La guerre en Syrie est couverte par une guerre médiatique d’une grande intensité. Et comme souvent, il n’y a pas deux camps mais bien plus avec des systèmes d’alliances à géométrie variable. La gauche de la gauche française, une fois de plus, bafouille et certaines fois dit soutenir les oppresseurs et les opprimés à la fois.
Voilà l’inconvénient d’en rester à l’indignation. Une fois de plus, le slogan de Stéphane Hessel « indignez-vous ! » fait des ravages. Devant l’horreur des images qui nous viennent du champ de bataille, voici les « bonnes âmes » qui veulent, sans prendre le temps d’une analyse concrète sur les causes et les responsabilités, qu’on leur donne en quelques secondes le coupable. Les médias néolibéraux sont là pour cela. Les uns acceptent la propagande des impérialismes occidentaux à savoir que Poutine n’est qu’un sauvage, les autres sont des soutiens inconditionnels du tsar russe. Mais la réalité est plus complexe. On apprendra par exemple que les projets de gazoduc font partie des causes du conflit (voir notre précédent article).
Pour comprendre ce conflit, il faut repartir du printemps syrien qui souhaitait une révolution démocratique contre le dictateur Bachar El Assad. Mais pour mener à terme cette révolution, il faut tout une série de conditions nécessaires donc celle d’avoir au moins une organisation capable de diriger la transition démocratique. Cette organisation n’existant pas, ce sont donc les organisations existantes soutenus par des parrains régionaux qui ont instrumentalisé cette demande de démocratisation.
En dehors des forces kurdes souhaitant l’installation du Rojava kurde sur la partie nord de la Syrie et qui sont des forces démocratiques, tout le reste sont des structures régressives anti-démocratiques directement liées à l’un des impérialismes ou à leurs alliés régionaux.
Il y a Daech, au début soutenu par le dictateur turc Erdogan et par les obscurantistes saoudiens.
Il y a ceux que l’on appelle les rebelles anti-Assad qui sont en fait une coalition dirigée d’une part par le Fatah-Al-cham (ex-Front Al-Nosra, filiale d’Al Qaïda) et d’autre part par une création de la confrérie des Frères musulmans, Ahrar al Cham, soutenu par le dictateur Erdogan de Turquie et par le Qatar. L’armée syrienne libre dépendait donc de cette coalition rétrograde et n’avait donc aucune réalité démocratique. C’est eux que l’exécutif français avait comme allié principal. Rien de moins ! Enfer et damnation !
Puis, il y a la coalition favorable à Bachar el Assad liée à l’impérialisme russe et à son allié iranien dont la haine de la démocratie est bien connue.
Cela dit, nous ne pouvons pas effectuer un simple renvoi dos à dos dans la mesure où c’est bien l’action de l’impérialisme étasunien soutenu par son allié français qui a engagé l’opération de destruction de la Syrie via son alliance avec les forces islamistes djihadistes pour réaliser d’une part son projet de gazoduc et développer sa doctrine du remodelage du Grand Moyen-Orient en cassant les entités nationales. L’impérialisme russe a réagi pour garder un port sur la Méditerranée (le port russe de Lattaquié ), conserver sa présence géopolitique et aussi parce qu’il a un projet de gazoduc concurrent.
Nous disons donc clairement que le courant émancipateur est porté dans cette région aujourd’hui par la coalition kurde syrienne et par aucune des autres forces de la région. Même le dernier engouement autour d’un supposé maire d’Alep Est fait fi de savoir d’où vient ce nouvel acteur qui semble venir de nulle part ! Honte en France au gouvernement français, à la droite, à l’extrême droite. Et à la partie de la gauche de la gauche qui mélange les oppresseurs et les opprimés.