La bourse remonte, les entreprises du CAC40 retrouvent des profits records et les traders touchent de nouveau des primes colossales, nous sommes donc sortis de la crise nous font croire les médias. Et ce n’est pas le gouvernement qui va démentir préférant jouer de la méthode Coué alors que les effets du « plan de relance » s’estompent.
Pourtant le chômage est toujours au plus haut et tout à chacun ne voit pas vraiment sa situation s’améliorer et les perspectives de son environnement social s’arranger.
En fait, 2011 pourrait bien être l’année de la vraie crise, façon de dire que ce que nous avons connu jusqu’à maintenant n’était peut-être qu’un préambule.
Nous vous avions annoncé que la reprise de l’inflation serait inévitable. Après 2 années où l’on nous a serinés avec les risques de déflation, la voilà qui pointe son nez. La dégradation de la situation sociale rend extrêmement risquée toute augmentation des prélèvements obligatoires, la seule solution qui reste pour commencer à éponger les dettes consenties ces 2 dernières années est donc l’inflation.
Le prix des matières premières, notamment agricoles et énergétiques, flirtent avec les plus hauts jamais atteints, comme en 2008 avant le déclenchement de la crise. Et le renversement par la rue du tyran maffieux tunisien est en train d’accélérer le processus, car de nombreux pays craignent une contagion et des « émeutes de la faim » (nom classique donné à ceux qui se révoltent de ne pas pouvoir se nourrir dans un monde où les aliments abondent) et achètent massivement des aliments de première nécessité comme des céréales. Les phénomènes de spéculation provenant d’un report des casinos financiers sur une économie réelle s’en trouvent alors aggravés.
Le désengagement de gros acteurs financiers des marchés financiers (constitués en partie en 2088 par les crédits hypothécaires, et aujourd’hui par les bons du trésor américain et les dettes publiques) risque de provoquer l’implosion d’un système absurde.
Les pays développés n’ont plus aujourd’hui aucune marge de manoeuvre, après avoir financé le sauvetage des banques et laissé le chômage exploser. On constate dès lors qu’ils sont incapables de coopération et de solidarité lorsqu’une catastrophe (qu’elle soit « naturelle » ou non) se produit dans le monde. Dès lors, une catastrophe de grande ampleur pourrait avoir des effets dévastateurs, car la communauté internationale serait dans l’impossibilité d’enrayer les répercussions tant sociales qu’économiques.
Le leadership américain n’est même plus un mirage. Les pays émergents s’affirment, mais sont incapables de jouer un rôle géopolitique au-delà de l’échelle d’un continent, et leur développement s’accompagne souvent d’un accroissement des inégalités porteur d’instabilité potentielle. L’Europe, lancée sur des rails ultra-libéraux, est trop occupée à gérer le bourbier des conséquences sociales, économiques et monétaires dans lequel elle s’est enfoncée. Le reste du monde doit faire face à une situation socio-économique critique, fruit de la mondialisation et des ajustements structurels, et beaucoup de pays sont au bord de l’explosion, qu’une étincelle suffit à déclencher comme on l’a vu en Tunisie, mais on peut craindre des issues moins heureuses.
Comme on peut le voir, il n’est pas sûr que la crise soit derrière nous. On peut craindre au contraire que ces 2 dernières années n’aient été qu’un avant-goût de ce qui nous attend.
Alors que nous rentrons dans une nouvelle séquence électorale, exigeons de nos gouvernants et de ceux qui aspirent à le devenir des réponses concrètes aux questions qui se posent, notamment comment ils proposent d’anticiper le séisme qui se prépare pour mieux l’amortir.