(…) À lire la une du Monde, vous ne risquez pas la surinformation à propos de la Grèce…
Donc, les chefs des 3 partis soutenant le gouvernement non élu de Papadimos (ex-Goldman Sachs, ex-gouverneur de la Banque Centrale de Grèce…), à savoir : Papandréou (Pasok), Samaras (Néa Dimokratia, droite), Karatzaferis (Laos, extrême-droite) se sont réunis, pour faire semblant de négocier (on savait depuis le départ qu’ils diraient oui à toutes les exigences de la Troïka.
Résultat des courses (j’en oublie forcément) :
- suppression des conventions collectives, tout le monde à la même enseigne, élargissement de la dérégulation, emploi à temps partiel, conditions d’embauche spéciales pour les – de 25 ans (voir + bas)
- baisse de 22 % du salaire minimum (le portant à 600 euros bruts ; soit env. 480 nets) cela influe sur TOUTES les primes (enfants, mariage, diplômes…) qui s’ajoutent éventuellement au salaire de base et sont calculées à partir du salaire min.
- 10 % de baisse en plus pour les – de 25 ans (donc salaire de base à 527 euros bruts pour eux, moins de 400 euros nets, à condition bien sûr de travailler à plein temps).
- gel du salaire minimum pour 3 ans (jusqu’en 2015)
- gel des primes à l’ancienneté tant que le chômage ne sera pas à moins de 10 % (les calendes grecques, quoi)
- baisse de 2 % des cotisations sociales en 2012, et de 13 % en 2013
- baisse des grilles des salaires dans la fonction publique (et bien sûr ce n’est pas la première)
- baisse de 15 % des retraites complémentaires (pour toutes les retraites complémentaires, quel que soit le montant total perçu par les retraités)
- la question des retraites principales reste ouverte
- baisse de 15 % des retraites principales à DEI (équivalent d’EDF), OTE (le téléphone) et dans les banques nationalisées ou semi
- suppression directe de 15.000 postes dans la fonction publique, et de 150.000 (par non-reconduction de postes après retraites, etc.) d’ici 2015.
Les enfants font cours dans des écoles sans chauffage, on attend toujours les livres (mais cela paraît franchement anodin comparé à tout le reste), pour faire des examens à l’hôpital, il faut avancer les frais (et être remboursé à 70 %, si la caisse de Sécu existe encore à la date du remboursement…) et comme on ne paie pas nos impôts divers (on est imposable à partir de 5.000 euros par an…, + impôt sur la propriété, et bon nombre de Grecs, pauvres par ailleurs, sont propriétaires, etc., etc.)… on nous fait une ponction à la source sur nos salaires.
Mon dernier salaire (janvier, sans la ponction automatique d’environ 30 euros pour impôts, et avant les baisses annoncées aujourd’hui) était de 758 euros. Byzance, quoi.
Mon loyer est de 320 euros, le fuel est à 1,06 euro le litre, l’essence à 1.69 (dans le meilleur des cas), le pain à 1.60 le kg, les patates à 0.8, le lait à 1.2 …
Dans les médias, on subit une offensive de propagande incroyable (« c’est dur, mais il faut ça pour se sauver », « c’est l’occasion de mettre de l’ordre avec tous ces tricheurs », etc.), et ceux, pas nombreux et seulement dans les médias alternatifs, boycottés et censurés systématiquement, qui affirment qu’il faut dire non, refuser ce prêt et tout ce qui va avec, et retourner à la drachme qui nous permettrait enfin de nous remettre debout (parce que tant qu’on est ficelés par la monnaie commune, on ne peut rien faire, sinon être plongés encore un peu plus dans la récession), sont accusés de folie, communisme, enfin bref de tous les maux de l’humanité.
Le gouvernement NON ÉLU et placé là au mépris de la constitution signe un arrêt condamnant la Grèce pour les 50 prochaines années (ce n’est pas une exagération). C’est systématique, organisé, délibéré, et ça fonctionne.
Les Allemands, après avoir retiré leur demande de placer un proconsul en Grèce (ça a provoqué un tollé, même chez les Allemands !), insistent pour que soit créé un compte spécial, destiné au service de la dette, et géré… par eux (les créanciers). On ne précise nulle part qu’ils veulent, c’est un fait, que ce compte soit alimenté non seulement par le prêt à venir, mais aussi par les recettes de l’État, si besoin est.
Ça a un nom : colonisation.
On va monter à Athènes avec Christos, on ne sait franchement pas trop pour quoi faire, encore, je vous tiendrai informés. Je sais que vous faites tout ce que vous pouvez pour faire passer les infos, continuez, c’est la première chose à faire, on a vraiment besoin de votre soutien.
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