Journaliste social et auteur par ailleurs d’un texte repris dans ce numéro, François Charpentier note dans le Fil social du 20 septembre : « La généralisation de la complémentaire santé, annoncée par le chef de l’État le 20 octobre 2012 et analysée par la CGT et FO comme un désengagement de l’assurance de base au profit d’une médecine plus chère tarde à se mettre en place. Personne ne sait à la date d’aujourd’hui si toutes les entreprises ont pris des dispositions pour être en règle avec la loi au 1er janvier 2016. Par ailleurs, s’observent des cas de démutualisation chez les retraités qui jugent les tarifs proposés par les mutuelles trop élevés au regard de leurs dépenses réelles et qui font le pari qu’en cas de pépin ils relèveront d’une maladie longue et coûteuse remboursée à 100 %. »
Dans le cadre du PLFSS 2016 prévoyant l’appel d’offres pour l’aide à l’acquisition d’une complémentaire santé (ACS), la ministre de la Santé Marisol Touraine vient d’annoncer la mise en œuvre d’un appel d’offres pour référencer des contrats destinés aux personnes de plus de 65 ans. Or -apprenons-nous aux termes d’un communiqué de l’UNAM-Alternative Mutualiste – ces contrats « seront sélectionnés par mise en concurrence sur la base notamment de leur rapport qualité / prix ». En échange, les organismes référencés bénéficieront d’une aide fiscale.
« Sous couvert de la généralisation de la complémentaire santé, indique l’UNAM, une fois de plus, nous assistons à une multiplication des dispositifs qui contreviennent à l’encontre du principe d’universalité.Le texte évoque une « meilleure adéquation entre les besoins des assurés et les prestations complémentaires dont ils bénéficient ». Une rédaction qui laisse donc préfigurer la définition d’un nouveau panier de soins, qui viendra s’ajouter à ceux déjà créés pour l’ACS, les contrats responsables ou les contrats collectifs avec l’ANI.
La mise en place de ce dispositif catégoriel va non seulement venir complexifier et segmenter l’offre des contrats santé mais surtout une fois de plus faire entrave à la mutualisation des risques.
Nous nous éloignons surtout de plus en plus, de la mise en place d’un réel droit à la santé pour tous, juste, solidaire et équitable.
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Cessons d’accumuler les dispositifs mille feuilles ! La Sécurité Sociale doit reprendre la main sur les remboursements et redevenir l’acteur central de notre protection sociale solidaire et de haut niveau pour tous. Cela suppose que les soins courants soient correctement remboursés, que le secteur 1 soit revalorisé et les dépassements d’honoraires supprimés.La crise sans précédent de notre système social et l’aggravation de la pauvreté dans notre pays rendent indispensable et incontournable une réelle et profonde réforme du financement de notre protection sociale. »