Karima a 31 ans. Elle est Verviétoise et vient d’écrire un livre, Insoumise et dévoilée . Jusque là, rien d’anormal.
Si ce n’est que depuis quelques semaines, elle fait l’objet de menaces de mort, notamment de sa propre famille, et ce alors que le livre n’est pas encore sorti. Il faut dire qu’elle a choisi de raconter son histoire, l’histoire d’une jeune fille qu’on a voulu contraindre à porter le voile et à épouser un homme dont elle ne voulait pas, en n’hésitant pas pour cela à recourir aux sévices corporels.
Karima dit son profond respect pour l’islam, mais aussi la manière dont son père, endoctriné par la fréquentation d’une mosquée, est devenu subitement fondamentaliste, violent et intransigeant.
Faut-il rappeler que la démocratie se nourrit du débat, de la confrontation, parfois violente, des idées, mais qu’elle ne peut tolérer le recours à la menace physique et autres procédés qui trahissent la volonté de faire taire à toute force ceux qui émettent des idées dérangeantes ?
Il y a quelques mois, Sadia était assassinée, coupable d’avoir voulu vivre libre. Aujourd’hui, Karima est menacée, et c’est intolérable.
Dira-t-on qu’elle n’avait qu’à se soumettre ? Dira-t-on qu’elle a eu le tort de vouloir suivre son propre chemin ? Appellera-t-on à la barre le respect dû aux parents, à la culture familiale, à la religion, ou je ne sais qu’elle autre fadaise pour justifier qu’une fillette soit violentée parce qu’elle veut pouvoir vivre chevelure à l’air et, plus tard, choisir elle-même l’homme avec qui elle vivra ? Détournera-t-on les yeux en disant qu’on a tort de parler de cela, parce qu’une fois de plus on va – volontairement ou non – stigmatiser l’islam ?
A ceux qui douteraient, je dirai simplement ceci : c’est la bêtise qu’il s’agit de stigmatiser. La bêtise, la cruauté (mentale et physique), le fanatisme et l’intolérance. Et ceux-là n’ont ni couleur, ni religion, ni sexe, ni âge.