La soirée a commencé par un propos introductif de Bernard Teper, membre du comité de rédaction, pour rappeler l’histoire du média ReSPUBLICA qui a commencé il y a vingt-cinq ans (pour en savoir plus, lire notre précédent article). Conçu comme un outil autonome, indépendant, sans lien direct avec d’autres organisations, ReSPUBLICA est un média dont le lectorat est aujourd’hui principalement composé de militantes et militants politiques, syndicaux ou associatifs. Partant de ce constat, quelles orientations faut-il prendre ?
La situation peut évoluer très rapidement
Plusieurs interventions ont rappelé la situation exceptionnelle dans laquelle nous sommes entrés depuis la dissolution, avec une crise politique qui s’aggrave : nous sommes dans une situation particulière d’une accélération politique liée à une décomposition. Dans ce type de situation, la liaison entre théorie et pratique est importante, il ne s’agit pas seulement d’analyser la situation et de se contenter d’être « les commentateurs du lundi matin ». La conjoncture appelle à des engagements concrets, par ailleurs, certains militants aguerris ou non attendent une traduction concrète, il faut donc proposer des débouchés d’action avec des propositions concrètes. C’est une nécessité : ou la gauche a une réaction saine, ou l’extrême droite prendra la main. Les prochains mois, précédents une éventuelle nouvelle dissolution, vont être déterminants.
On constate un frémissement, il y a peut-être un courant politique en gestation qui pourrait s’articuler autour de François Ruffin ou d’autres acteurs. En tout cas, il y a une volonté de construire quelque chose et ReSPUBLICA doit participer à cette construction.
Des rapprochements doivent être entrepris
Dans cette perspective, plusieurs participants de la réunion se montrent ouverts à des rapprochements avec d’autres, notamment avec la démarche de François Ruffin, ou avec d’autres compatibles avec la ligne du primat de la question sociale de ReSPUBLICA. La situation appelle à une unité qu’il faut bâtir. Des rapprochements avec d’autres collectifs, par exemple le collectif Nos services publics, seraient souhaitables. Des contacts doivent être établis. Par ailleurs, de nouvelles initiatives dans les territoires autour de questions concrètes indiquent un renouvellement du monde associatif dont il faut rendre compte. Il y a des jonctions à établir.
Reconstruire le militantisme
Quelques témoignages soulignent l’effondrement du militantisme, avec des habitudes de lutte qui se sont perdues depuis la fin du maillage par les grandes organisations et la professionnalisation des militants qui ont créé une vraie déconnexion avec le terrain. Il ne faut pas seulement mener un travail d’éducation populaire de fond et de longue haleine, il faut aussi faire des formations qui permettraient de recréer des savoir-faire pour que les militants soient plus efficaces, c’est indispensable si on veut viser l’élargissement.
Briser l’entre-soi
Il est remarqué que beaucoup de militants évoluent dans des milieux homogènes. Or, si la gauche veut être majoritaire, il faudra nécessairement reconquérir les classes populaires pour construire un bloc populaire qui puisse faire face au bloc droite/extrême droite. Pour cela, il faut essayer de comprendre les motivations des électeurs RN. À cette fin, l’éclairage de sociologues comme Benoit Coquart est très important. Il faut aussi essayer de convaincre les abstentionnistes. Ensuite, il faut aller vers eux, soit recréer des structures, soit rejoindre des structures existantes, type associations sportives. Enfin, il faut changer le discours, retrouver un discours et une analyse de classe. Dans le même ordre d’idée, il y a des sujets et des combats fédérateurs à investir et à mettre avant, notamment autour de la défense des services publics, de l’école et de la Sécurité sociale.
La question des médias
Plusieurs interventions soulignent les changements d’usages des jeunes générations vis-à-vis des médias. La bataille culturelle nécessite d’investir de nouveaux outils, alors que l’extrême droite s’est montrée très offensive dans ce domaine, avec les dégâts que l’on sait. Ce n’est pas forcément le rôle de ReSPUBLICA de produire ce nouveau type de contenus (podcasts, vidéos pour TikTok), mais nous pouvons aider à cette bataille en participant à un groupe de travail « sur la création des contenus » déjà existant ou en facilitant les convergences d’énergies militantes avec des personnes ayant ces compétences.
Concernant ReSPUBLICA, les avis divergent sur la question de la longueur des articles que certains veulent maintenir et que d’autres voudraient réduire. ReSPUBLICA n’a pas vocation à devenir un média plus grand public, en revanche élargir notre audience à destination de militants de réseaux proches est un bon objectif.
En conclusion : restons optimistes et montons sur le ring !
Plusieurs interventions à caractères historiques ont rappelé que dans ce type de situations instables et dangereuses, la situation peut vite basculer, dans un sens comme dans l’autre ; il ne faut pas donc pas pécher par pessimisme : renverser la vapeur est possible, l’Histoire l’a prouvé ! Mais pour que les masses se mettent en mouvement, il faut créer les conditions pour qu’elles le fassent ! Les mots d’ordre sur lesquels nous nous sommes accordés sont donc les suivants : unité, auto-organisation et contre-offensive. Ecrivez-nous et rejoignez-nous si vous souhaitez en être !