En collaboration avec l’association 0 de Conduite
« Je suis le peuple », d’Anna Roussillon
Agréables ces moments passés en compagnie d’une famille paysanne égyptienne Nous découvrons une campagne paisible aux gens très attentifs au destin de leur pays. Ils lisent la presse, regardent la télé et parlent beaucoup entre eux des événements. Ils semblent vivre correctement même si leur cadre de vie n’est en rien semblable au nôtre. Beaucoup de réflexes y sont par contre identiques, j’avais par moments l’impression de revoir ma famille terrienne vivant aux confins de la Creuse et du Cher, il y a 40 ans, toute une période artisanale où comme ils disent là-bas; “On vivait mieux que aujourd’hui”. C’est le champ où il faut garder le troupeau, le chenal pour amener l’eau au culture, la terre qu’il faut fendre…
C’est toute la force de ce film, nous sommes chez nous, cette contrée éloignée devient nôtre. Les images sont simples et engendrent cette beauté propre et sobre de la campagne.
Ce décor planté nous allons y vivre, au rythme des retours d’Anna qui vit en France, rien moins que la Révolution égyptienne, de 2011 à 2013.
Les accents de la place Tahrir vont peu à peu nous envahir. Farraj, le paysan, va nous faire part de ses réflexions, de son analyse, de ses votes, de ses désirs et aussi de ses désillusions.
Quand Morsi, celui qu’il défend, est élu. Il explose de joie. C’est la première fois qu’un civil est élu à la tête de l’Egypte… Les autres, tous les autres furent des militaires.
Il va y croire, le défendre face à d’autres qui ne partagent pas son avis jusqu’au moment où le peuple va se révolter contre une révolution confisquée qui provoque le retour des militaires avec le général Al-Sissi.
Son dialogue avec Anna la réalisatrice nous apprend beaucoup sur la démocratie, les forces en présence et sa conception de la France,
« Je suis le peuple » porte bien son nom. Il faut aller voir ce film pour mieux comprendre le peuple égyptien vivant dans les environs de Louxor à 700 kilomètres du Caire.
« J’ignore l’impossible, je ne préfère rien à l’éternité, mon pays est ouvert comme le ciel, il embrasse l’ami et efface l’intrus. » Je suis le peuple, chanson d’Oum Kalthoum
Jean-Jacques Mitterrand
« Je suis le peuple ». Réalisatrice Anna Roussillon, France 2014
« L’errance moderne »
Seul en scène, Alexandre Texier met en scène une multitude de personnages et de scènes de la vie courante. De notre vie cahoteuse , des désirs non formulés, des petits boulots d’intérim, des espoirs ternis, du verre qui libère le verbe et éteint les velléités. Le rêve, la liberté pigmentent cependant ce one man show que colore également l’humour.
Belle performance d’un jeune acteur qui mime, multiplie ses voix et sa gestuelle pour changer prestement de personnages. A lui seul , il enchaîne les visions cinématographiques, champ et contre champ des personnes suggérées ou ,des séquences interceptées.
Ce n’est pas le premier rôle de cet acteur, ancien élève de l’école Florent mais, dans cette pièce, il excelle dans le rôle du clochard/SDF qu’il a créé et qui jette « un regard éclairé » sur le monde. Cette justesse du rôle éclaire également la réalité de son engagement personnel.
On retrouve ce personnage, Michel, qu’il interprète dans la série « Vues d’en bas » visible sur le web (www.tipeee.com/vues-d-en-bas-la serie)
Odette Mitterrand
Une pièce visible tous les vendredis à 21h30 jusqu’à la fin mars : « L’errance moderne », de Charles et Alexandre Texier avec Alexandre Texier.
Mise en scène Jill Gage
Production : Mise en Lumière
Au Théâtre de la Contrescarpe, 5 rue Blainville 75005 Paris