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La dette publique dans l’œuvre de Marx

À la lecture du texte suivant, n’avez-vous pas envie de placer le financement de la protection sociale par la cotisation sociale via des institutions salariales déconnectées de l’État ?
Extraits de l’article « MARX, LES IMPOTS, LA DETTE, L’ETAT » sur Rémy Herrera, du CNRS, qui présente une « Brève introduction à la théorie de l’Etat chez Marx et Engels », ce texte ayant fait l’objet d’une communication au Jeune Séminaire d’Etudes Marxistes (CEPREMAP) en juin 2000.
Première citation de Marx : « L’impôt est la source de vie de la bureaucratie, de l’armée, de l’Église et de la cour, bref de tout l’appareil du pouvoir exécutif. » Mais il ajoute que cet appareil est placé, grâce à la dette publique en particulier, sous le contrôle financier étroit de la classe dominante, « l’aristocratie financière, les grands promoteurs d’emprunts et spéculateurs sur les valeurs d’État. »
Marx poursuit : « Tout le monde financier moderne, tout le monde des banques est très étroitement impliqué dans le maintien du crédit public. Une partie de leur capital commercial est nécessairement investie et placée avec intérêts dans les valeurs d’État rapidement convertibles. Les dépôts, le capital mis à leur disposition et qu’ils répartissent entre les commerçants et les industriels, proviennent en partie des intérêts perçus par les rentiers de l’État.  »
« Si en tout temps la stabilité du pouvoir d’État a signifié Moïse et les prophètes pour le marché de l’argent et les prêtres de ce marché, n’est-ce pas le cas maintenant, où chaque déluge menace d’emporter, avec les vieux États, les vieilles dettes d’État ? »
Mais il n’y a pas que dans Le Dix-huit Brumaire qu’il en parle. Voici ce qu’il dit dans Le Capital. Pour lui, c’est un moyen permettant à la classe dominante à la fois de tenir l’État dans sa main (par le contrôle de son financement) et d’accélérer l’accumulation du capital (par l’expansion du crédit et de la finance) :
« La dette publique opère comme un des agents les plus énergiques de l’accumulation primitive. Par un coup de baguette (magique) elle doue l’argent improductif de la vertu reproductive et le convertir ainsi en capital, sans qu’il ait pour cela à subir les risques inséparables de son emploi industriel. »
« Les créditeurs publics à vrai dire ne donnent rien, car leur principal, métamorphosé en effets publics d’un transfert facile, continue à fonctionner entre leurs mains comme autant de numéraire. Mais, à part la classe de rentiers oisifs ainsi créée (« financiers intermédiaires entre le gouvernement et la nation », etc) la dette publique a donné le branle aux sociétés par actions, au commerce de toute sorte de papiers négociables, aux opérations aléatoires, en somme, aux jeux de bourse et à la bancocratie moderne ! »

Nous remercions Rémy Herrera de nous avoir permis cette brève.

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