D’aucuns pouvaient penser qu’après la crise de 2007-2008, nos néolibéraux de droite au pouvoir en France allaient changer les fondamentaux de la politique économique. Rien n’y fit. Ensuite, depuis l’intensification de la crise de la dette, d’aucuns ont cru que les néolibéraux de gauche qui ont remplacé leurs collègues de droite allaient annuler les politiques d’austérité en changeant le logiciel de la politique. Pire, ils persistent et signent en accélérant les politiques néolibérales.Cela ne pouvait surprendre que ceux qui pensent que la crise actuelle peut se résoudre à l’intérieur du capitalisme. Pour ces camarades anti-libéraux, il suffit de suivre telle ou telle prééminence surplombante, c’est-à-dire telle ou telle idée qui à elle seule entraînerait toutes les autres et permettrait par enchantement de résoudre la fameuse crise dont on parle tant.
Alors depuis un certain temps, on mobilise les prix Nobel d’économie qui se sont tant trompés hier et qui semblent intéresser les « impatients du changement ». Leur néo-keynésianisme n’assure cependant aucun service après-vente. Combien d’autres proposent d’autres prééminences surplombantes : la sortie de l’euro (avec qui et quelle majorité ?) et de l’Union européenne (avec quelle stratégie ?). D’autres enfin souhaitent rester dans l’Union européenne et dans la zone Euro mais en créant l’Europe sociale (comme si les dirigeants du capitalisme pourraient l’autoriser dans les conditions de la période !). (1)Chaque chapelle mobilise autour de « sa » prééminence surplombante, en concurrence avec les autres, celles déjà énoncées et d’autres : oubliant le reste, elle estime que tel changement institutionnel, telle mesure sociale, telle mesure écologique, telle mesure féministe dont la parité généralisée, le droit de vote des étrangers, etc. serait la panacée.
En fait, dans cette crise systémique, les dirigeants du monde (patronat multinational, associations multilatérales et régionales, impérialisme militaire) savent qu’ils ne peuvent plus revenir en arrière et que que leur maintien aux affaires les oblige à persévérer dans le logiciel néolibéral. Et dans ce cadre, c’est bien autour d’une globalisation des combats que nous devons nous mobiliser. Car il s’agit bien d’un affrontement.
Les lobbies patronaux sont en surchauffe. D’autant qu’ils ont l’écoute du gouvernement français. Alors pourquoi se gêner ? François Hollande et le gouvernement multiplient les reculs par rapport aux promesses de la campagne présidentielle et sont aux petits soins pour chaque demande du patronat.
La fin de l’année 2012 a vu le gouvernement développer l’effet d’aubaine pour le patronat en débloquant 20 milliards de crédit d’impôts pour le patronat sans aucune contrepartie.
L’année 2013 a commencé de ce point de vue en fanfare pour le patronat. Le 11 janvier, il signe avec trois syndicats minoritaires un accord interprofessionnel sur l’emploi qui explose les acquis sociaux en ce domaine. Les deux confédérations majoritaires CGT et FO ripostent par un appel à la mobilisation, à des rassemblements et des arrêts de travail pour le 5 mars prochain.
Mais le patronat fort du soutien du gouvernement demande d’aller plus loin et obtient l’accord du gouvernement pour dynamiter l’ancien accord sur les retraites complémentaires Agirc (cadres du privé) et Arrco (salariés du privé). C’est l’attaque dans l’attaque !
Résumons l’histoire. En 1987, Philippe Seguin, ministre du travail, décide la désindexation des retraites sur les salaires pour les indexer sur le coût de la vie. C’est le premier ministre Balladur qui l’incorpore dans la loi en 1993 en y ajoutant le passage des 10 meilleures années aux 25 meilleures années pour le calcul des retraites. Cet exploit est la cause de la baisse de plus de 20 % du montant des retraites. Puis Fillon en 2003 a fait bénéficier de cette mesure la fonction publique. Aujourd’hui, avec l’aide du gouvernement socialiste, et l’accord explicite de Jérôme Cahuzac, ministre, il souhaite désindexer les retraites sur le coût de la vie (hors tabac) de façon que chaque année le pouvoir d’achat des retraites baisse : de 1,5 point en dessous du coût de la vie en 2013 , puis baisse d’un point chaque année de 2014 à 2017. Avec toute une série de mesures : baisse de la pension de réversion de 60 à 56 % avec recul de l’âge minimum de 55 à 60 ans, réduction des droits des chômeurs de 30 %, nouveau recul de l’âge de la retraite, etc.
Et cerise sur le gâteau, une fois fait sur le régime Arrco et Agirc, ce sera au tour des retraites de base de la Cnav !
Notes de bas de page
↑1 | Chaque chapelle mobilise autour de « sa » prééminence surplombante, en concurrence avec les autres, celles déjà énoncées et d’autres : oubliant le reste, elle estime que tel changement institutionnel, telle mesure sociale, telle mesure écologique, telle mesure féministe dont la parité généralisée, le droit de vote des étrangers, etc. serait la panacée. |
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