Le 22 septembre 1985 réunis à l’Hôtel de Plazza à New York, les gouvernements des cinq plus grandes économies capitalistes du monde, USA, Japon, Allemagne de l’Ouest, France et Grande Bretagne décidèrent de dévaluer le dollar américain. 10 milliards de dollars furent ainsi dépensés pour un effet spectaculaire. En quinze mois, le dollar effaçait toute sa montée par rapport au Deutsche Mark et retrouvait, fin 1986, son plus bas niveau historique de 1979.
La décision avait pour but de réduire le déficit croissant du commerce extérieur américain qui avait atteint 3.5 % du PIB en 1985 et contraignait les USA à s’endetter rapidement. Les USA demandaient à leurs principaux concurrents de faire redémarrer l’économie des USA qui croissait beaucoup plus lentement que les leurs !
La crise des années 80 provenait des taux d’intérêts élevés imposés par la Réserve Fédérale américaine de Paul Volcker. Pour lutter contre l’inflation, réduire les salaires et utilisez le chômage de masse comme une arme contre la classe ouvrière, la Federal Reserve Board avait augmenté les taux d’intérêt réels aux USA jusqu’à une moyenne d’environ 7.5 %entre 1981 et 1985. Cela a provoqué la récession de vastes secteurs industriels, ruiné les agriculteurs, déclenché un afflux massif d’investissements spéculatif et a augmenté la valeur du dollar, rendant les marchandises américaines moins compétitives sur le marché mondial. L’Accord de Plazza avait pour but de renverser partiellement cette tendance.
Les conséquences de la décision furent de grande envergure. Le doublement de la valeur du yen a séparé la production industrielle de l’Asie orientale de celle du Japon et l’a repoussée vers les pays émergeants au profit des groupes financiers US. Elle a créé au Japon une bulle de spéculation financière, boursière et immobilière qui s’est dégonflée en 1989. Mais la réduction de la valeur du dollar n’a pas modifie la tendance au déclin économique et à l’endettement du capitalisme américain. L’industrie n’est pas repartie et la crise de son système bancaire a continué dans l’émission continue de titres de la dette américaine.
D’ailleurs, dès le 22 février 1987, les accords du Louvre tentaient d’arrêter la machine infernale mise en route à Plazza. Les pays du G5 et le Canada signaient à Paris des accords destinés à enrayer la baisse du dollar. Mais après une pause dans le courant de l’année 1987, le dollar continuait sa chute pendant dix ans.
Ceci révélaient les déséquilibres nés des désaccords masqués à Plazza et au Louvre et conduisait à une forte hausse des taux d’intérêt à long terme, puis le 19 octobre 1987 au krach des marchés des obligations et des actions. Reste que le Japon en fut la principale victime et contraint à délocaliser son industrie, baisser le niveau de vie de ses habitants et à effondrer ses taux d’intérêts pour soutenir son marché intérieur.