L’Algérie, pays qui possède de fortes réserves de gaz et de pétrole, a toutes les potentialités pour se servir de ce point fort pour engager un développement économique autocentré débouchant sur des avancées économiques et sociales. Malheureusement, le système politique existant utilise uniquement la rente gazière et pétrolière pour « acheter la paix sociale » sans promouvoir un développement économique et social.
Nous vous présentons ci-dessous des éléments pris dans les publications officielles algériennes (ONS et CNIS) et dans la presse algérienne.
Liberté d’expression, de réunion, d’organisation
Le système politique porte atteinte à la liberté de réunion,d’organisation et d’expression. La journaliste Mina Adel, s’exprime ainsi dans El Watan du 20 février 2013: « Onze syndicalistes parmi lesquels deux algériens, des mauritaniens, des marocains et des tunisiens ont été arrêté ce mercredi à 8h à Alger pour être conduit vers le commissariat de Bab Ezzouar où ils sont toujours. »
« Nous sommes là depuis 8h du matin. On nous a établi des PV et les syndicalistes étrangers ont été photographiés tel des criminels », a déclaré à El Watan.com, Mourad Tchiko, membre du bureau national du Syndicat National Autonome des Personnels de l’Administration Publique (Snanap). Abdelkader Kherba, vice-président de la Commission nationale de défense des droits des chômeurs est le deuxième algérien à être arrêté aujourd’hui. La raison de l’arrestation est, selon lui, « l’organisation d’un évènement non autorisé et l’arrivée non déclarée de syndicalistes étrangers ». En effet, cette arrestation s’est produite après « encerclement de la maison des syndicats par la police pour interdire les participants au 1er forum maghrébin pour la lutte contre le chômage et le travail précaire de rentrée pour entamer leurs travaux. Les délégations tunisienne, marocaine, mauritanienne ont été harcelés par la police ainsi qu’un chômeur algérien a été arrêté par les services de police est un autre groupe de jeunes à été pris en otage dans la salle », raconte dans son message à la presse Nassira Ghozlane, secrétaire générale du Snapap.
Sous-emploi et plus de 50 % des salariés sans couverture de sécurité sociale
Le sous-emploi touche, d’après les statistiques de l’enquête Emploi 2010 de l’Office National des Statistiques (ONS) algérien, touche 18,9 % des personnes occupées soit 1.844.000 personnes( dont 436.000 femmes) sur une population occupée de 9.735.000 personnes (dont 15,1 % de femmes). L’enquête fait ressortir qu’un salarié sur deux (50,1 %) n’est pas affilié au régime de la Sécurité sociale. Pire, Meziane Rahbi précise dans le journal Liberté du 23 juillet 2012 que « certaines branches sont touchées davantage que d’autres, notamment l’agriculture (88 %) et le secteur du BTP (82,3 %), les industries manufacturières, le commerce et la réparation automobile et autres produits domestiques (72 %) ».
On remarque le caractère rentier de l’Etat algérien quand on remarque que l’évolution de l’emploi informel augmente plus vite que l’emploi structuré. L’emploi informel a cru de 2001 à 2010 de 1.648.000 personnes à 3.921.000 soit une population qui a plus que doublé en dix ans alors que l’emploi structuré ne s’est accru que de 43,1 %. Il est à noter que l’emploi informel touche tous les secteurs, y compris l’industrie (17,3 %).
16 % des diplômés de l’université sont au chômage
Moncef Wafi écrit dans le Quotidien d’Oran (27 août 2012) : « Il ne fait pas bon d’être diplômé en Algérie. Du moins sur le plan du travail puisque cette tranche de la société est paradoxalement la plus touchée par le chômage. » 10 % de chômage en Algérie alors que les diplômés de l’université sont 16 % au chômage montre bien la faiblesse du développement économique. On peut montrer par exemple dans le commerce à l’intérieur de la Zone arabe de libre-échange (ZALE), selon les statistiques du Centre national des statistiques douanières (CNIS), que les produits alimentaires, l’énergie et les lubrifiants constituent les principales marchandises algériennes exportées vers les pays arabes, tandis que ces derniers exportent vers l’Algérie des produits manufacturés notamment des médicaments, des huiles légères, des fils de cuivre et des conducteurs électriques. Nous voyons bien là que la rente gazière et pétrolière n’est pas fléchée pour le développement économique et social.
Logement
Toujours dans El Watan (23 novembre 2012), on peut lire sous la plume de Lotfi Sid : « Nous nous calmerons le jour où les autorités cesseront de faire la sourde oreille », lance un habitant de la cité Diar Echems, dans la commune d’El Madania, à Alger. « Je sais que tout le monde nous en veut pour les émeutes qu’entraînent nos fils, mais personne n’a la moindre idée de l’humiliation que nous subissons et des conditions dans lesquelles nous vivons.»
Travail au noir en progression
Hamida Mechaï écrit dans El Watan (3 décembre 2012) : « selon la presse qui s’est fiée aux enquêtes de l’ONS, le nombre d’algériens exerçant au noir a triplé en dix ans. 3,9 millions en 2010 contre 1,6 millions en 2001. »
10.000 tentatives de suicide par an
Dans le Quotidien d’Oran (8 décembre 2012), on peut lire, sous la plume de Ziad Salah, que lors du Colloque pluridisciplinaire « Algérie, changement social ou crise sociétale totale » de la journée d’études organisée par le laboratoire Philosophie, sciences et développement en Algérie de l’Université d’Oran avec des philosophes, médecins, psychiatres et sociologues venus des universités de la région, qu’il y avait 10.000 tentatives de suicide par an en Algérie.
Coût de la vie
Yazid Alilat précise dans Le Quotidien d’Oran du 24 décembre 2012 : « Le coût de la vie a augmenté en Algérie durant les onze premiers mois de l’année 2012, passant à des niveaux jamais atteints, en dépit des déclarations rassurantes du gouvernement. Selon les derniers chiffres de l’ONS, l’inflation a bondi à 8,1 % à fin novembre 2012. Une surchauffe expliquée par l’Office national des statistiques(ONS) par une hausse généralisée des produits alimentaires et agricoles. Cette hausse a été tirée essentiellement par les biens alimentaires (12 %) dont 20,8 % pour les produits agricoles frais et 4,7 % pour les produits alimentaires industriels. Sur la même trajectoire, les autres types de biens, comme les produits manufacturés et les services, les hausses sont là respectivement avec 6,8 % et 5 % durant la même période. En fait, de janvier à novembre 2012, plusieurs produits agricoles ont pratiquement flambé sur les marchés, de gros ou de détail: il s’agit notamment de la pomme de terre (37,7 %), la viande de mouton (30,4 %), la volaille (19,3 %), les légumes frais (13 %), les poissons (11,6 %) et les fruits frais (6,4 %), ajoute l’ONS. D’autres produits alimentaires industriels ont également enregistré des augmentations, notamment les boissons (14,6 %), le sucre (4,8 %), les huiles et graisses (4 %), le lait et dérivés (2,4 %). Pour le seul mois de novembre, par ailleurs, l’indice des prix à la consommation s’est établi en hausse de 8,1 % à Alger par rapport au même mois de 2011, donnant un coup d’accélérateur à l’inflation annuelle qui s’est située à 8,6 % en novembre dernier contre 8,3 % en octobre. En fait, c’est l’indice des prix à la consommation de la ville d’Alger qui sert de référence pour le taux d’inflation nationale. Celui-ci s’est établi en hausse de 8,1 % en novembre dernier et par rapport à la même période 2011 contre 9,9 % en octobre 2012. Selon l’ONS, cette surchauffe est le résultat de la hausse de plus de 22,6 % des prix des produits agricoles frais. Les produits alimentaires en général ont augmenté de près de 12 % avec 22,6 % pour les produits agricoles frais et 3,3 % pour les produits alimentaires industriels, indique l’Office, qui précise qu’à l’exception des fruits frais, qui ont connu une variation de près de 0,5 %, les autres produits alimentaires sont en forte hausse, notamment la viande de poulet (41,6 %), la viande de mouton (31,8 %), le poisson frais (28,2 %) et les oeufs (18,6 %). La hausse de la pomme de terre au mois de novembre a été, par ailleurs, de 16,9 % et les légumes frais 14,2 %.
Les chiffres de l’ONS confirment en fait l’extrême volatilité des prix des produits agricoles sur les marchés algériens. Que ce soit à Alger, Constantine, Médéa, Oran ou les villes de l’Est du pays, c’est le même constat: les prix des produits agricoles flambent. La pomme de terre de saison à 55 DA, la tomate à plus de 120 DA, les poivrons à 160 DA et plus, les haricots verts à 260 DA, les navets et les carottes à 80 DA, c’est en fait tout le panier de la ménagère qui explose. Au moment où des déclarations d’officiels, notamment le ministre des Finances, qui prévoient une baisse de l’inflation en 2013. Même les déclarations du ministre de l’Agriculture sur les prix à la baisse de la pomme de terre et des produits maraîchers sont ainsi battues en brèche par les chiffres de l’ONS. La fin de l’année 2012, avec les traditionnelles fêtes, devrait enregistrer un rebond de prix des produits agricoles frais, ce qui, évidemment, alourdit encore plus les charges des familles. Même si des chutes de prix plus ou moins importantes ont caractérisé certains produits, notamment les légumes (-19,5 %), les fruits (-13,9 %), la viande de poulet (-9,8 %) et la viande de mouton (-3,5 %) au mois de novembre. Le calme avant la tempête ? »
Informations recueillies par Zohra Ramdane