Les politiques ordolibérales de droite et de gauche accentuent toutes les inégalités sociales de toutes natures (revenus, santé, logement, école, retraite, etc.) La plupart des mesures proposées pour les résoudre sont en fait des moyens de faire semblant pour gagner du temps. « Rabâchons » l’idée selon laquelle le système n’est plus améliorable à l’intérieur de lui-même. Nous venons d’en avoir un exemple récemment avec la grève de la faim du maire de Sevran et avec le rapport de l’Observatoire national des zones urbaines sensibles (ZUS) (Rapport de l’Onzus) sur les 751 ZUS.
Ce « 13.245e » rapport sur la pauvreté, le chômage, santé, sécurité, éducation et bien d’autres choses permet de comprendre que les 4 millions de personnes y vivant sont dans un ghetto social de plus en plus dégradé malgré ou à cause des remèdes ordolibéraux. De 2006 à 2010, le nombre des habitants des ZUS sous le seuil de pauvreté (aujourd’hui de 964 euros par mois) est passé de 30,5 % à 36,1 % (habitants des ZUS vivant avec moins de 964 euros par mois). Alors qu’en dehors des ZUS, 12,6 % des gens vivent sous le seuil de pauvreté.
En fait, les ZUS sont de plus en plus des zones de transit intégrées dans le phénomène de “gentrification” visant à supprimer les couches populaires des villes-centres et les renvoyer en zones périurbaines et rurales. Les ZUS sont dans l’ordolibéralisme, une zone de transit de la gentrification.
Souvent, les nouveaux arrivants dans les ZUS sont encore plus précaires que ceux qui y habitent déjà. Ainsi, l’écart des niveaux de revenus entre les habitants qui résident depuis plus et moins de 6 ans est de 21 % dans les ZUS, contre 14 % ailleurs.
Depuis 2008, l’écart du taux de chômage dans les ZUS et les autres quartiers ne cesse de se creuser. 9,1 points d’écart en 2008, il est aujourd’hui de 13,3 points. « Dans les villes qui comptent une ZUS, quasiment toute l’augmentation du chômage s’est concentrée sur les quartiers sensibles, explique Bernadette Malgorn, la présidente de l’Observatoire. On en est aujourd’hui à une moyenne de 22,7 % de chômage dans ces zones. Le chômage des femmes a dépassé celui des hommes, car, dans ces zones, les femmes habitant les ZUS ont, comparativement au reste de la société, davantage la charge d’enfants avec un surcroît de familles monoparentales. Dans les ZUS, seuls 23,7 % des filles et 17,4 % des garçons rejoignent la filière générale au lycée contre 45,7 % des filles et 37,3 % des garçons hors ZUS. Le parcours de classe pour un jeune habitant une ZUS est net : la voie professionnelle regroupait en 2009-2010 57,3 % des élèves de première.
Près d’un habitant sur quatre dans les ZUS déclare avoir déjà subi des discriminations. Une personne sur six estime que des facteurs comme la couleur de peau, les origines, ou la nationalité en sont responsables. Une proportion plus importante (11 points) que dans le reste dans la société.
Bernadette Malgorn souligne que ces discriminations peuvent avoir un impact important sur le taux d’activité des habitants. Selon le modèle mathématique mis au point par l’observatoire, seul un tiers de l’écart entre le taux d’activité des ZUS et celui des autres territoires s’explique par des critères «objectifs», comme l’âge, le niveau d’études, etc. Deux tiers de la différence ne peuvent s’expliquer que par d’autres facteurs comme l’enclavement ou les discriminations.
Belle réussite des ordolibéraux de droite et de gauche. Alors que va faire le gouvernement socialiste ?