« La danse des volontés », une laïcité en action

En collaboration avec l’association 0 de Conduite

Un lieu à La Courneuve, au milieu d’une banlieue en reconstruction, dans un petit immeuble bas, perdu entre des pavillons avec leurs jardinets-pendeloques, de grands  immeubles flambant neufs, des morceaux de terrain et de vieux murs, en attente d’investissement….Le tout coupé, entrecoupé de routes et voies rapides.

C’est là, dans cette banlieue fracturée, que se trouvent les locaux du Secours Populaire où nous étions invités, par eux et un collectif de vidéo-cinéastes « Les Yeux de l’Ouïe », à découvrir une installation audio-visuelle intitulée « La Danse des Volontés » c’est-à-dire un ensemble de films réalisés par des bénévoles et mis en œuvre par un réalisateur pratiquement en résidence.

Le document publié à l’occasion de cette porte ouverte sur le travail du Secours Populaire à La Courneuve annonçait :

« Des personnes dévouées d’âges et cultures diverses offrent leur temps, assurent la cadence, définissent leur place, coordonnent leurs énergies…autant de défi à leur solidarité, à la recherche d’une organisation commune, au bien-être individuel. Leur danse ne peut s’arrêter : les nécessités sont nombreuses et multiples…entre ce qu’on veut et ce qui peut, quelle dynamique peut perdurer ? »

Des l’entée, des images animées et sonores nous accueillent, une profusion d’images sur petits et grands écrans nous surprennent….et ainsi dans tout le local…. On nous explique : «  ces images, ces sons vous donnent à voir et entendre ce qui se passe habituellement dans l’endroit où vous êtes. » ils font référence au mouvement quotidien du lieu.

Ainsi au fil de la visite vous vivez l’accueil, le travail, la relation à l’autre, les nécessités des gens aux moyens insuffisants pour vivre.  Les images vous envahissent, elles sont là, les unes à coté des autres et même parfois enchevêtrées les unes aux autres vous donnant à imaginer ce que vous découvrez.  Dans cet univers social, jeunes, très jeunes et personnes d’âge mur forment comme un ballet de convivialité unis par cet acte de solidarité auquel ces bénévoles contribuent. Elles/Ils déchargent les palettes de victuailles et les organisent pour la distribution.  Pour certains et certaines, franchir le seuil de ce lieu autre, que l’on ne connait pas est souvent difficile, il faut braver l’isolement, sortir du groupe, de la communauté et affronter cette sorte d’inconnu, ce monde dangereux qui vous rejette et vous minimise.

C’est tout un univers de temps, de travail au service de l’AUTRE.  Ici le geste devient mutualité. Jusqu’à ce jeune qui dans l’un des films dit : « Je me sens ici plus grand qu’au collège » La force des images sonores et animées est de vous faire découvrir la puissance, salle après  salle, des rires, des mouvements ; tous ces  propos qui  résonnent consacrant cette entraide, cette solidarité profonde. Oui ici Egalité rime avec Solidarité.

Le film objet/sujet de cinéma c’est aussi cela : vous aider à remarquer ce qui perdure dans cette entraide, ce souci de l’autre, ce COMMUN fondement d’une laïcité au quotidien.

J.-J. M.