Jusqu’ici, la doctrine israélienne était que ses forces armées devaient agir avec détermination chaque fois que la sécurité du pays était menacée, mais jamais en dehors de cette condition. Le massacre qui a eu lieu contre une flottille humanitaire dans les eaux internationales ne peut aucunement se justifier par une menace contre la sécurité de l’État d’Israël. Il s’agit donc d’une nouvelle dérive du gouvernement israélien dont l’extrême droitisation se poursuit.
Nous ne pouvons que comprendre le sentiment d’injustice et de dégoût qui monte dans toutes les populations du monde devant ce massacre jusqu’ici impuni.
De plus, Ehud Barak, ministre travailliste de la défense, qui a pris la décision de l’intervention avec d’autres, continue de dire que c’était un piège contre Israël et c’est tout juste s’il ne déclare pas la légitime défense des commandos de Tsahal ! Cela nous fait penser à la sauvagerie de l’agression d’une manifestation d’infirmières par des CRS en France présentée comme une réaction des CRS face à la violence initiale des infirmières. On croit rêver !
Cette « fausse gauche » qui rappelle la « gôche » de Guy Mollet lançant le contingent en Algérie pour défendre le colonialisme français est une horreur ! Et le parti travailliste fait partie de l’Internationale socialiste qui reste muette devant cet état de fait.
Ce grand militaire qui est un piètre homme politique est déjà celui qui a réussi à ne pas faire la paix lorsqu’elle était possible. Aujourd’hui, il cautionne le gouvernement le plus extrémiste qu’Israël n’a jamais eu.
Une autre question commence à germer en Israël : comment sont organisés les unités militaires d’élite d’Israël et leur commandement politico-militaire : entre celles qui n’arrivent pas à protéger le courageux général premier ministre Itzak Rabin des illuminés de l’extrême droite israélienne et celles qui sont utilisées pour massacrer une flottille humanitaire ?
Il était temps que dans la communauté juive dans le monde se précise le groupe JStreet aux États-Unis et JCall ailleurs pour ne pas cautionner ce gouvernement d’extrême droite intolérable et s’opposer au lobby du soutien inconditionnel des décisions du gouvernement israélien.
Et puis la ficelle est un peu grosse quand le gouvernement israélien tente de justifier son massacre par le fait que c’est le Hamas qui dirige Gaza ! Mais qui a favorisé le Hamas contre le Fatah et l’Autorité palestinienne sinon un gouvernement de droite israélien dirigé par un autre grand général, Sharon !
Trop, c’est trop ! À force de ne pas soutenir le camp laïque palestinien de l’Autorité palestinienne et de favoriser les extrêmes droites israéliennes et islamistes, on en arrive à une situation comme celle d’aujourd’hui !
Voilà en quelque sorte, le résultat des politiques néolibérales au Proche-Orient ! Des inégalités sociales grandissantes en Israël, y compris au sein de la population juive, et un soutien de la gouvernance mondiale aux extrêmes droites israéliennes et islamistes. Sans compter la citoyenneté de deuxième zone des Israéliens arabes (plus de 20 % de la population israélienne), l’enfer vécu par une partie de la population palestinienne dans les territoires occupés et le développement permanent de la colonisation de ces territoires par le gouvernement israélien.
Oui, il faut ici comme ailleurs une autre gauche israélienne, arabe et palestinienne qui reprenne le flambeau de la liaison du combat laïque et du combat social, de la lutte implacable contre les extrêmes droites politiques (comme celle qui est au pouvoir en Israël) et religieuses (qu’elles soient juives comme islamistes d’ailleurs), de la lutte contre le colonialisme et du combat pour la paix autour des propositions connues prônant « deux peuples, deux États » que ce soit sur la base de l’Appel de Genève signé pour la partie palestinienne par l’ancien ministre Yasser Rabbo ou par Nusseibeh dans l’accord avec Ayalon.