin, notamment, d’évaluer les raisons qui ont entraîné l’accumulation de niveaux d’endettement excessifs ainsi que de déceler toute éventuelle irrégularité. »
Sofia Sakorafa, ex-Pasok, aujourd’hui députée européenne Syriza fera le lien avec le Parlement européen

Mauvais points

PS France : Le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, soutenu par le PS, a présenté son rapport anti-laïque sur la « cohésion républicaine ». Nous posons une question : ce gouvernement veut-il supprimer la séparation des églises et de l’Etat ? Cela en prend le chemin. Il préconise que l’Etat développe l’enseignement privé confessionnel musulman, incite à l’édification de nouveaux lieux de culte, renforce la formation, en France, des imams et des aumôniers, crée une instance de dialogue avec les représentants de l’Islam de France. Après la laïcité ouverte et la laïcité plurielle de la Ligue de l’enseignement, la laïcité positive de Sarkozy, voilà la « laïcité d’inclusion » des Hollande-Valls-Cazeneuve. En attendant peut-être un nouveau concordat ? (2)Lire Un rapport très orienté,  par Michel Seelig qui dénonce dans le rapport Maurey sur les collectivités territoriales et le financement des lieux de culte fait au nom de la délégation aux collectivités territoriales du Sénat et présenté le 17 mars 2015       l’affirmation selon laquelle « le financement des cultes par les collectivités territoriales, est « un élément structurant de l’identité de ces territoires » et réfute l’affirmation selon laquelle il existerait une obligation d’enseigner la religion dans les écoles (publiques) ».

Programme d’austérité 2015 pour la France : Comme nous l’avons prédit, les politiques d’austérité augmente la dette publique par rapport à la richesse nationale annuelle (PIB). Le déficit public pour 2014 s’élève donc à 4,4 % du PIB. Donc pour 2015, le gouvernement néolibéral Hollande-Valls prévoit 9,6 milliards de moins pour la Sécurité sociale (bonjour les prestations sociales et les retraites !), 3,6 milliards de moins pour les collectivités locales, 7,7 milliards de moins pour l’Etat et les services publics. Rassurez-vous, les dividendes pour les actionnaires sont au plus haut pour le CAC 40. Et les bénéfices des multinationales du CAC 40 n’ont augmenté que de 33 % en 2014 ! Donc conclusion : tout va bien puisque c’est toujours moins pour la grande majorité des citoyens et de leurs familles, toujours plus pour les actionnaires des multinationales et toujours plus de dette publique. Et comme c’est « la grande bourgeoisie qui tient l’Etat par la dette », l’exploitation, la domination et l’expropriation peuvent continuer.

Notes de bas de page

Notes de bas de page
1 Voir l’entrevue par la RTBF d’Eric Toussaint sur http://www.rtbf.be/info/dossier/euranetplus/detail_il-est-possible-et-logique-de-remettre-en-cause-la-dette-grecque?id=8933653.
2 Lire Un rapport très orienté,  par Michel Seelig qui dénonce dans le rapport Maurey sur les collectivités territoriales et le financement des lieux de culte fait au nom de la délégation aux collectivités territoriales du Sénat et présenté le 17 mars 2015       l’affirmation selon laquelle « le financement des cultes par les collectivités territoriales, est « un élément structurant de l’identité de ces territoires » et réfute l’affirmation selon laquelle il existerait une obligation d’enseigner la religion dans les écoles (publiques) ».