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L’affaire du Plutonium de Cadarache

Il ne s’agit pas un accident nucléaire mais un problème de comptabilité de matière fissile, qui normalement fait l’objet d’un contrôle régulier de la part des inspecteurs de l’organisme de sûreté.

Là, il n’y a aucun risque d’accident de criticité, en particulier parce que ces kilos, principalement sous forme de poudre, sont dispersés.

L’atelier Pu de Cadarache qui date des années 60 a été conçu à l’origine pour la fabrication des combustibles Pu pour la filière « rapide » que l’on conditionne sous forme de pastilles à partir de poudre, par frittage. Les deux charges de combustible de Super Phénix y ont été fabriquées. C’est déjà plusieurs tonnes de Pu ! L’atelier a ensuite été reconverti pour le combustible MOX des réacteurs à eau légère REP, mixte d’oxyde de plutonium et d’uranium, toujours sous forme de pastilles. Récemment, pour un contrat spécifique d’évaluation pour les USA, un peu plus d’une centaine de kilos de Pu américain y ont été traités (c’était déjà un drame annoncé pour les anti-nucléaires). Donc l’atelier a vu passer des tonnes et des tonnes de Pu dans plus de 400 boites à gants..

Le niveau 2 de l’échelle accidentelle (pas un grand niveau tout de même…) définit par les responsables de la sûreté, est un niveau fictif. En effet, il suppose la possible concentration en une masse continue et géométrique – cube, sphère … – de tous ces kilos de poudre de Pu. Les décontamineurs qui l’extraient n’en font évidemment pas un gros tas sur le plancher de l’atelier, mais de la poudre sur les murs, le sol des boites a gants totalement hermétiques. Il s’agit donc d’une erreur d’estimation de la quantité de poudre qui s’est déposée sur les paroies des boites à gants, une erreur de 20 kg sur les plusieurs tonnes de poudre de combustible qui ont été traitées dans 400 boites à gants depuis les années 60 ! On mesurera le % d’erreur…

L’accident de criticité (et non pas d’explosion nucléaire ! ) qui pourrait se rapprocher le plus (en terme de potentialités d’accidents avec une poudre d’oxyde d’uranium enrichi en l’occurrence) est celui de Tokaï-Mura en 1999 au Japon. Mais là on était dans la situation d’une coulée de poudre (donc toute la poudre de combustible était rassemblée et en grande quantité). De fait, à Tokaï-Mura, après une manœuvre erronée, trois techniciens japonais avaient été irradiés, la zone d’habitat avait été évacuée et il n’y avait eu aucune conséquence pour la population environnante. Mais rien de cela à Cadarache.

Il y a déjà eu des accidents à Cadarache – explosion d’hydrogène dans un opération liée au démantèlement de Rapsodie/ Fortissimo, prototype de la filière rapide datant de 1967 et arrêté depuis longtemps, petit rejet d’Iode radioactif récemment, … – mais ce n’est pas un centre nucléaire qui peut être à l’origine d’un accident majeur ! Il faut le dire clairement ! Par exemple, cet atelier Pu (où il y a eu une erreur sur le comptage de la quantité de poudre sur les parois) a été fermé précisément parce qu’il n’était plus conforme aux normes de résistances au séisme pris comme référence, et il faut tout de même savoir que des marges considérables sont prises dans les hypothèses sismiques. En l’occurrence, l’épicentre du séisme pris comme référence se situerait de l’autre côté de la Durance, plus près de Manosque donc. Il est dans la pratique atténué et son spectre modifié. Et si in fine les murs de l’atelier se fendent et tombent, cela ne conduit absolument pas à une explosion nucléaire ! Mais évidemment, comme cette éventualité sismique ne peut pas être acceptée, il a été décidé de démanteler cet atelier, d’où son arrêt maintenant définitif.

Il est clair que beaucoup de gens d’horizons divers, pas seulement les anti-nucléaires, veulent la mort de Cadarache (plus de 4500 emplois directs) parce que c’est le centre d’études expérimentales et théoriques clé pour mettre au point les réacteurs nucléaires.

Ainsi, on voit Michel Vauzelle, président de PACA, qui est bien content d’importer en PACA du courant d’origine nucléaire, faire semblant de s’inquiéter pour la population et les travailleurs du site. Peut-être devrait-il, sur ce point, considérer surtout que cela met au chômage technique les décontamineurs (environ 80) concernés par les opérations de démantèlement, qui de toute manière devront bien intervenir.

Le Val de Durance est déjà en voie de désindustrialisation accélérée,- ARKEMA ferme son usine de Saint AUBAN, le site SANOFI est menacé… -, veut-on encore aggraver la situation ? Le taux de chômage des Alpes de Haute Provence étant déjà un des plus haut de la région PACA, où va ce département ?

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