Voir dans le précédent numéro : « Laïcité : regardons comment les candidats à la présidentielle se positionnent face à l’école privée »
1/ « Le succès du privé est une conséquence et non une cause »
Oui l’école privée, essentiellement catholique, est discriminante mais comment expliquer que de plus en plus de familles, y compris musulmanes, fassent des pieds et des mains pour y mettre leurs enfants ? Il faut bien se poser le problème !
Le vrai problème est le fonctionnement de l’école publique et de ses résultats confirmés par de nombreuses enquêtes . Et ce n’est pas qu’un problème de moyens ; qu’ils baissent ou augmentent depuis plus de vingt ans la dégringolade se poursuit . Pourquoi ?
Je suis enseignant retraité et mon fils a fait tout son cursus jusqu’au niveau d’ingénieur dans les établissements publics du secteur mais aujourd’hui la situation est bien différente : ghettoïsation, communautarisation, méthodes et programmes absurdes, problèmes de violence, enseignants mal ou pas formés et pas respectés . Mais qui aura le courage de faire un vrai bilan ? et de proposer de vraies solutions ?
Sinon, l’enseignement, de plus en plus privé, croîtra inexorablement et le public sombrera en garderie au rabais .
J. Champetier
Commentaire de la Rédaction
Ce lecteur indique bien les problèmes majeurs de l’enseignement public ; bien sûr « Le succès du privé est une conséquence et non une cause », mais il refuse malheureusement de voir la cause dans les moyens. Par exemple, « les enseignants mal ou pas formés, pas respectés » : à l’époque où tout se mesure par l’argent, comment les jeunes respecteraient-ils des gens qui gagnent si peu (pendant tout le milieu de ma carrière, mes étudiants démarraient avec le même salaire que moi au bout de 20 ans) ? comment les bons étudiants s’engageraient-ils dans l’enseignement quand on leur leur propose le double ou le triple dans le secteur privé ? « La garderie au rabais », ça fait des lustres qu’elle est là, au moins à l’université. Le mauvais fonctionnement que dénonce notre lecteur n’est pas la cause, mais il a une cause, la baisse des moyens (quand a-t-on vu une hausse des moyens ?), la casse de l’enseignement public ayant commencé avec la crise ouverte dans les années 70 et le refus de l’impôt exprimé dès les années 70-80 (l’anti-fiscalisme de Reagan-Thatcher repris hier par Médecin-Le Pen père et aujourd’hui Fillon).
MZ
2/ « La conséquence d’une série de réformes menées par la droite et le PS en alternance »
J’ai lu avec intérêt votre article sur les écoles privées catholiques que je partage… sauf que si un petit d’origine maghrébine est très bon, il n’est pas refusé.
La loi prise à la suite de la manifestation des écoles privées par le PS reste un vrai scandale même si elle a améliorée la formation de enseignants du privé sous contrat. mais n’oublions pas qu’il y a aussi le privé commercial très agressif et très ségrégatif.
N’oublions pas non plus cette ubérisation commencée avant que le mot existe de l’école publique, ubérisation débutée avec brio par le PS aussi : démantèlement de l’enseignement technique long au profit de l’apprentissage, puis dans un second temps de l’enseignement professionnel (le PS a su habilement jouer sur les clivages internes à la FEN).
Qui vraiment a protesté ? Et pourtant avec notre enseignement à double finalité venue de la Libération, l’enseignement technique bien fait, avec des programmes non dégradés, a lutté sans bruit contre les inégalités scolaires.Ces réformes ont lancé ce grand marché de la formation professionnelle auquel nous assistons aujourd’hui,
– introduction de langues vivantes sans formation des enseignants avec le recours à des personnes sous contrats privés. Rebelote avec N:B: la ministre actuelle pour une LV dès le CP.
– la fameuse réforme dite des rythmes scolaires qui la baisse des moyens des communes aidant se traduit de façon grandissante à un système payant assuré par un marché fructueux en train de s’installer.Et c’est encore un ministre socialiste Allègre qui a popularisé l’idée qu’il fallait « dégraisser le mammouth ».
Avec ces amis de l’école publique laïque et gratuite, les ennemis ont une voie dorée toute tracée.
Tout cela conduit à un recrutement grandissant d’enseignants en contrats plus ou moins privés, en CDD ou en vacations, sans formation, laissés à eux mêmes dans des conditions difficiles, qui eux aussi se sentent abandonnés de la société.
Certes personne ne parle vraiment de cela et c’est encore Mélenchon qui parmi les candidats en parle le mieux.
Il ne manque pas d’études pour dénoncer l’aggravation des inégalités par l’école française, ce qui n’est qu’en partie vrai.
Mais ce n’est là que la conséquence d’une série de réformes menées par la droite et le PS en alternance ! Au loin crie le loup.
Madeleine Jorand