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L’art à l’école : un témoignage

« Le but de l’Education est la création d’une culture… A partir des vocations qui sommeillent dans l’élève. »  Pasolini dans L’école sans fétiches.

Des principes à l’application

L’enrichissement culturel de l’élève est un facteur de progression dans sa scolarité mais aussi dans sa formation : la culture est un vecteur diachronique, transdisciplinaire qui saisit et questionne l’élève dans sa globalité sans le saucissonner dans les disciplines enseignées. Il est  donc indispensable de lui donner un soutien culturel et de susciter sa curiosité envers les différentes expressions artistiques.

L’ouverture à la culture et à l’art m’a toujours semblé le meilleur rempart contre le désespoir et la violence que l’adolescent  peut se  faire à lui-même plutôt que le sport.

L’œuvre d’art crée du sens et questionne, or c’est le sens qui est souvent absent de l’enseignement : à quoi serviront nos connaissances,  nos diplômes ? Pourquoi faire des efforts ? Avant qu’il ne soit soumis aux impératifs  de la production  dans une société de la marchandisation, le fait d’avoir exercé un œil critique devant une œuvre d’art, c’est-à-dire devant quelque chose de gratuit prépare le jeune à exercer cet œil critique dans sa vie de consommateur ainsi que dans sa vie de citoyen.

Le but essentiel  de l’Ecole est de former un homme capable de comprendre son temps, et d’anticiper sur ce temps pour se construire un futur,  or l’Art au-delà des professions, au-delà des classes sociales,  pour peu qu’on lui donne une place importante dans la scolarisation  est ce qui unit les hommes : Il est une projection et les créateurs qui traversent le temps peuvent être des modèles que la société n’offre que rarement :

L’Art est un langage et l’Ecole est un des lieux si ce n’est le seul lieu où l’on peut fournir les outils pour l’apprivoiser,  le rendre intelligible,  le plus tôt possible, dès la maternelle.

L’Art est un moyen de lutter contre l’élitisme : élitisme de l’accès au musée, au théâtre, à la littérature, à la musique ; Vitez disait « je veux un élitisme pour tous pour éviter un populisme pour tout le monde  c’est-à-dire pour personne ». Pour aimer et comprendre l’Art  il faut du temps, un lieu, une méthodologie d’approche,  aussi quel meilleur lieu que l’école qui enseigne des « savoir-faire » mais surtout du « savoir être » c’est-à-dire créer du sens ?                                                                                                                                                       

Comment faire entrer l’art à l’école ?

Créer des conditions d’immersion pour initier les élèves au théâtre, à la peinture, à la bande dessinée, à la musique, à l’architecture.

S’assurer que les élèves ont un accès direct aux œuvres d’art et que cela ne se fasse pas seulement dans les cours traditionnels de musique ou de dessin qui peuvent parfois ne pas les intéresser.

Elargir l’espace de créativité à la classe à l’établissement scolaire, à la ville.

Par exemple, pour les enseignants de toutes disciplines :

Certaines comme la philo, l’histoire, le français se prêtent mieux à l’éveil de la sensibilité et de la créativité de l’élève, mais, l’asymptote n’est-elle qu’une courbe mathématique ? L’astronomie, la physique ne sont-elles que des sciences précises et ne peuvent-elles donner matière à la poésie ? Un atelier fer doit-il ignorer les mobiles de Calder ?

La culture n’est pas « un supplément d’âme », elle est dans tout ce qui s’enseigne et le professeur doit être celui qui crée du sens à défaut de quoi il ne sera qu’un mauvais transmetteur de savoirs. La culture qui embrasse à la fois la connaissance des temps passés  mais aussi celle du temps de l’élève qui en est le témoin et parfois la victime.

Comment peut-il s’y prendre dans sa classe et dans son enseignement ?

-En ouvrant l’école  aux courants artistiques mais aussi aux mouvements sociaux sans  sous-estimer   la possibilité de compréhension de l’élève : ainsi à l’émigration des temps antérieurs   étudiés en cours fait écho l’émigration actuelle souvent mal comprise dans les familles, c’est le moment  de débattre autour de cette question pour tenter de changer le regard souvent malveillant sur ces « étranges étrangers  » en rétablissant les causes de leur exil. La tolérance aussi s’enseigne.

– En partant de sa culture : pour Shusterman, philosophe américain, il est urgent que les intellectuels prennent en compte les Arts populaires et en  élaborent une critique faute de quoi «  on risque d’avoir une division de plus en plus profonde entre la vie intellectuelle  et la vie culturelle vraie ». Les enseignants ont à prendre en compte la culture de l’élève,   de son environnement, l’apprécier, en faire la critique pour former son goût et lui donner l’inquiétude du Beau.

La présence de l’art à l’école passe donc par tous les professeurs qui ont à  intégrer  dans leur pédagogie quotidienne la culture de l’élève,  pour l’ouvrir  à une culture générale : l’art permet ce raccourci entre la petite Lucy née il y a 3,5 M d’années et les cosmonautes de 2001 de l’Odyssée de l’Espace

-En proposant à la classe soit seul soit avec l’équipe pédagogique une activité culturelle comme, un voyage, une visite d’expositions, un spectacle, l’élaboration de textes à partir d’un thème, la réalisation d’une  bande dessinée ou encore  une création théâtrale à partir de textes étudiés en classe ou à partir d’improvisations proposées par les élèves.

Ces projets préparés au cours de  l’année ont le mérite de donner une perspective aux élèves, de les enrichir, de travailler ensemble,  de s’exprimer et surtout  d’impliquer l’enseignant  dans l’activité qu’il propose, ce qui permet entre autre de transformer la relation enseignants/enseignés.

L’école comme lieu de culture et d’expression artistique

Il est important que l’école se signale comme un lieu de culture, dans le quartier, dans la  ville, en  accueillant des artistes, en s’ouvrant pour accueillir les parents d’élèves ou les habitants à des manifestations culturelles proposées par les élèves, par  les équipes pédagogiques . Ces manifestations  qui demandent une longue préparation ont le mérite d’impliquer toute la communauté scolaire et de créer ainsi des liens entre des intervenants qui n’ont que rarement l’occasion de se rencontrer sauf à l’occasion d’un problème ou d’une sanction (équipe de direction, service d’intendance  enseignants, intervenants extérieurs, élèves, etc.)

Est-il utopique que l’école puisse assumer cette tâche ? Non, mais à condition :

L’art, et par extension, la culture  qui sont plus particulièrement les outils privilégiés pour lutter contre les inégalités et le fatalisme « des élèves qui décrochent »  je les ai utilisés avec plus ou moins de succès tout au long de ma vie professionnelle

Comme professeur pendant 8 ans  à la fois en collège et en lycée, professeur de Lettres classiques,  il m’était facile d’intéresser les élèves aux différentes expressions artistiques et en particulier à l’expression dramatique par l’intermédiaire des textes étudiés en classe. En latin et en grec dont la grammaire est rébarbative, la civilisation riche de l’antiquité me permettait de faire voyager les élèves dans le  monde fantastique des dieux et des héros.

Au collège, avec des élèves de  6e et  de 5e :

-Préparer un spectacle à jouer devant d’autres élèves donne vie aux textes,   supprime le côté rébarbatif de la discipline  exigée pendant le cours  tout en rendant la classe plus solidaire.

– Se rendre au centre de documentation pour découvrir des livres sur  d’autres civilisations ou sur la peinture de la période étudiée en cours est une démarche « active » qui intéresse particulièrement les élèves.

– Faire soi -même la lecture à voix haute d’un texte comme l’Odyssée par exemple et continuer le récit d’un cours à l’autre rend les élèves attentifs et curieux d’entendre la suite : c’est un exercice qui peut leur donner le goût de la lecture.

-Travailler en équipe  sur un thème commun avec les professeurs d’autres disciplines pour élargir le champ culturel.

-Emmener les élèves au théâtre, au cinéma, aux expositions pour enrichir leur culture, rendre vivant l’enseignement reçu en classe mais aussi  pour les familiariser avec des lieux que certains parents ne fréquentent pas.

-Accueillir dans la classe des artistes.

 Au lycée   

En seconde,  les élèves ont  eu envie à partir de l’étude de certains de monter un spectacle à partir du thème : « La Guerre et l’Amour » ; en première : «  L’Homme et la Liberté ». Ils ont donc choisi des poèmes et nous avons réalisé à chaque fois un spectacle composé uniquement de poésies. La réalisation de ce projet  a énormément plu aux élèves qui se sont pleinement engagés  à la fois en tant qu’acteurs mais aussi en tant que techniciens du son et de la lumière.

J’ai pu expérimenter tout au long de ma vie professionnelle l’intérêt de cette démarche pédagogique à savoir :

Ce type de démarche introduit le  plaisir,  la joie au sein de la classe qui devient d’autant plus réceptive à l’enseignement purement scolaire.

Si cette démarche conduite tout au long de l’année a eu des retombées positives sur l’enseignante que j’étais et sur les élèves, il n’en a pas été de même en ce qui concerne ma relation avec le chef d’établissement qui a tenté d’interdire la représentation sous  prétexte  que les poèmes étaient trop engagés.   L’Inspecteur d’Académie mis au courant non seulement ne l’a pas suivi mais a assisté à la représentation et lui a demandé de l’accompagner alors qu’il ne souhaitait pas le faire.

Il faut dire qu’on était en 1968 et que j’avais emmené les élèves de ma classe assister à un débat organisé par la Maison des jeunes alors que le proviseur interdisait tout rassemblement dans la cour du lycée ; j’estimais qu’ils étaient concernés et qu’ils avaient le droit de suivre les évènements en participant à un débat d’idées plutôt qu’en  s’impliquant dans des actes de violence. Ces élèves étaient spectateurs et acteurs d’un évènement social et culturel qui ne manquerait pas de les questionner et serait un moment fort de leur vie.

Nous n’avions pas le droit nous les professeurs de les tenir à l’écart mais  au contraire de les accompagner.

Je n’ai subi aucune sanction pour cette « désobéissance », ce qui est bien une preuve de la liberté de l’enseignant quand il agit selon ses convictions  dans l’intérêt de l’élève  et dans le respect de la déontologie.

C’est ce poids de la hiérarchie qui m’a donné l’envie d’être moi-même chef d’établissement pour agir plus librement et pour chercher avec une équipe  comment rendre l’Institution plus douce, plus apte à réduire les inégalités   et moins rébarbative aux yeux des élèves mais aussi aux yeux des parents «  j’étais réaliste , je voulais l’impossible » On était en 1968 !

Comme chef d’établissement

Faire de l’art un outil de développement de l’élève  est  facile si le chef d’établissement a construit avec tous les partenaires un projet où la culture et l’art sont envisagés comme les outils de formation et  d’éveil de  l’esprit  critique.

En  conclusion

Je pense d’après mon expérience qu’un établissement scolaire qui reconnaît que la culture est un élément essentiel non seulement dans l’acquisition des connaissances mais aussi dans la formation de l’élève verra la violence  baisser,  l’intégration des élèves dits « difficiles » s’améliorer, la vie scolaire s’apaiser, les inégalités se réduire.

Cette démarche pédagogique suppose :

* un travail en équipe   dont l’objectif commun est celui   de trouver  les outils pour réconcilier les élèves  avec l’école,  pour réduire les inégalités, pour  les  préparer  à être un homme, une femme  dont la richesse de l’apprentissage fera d’eux des citoyens libres et critiques capables de rentrer en résistance quand ils le jugent nécessaire.

* des enseignants chercheurs.

* une vie scolaire harmonieuse basée sur le plaisir d’apprendre.

* des éducateurs libres et engagés qui assument leurs choix.

Annexe : des exemples

1/ En collège  de 1968 à 1986

J’obtiens la direction d’un collège tout juste créé à Villeneuve d’Ascq.

 Ma première tâche a été de lui donner un nom,  j’ai donc proposé avec l’équipe éducative, sans suivre la voie hiérarchique,  le nom  de Rimbaud  or des noms avaient été  sélectionnés   parle Département en accord, je suppose avec l’Inspection académique ce que je ne savais pas.  Toute nouvelle dans la profession je ne connaissais pas les règles administratives et la lenteur de leur démarche….Le combat a été rude mais le collège a gardé son nom.

 Si je rapporte cette anecdote c’est qu’il me semblait que l’appellation d’un établissement scolaire pouvait préfigurer les intentions de l’équipe  qui l’animait ainsi que l’accueil qu’elle réserverait aux élèves : à la réflexion je voulais créer  une poétique  de l’Ecole : «  par les soirs bleus d’été j’irai par les sentiers….. »

Nous avons créé  le foyer  socio-éducatif, centre des activités culturelles et lieu commun à tous les membres de la communauté scolaire ainsi qu’aux intervenants extérieurs.

C’est au sein du foyer que le  club  théâtre animé par deux professeurs de langue et moi -même  a pu exister. Il a fallu pour cela aménager un local muni d’une scène dans le sous- sol du restaurant scolaire jouxtant la chaufferie…Les textes joués étaient des improvisations des élèves sur leur vie de collégiens, leurs inquiétudes, leurs joies, leurs émotions .Les textes étaient décapants car les adultes  étaient bien souvent caricaturés  mais leur regard nous remettait en question et leur permettait d’exprimer joyeusement des moments de leur vie et d’évacuer férocement leurs  ressentiments. Nous étions aidés et soutenus par la Scène nationale de Villeneuve d’Ascq « La Rose des Vents ».

 Toujours dans le domaine du théâtre, nous avons  invité Philippe Caubère qui venait de terminer le film sur Molière mis en scène par Ariane Mnouchkine : les élèves réunis dans la salle de sports ont pu lui poser  des questions sur son métier d’acteur, sur Molière et sur le théâtre.

 De nombreux échanges  culturels et linguistiques  étaient organisés chaque année par les professeurs.

 En arts plastiques, Dodeigne est venu parler de la sculpture et de ses œuvres tandis  que des peintres lillois de L’Atelier de la Monnaie (Majoub Ben Bella, Roger Frézin, Marco Slynkaert, Marie Thérèse Chevalier, Joel Lardeux) exposaient leurs tableaux dans la salle destinée au  théâtre mais aussi aux expositions.

Des fresques ont été  peintes par les élèves sur les murs extérieurs de l’établissement sous la direction de Jean-Pierre Faivre, peintre et professeur de dessin, pour toutes les classes du collège. Nous avons pris cette décision sans en avertir le Département qui ne nous aurait peut-être pas autorisé d’intervenir sur les murs pas plus que l’Inspection académique qui n’aurait pas vu d’un bon œil que les élèves soient transformés en peintres et les cours de dessin dédoublés, ce qui  était contraire aux textes. Les fresques de la totalité des trois bâtiments du collège sont donc  une œuvre collective des élèves. Le béton gris a pris toutes les couleurs de la palette et les murs se sont animés de personnages fantastiques sortis de leur imagination. Outre l’ambiance  colorée qui rendait le collège plus humain, les élèves s’étaient appropriés les bâtiments qui devenaient les leurs,  donc moins rébarbatifs.   Ils avaient surtout appris l’art et la technique de la fresque   en situation réelle avec pour maître un artiste.

Des élèves de sixième ont mené en compagnie d’élèves de l’Ecole d’Architecture dirigés par leur professeur Jean Patou, une enquête dans la ville sur les matériaux, mais aussi sur les sources et les dépenses  d’énergie liées à la  construction en cours de la Ville nouvelle .Cette recherche a abouti à la réalisation de maquettes  de logements,  à la construction d’une éolienne et à un  labyrinthe  dans la cour du collège. Et à une prise de conscience des élèves qui venaient de  trois villes différentes (Flers, Annales et  Ascq) qu’ils seraient dorénavant les habitants de  Villeneuve d’Ascq, celles-ci ayant fusionné. Grâce à cette expérience les élèves restaient connectés à leur environnement et à la transformation de celui-ci.

Une autre année toujours avec l’Ecole d’architecture les élèves ont réfléchi sur la notion  d’Espace et particulièrement sur celui du collège.  Ils ont choisi de transformer la cour en lui donnant du relief (il faut dire que les  bâtiments alignés autour d’une cour carrée étaient désespérément tristes et sans aucune fantaisie).

Pour ce faire,  à partir de dessins des élèves, la cour a pris l’allure d’un vallonnement   de terres amenées de l’extérieur,  modelées et recouvertes de pavés. Là encore je n’ai demandé aucune autorisation : cette démarche  étant inscrite dans le projet d’établissement  avait été discutée par l’ensemble de la communauté scolaire,  ce qui me semblait suffisant pour engager ma responsabilité.

Par la suite j’ai mesuré le risque que j’encourrais : le mécontentement des enseignants qui traversaient une cour boueuse au début des travaux quand la terre  se déversait sous la pluie et,  pire encore, le risque que les élèves se servent des pavés comme projectiles….La cour n’était plus la cour carrée et maussade d’un collège, mais  des montagnes russes  qu’ils avaient conçues et confectionnées eux-mêmes sur lesquelles ils jouaient ou bavardaient en petits groupes.

Enfin les élèves se sont emparés d’un pré acheté  au départ pour  agrandir le collège : ils jouaient sous les pommiers et avaient creusé une mare  avant que la construction d’un nouveau bâtiment ne commence.

Le travail mené avec les architectes leur a donné le sens de l’espace dans des interventions appliquées  et ludiques surement plus profitables qu’un cours de dessin à la table et leur a permis de s’approprier  l’espace de leur collège.

C’est une  nouvelle preuve que le chef d’établissement a une grande liberté dés le moment où il prend la responsabilité de ses choix. Pour la petite histoire mon successeur s’est hâté de raser le tout et de faire effacer les  fresques,  usant lui-même, de sa liberté.

Ces manifestations culturelles qui ponctuaient l’année scolaire et faisaient l’objet de fêtes étaient attendues par les élèves qui les préparaient activement ; ils en étaient fiers, leurs parents y assistaient nombreux, elles ont créé une « culture commune » à l’’établissement, ainsi  ils n’étaient pas les élèves de n’importe quel collège mais  les élèves du « collège Rimbaud »

2/ En lycée de 1986 à 1998

Cette école située à Roubaix  avait un nom impossible : LTTEAA : Lycée technique Textile et Art  Appliqué,  avec les professeurs nous avons obtenu de le changer et de lui faire perdre son bégaiement  pour celui d’Ecole Supérieure d’Art  Appliqué et de Textile. Cette dénomination n’a pas été facile à obtenir, le maire ayant déjà choisi le nom d’un patron du textile !

Il s’agissait d’une école d’art où la culture était d’autant plus nécessaire que les élèves admis étaient pour la plupart  issus des classes moyennes et s’ils étaient attirés par les métiers d’art, ils n’avaient cependant pas un niveau culturel leur permettant de connaître les œuvres des artistes  ni  l’esprit critique pour les analyser.  Tout était donc à faire ;  les professeurs s’y employaient dans leurs disciplines d’autant plus qu’ils étaient pour la plupart des artistes et les équipes pédagogiques élaboraient des projets qui concernaient l’ensemble de la communauté scolaire. Comme :

 On se souvient de :

 *Justine ou les infortunes de la vertu, défilé de mode autour des textes de Sade sur l’escalier de l’Hôtel de Ville de Roubaix.

*Alice, à partir « d’Alice au pays des merveilles »dans le patio de L’ENSAIT, afin de rapprocher les ingénieurs textiles des élèves d’Arts appliqués.

 *Révolutionnaires donc Folles, pour le bicentenaire de la Révolution, spectacle complet où les arts plastiques, dramatique et le textile s’entremêlaient : «  Femmes aux cocardes épinglées sur leur jarretière mais femmes dégradées à la fin de la révolution. » Outre l’intention de redonner toute leur place aux femmes qui étaient traitées de « folles »quand elles participaient à la Révolution , l’étude de cette période appliquée à l’expression dramatique a permis aux élèves de chercher une expression artistique et visuelle riche de retombées.
Les représentations étaient publiques, elles ont eu lieu dans une salle de spectacle de Roubaix : les spectateurs et les critiques étaient enthousiastes, les élèves ravis : le spectacle a fait l’objet d’un DVD et de nombreuses photos.
Un partenariat avec le Musée de Roubaix avait été établi dés mon arrivée,  les élèves y accédaient librement et y exposaient   leurs dossiers : cette démarche les familiarisait avec le musée dont ils pouvaient avoir des réticences à franchir le seuil et les mettaient directement dans le monde du travail en se faisant connaître des visiteurs.

*Dans l’EROA de l’ESAAT on se souvient de Pic de la Mirandole,  de François  Bourc, de Raoul Servais….

Pendant ces douze années, Il y a eu comme le disait René Char « toute la place pour la beauté.

 Cette démarche  a plusieurs objectifs :

Faciliter  l’accès pour tous les élèves  aux différentes expressions artistiques, développer leur esprit critique, leur  montrer qu’ils peuvent, eux aussi, s’exprimer « artistiquement ».

 Leur donner le goût de l’étude des arts appliqués par une méthode active de participation à des projets en complément des cours  théoriques.

En un mot les faire progresser dans leur apprentissage du « savoir-faire »  et en même temps du « savoir être »,

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