Plusieurs organisations féministes tunisiennes ont manifesté, samedi 28 janvier 2011, à Tunis, pour réclamer l’inscription de la laïcité et de l’égalité totale entre les hommes et les femmes dans la nouvelle Constitution de leur pays.
En soutien à cette manifestation, les militantes de ces organisations en France et celles des leurs consœurs françaises s’étaient rassemblées au même moment, place Fontaine des Innocents, au quartier les Halles, à Paris.
Il faut dire que nos camarades féministes et laïques tunisiens s’inquiètent à juste titre des menaces pesant sur l’accès de leurs pays à la modernité politique, dite aussi transition démocratique, notamment en matière des droits de femmes, tant les sbires et les lois de la dictature demeurent presque intact, ainsi que les risques que leur fait encourir le parti d’extrême droite, Ennahda, de Rachid Ghannouchi.
Cette formation politico-religieuse avait réclamé par le passé l’abrogation des dispositions égalitaires entre hommes et femmes, contenues dans le Statut du Code personnel tunisien.
La duplicité d’Ennahda
Sachant les islamistes, sans foi ni loi, quand il s’agit pour eux d’atteindre leurs objectifs politiques, ils n’hésiteront pas pour ce faire à s’allier à une partie des caciques de l’ancien régime ou instrumentaliser une fraction de l’extrême gauche empressée dans son aveuglement à les servir.
Les progressistes arabes gardent en mémoire, comment les militants et les dirigeants du Hamas et du Djihad islamique palestiniens, avant qu’ils ne s’organisent en de telles organisations, bien que viscéralement antisémites, s’étaient néanmoins transformés en force supplétive du Shin Bet et du Shabbak israéliens, pour affaiblir la résistance palestinienne, afin d’empêcher à l’époque l’avènement d’une Palestine démocratique et laïque.
La promotion de l’extrême droite musulmane tunisienne
La chaîne du roi du Qatar, Al-Jazeera, dirigée par un militant du Hamas palestinien, s’emploie à faire la promotion de l’extrême droite en Tunisie, qui n’a pourtant pas participé à la récente révolution dans ce pays.
Auxquels s’ajoutent leur financement en millions d’euros par la fraction conservatrice ou rétrograde de la bourgeoisie tunisienne, et par les milliardaires des pays islamistes du golfe.
Les féministes et les laïques tunisiens n’ignorent pas non plus la compromission avec cette extrême droite d’intellectuels, de partis et d’associations de l’opposition de leur pays. Ces derniers s’activent depuis plusieurs années, à la rendre fréquentable.
A titre d’illustration, ils l’ont incluse dans le Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie, crée il y a 10 ans, ainsi que dans l’alliance du 17-Octobre.
Il en est de même de l’autre parti pro-islamistes, le Congrès pour la République, et de son leader, Moncef Marzouki. Celui-ci avait de France où il réside, pris, au nom des droits de l’Homme, partie pour les islamoterroristes en Algérie, contre leurs victimes et les démocrates algériens, constitué des communistes, d’une partie de l’extrême gauche, des syndicalistes, des féministes, des intellectuels, des universitaires…
Comment peut-on construire la démocratie avec les ennemis de la démocratie, partisan de la chari’a ?
Certains chercheurs et certains commentateurs, se copiant mutuellement, nous expliquent qu’Ennahda, ce n’est pas le FIS algérien, c’est-à-dire fasciste et djihadiste. Mais quel est l’imbécile politique, qui a assimilé l’un à l’autre ? De plus, suffit-il pour un parti de ne pas recourir à la violence armée, pour qu’il soit dénué de dangerosité ?
Ils nous expliquent ensuite que de toutes les façons, les islamistes n’ont joué aucun rôle dans la révolution tunisienne, mais qu’il faut néanmoins les légaliser, car la répression ne peut que les renforcer. Les mêmes ne craignent pas de se contredire, en affirmant qu’Ennahda a été affaibli par la répression.
Il nous présente également ce parti, comme semblable à l’AKP turc. En admettons que cela soit vrai, en quoi l’AKP n’est-il pas dangereux ? En France, berceau de la laïcité, l’extrême droite et une partie de la droite n’ont pas eu besoin d’être musulmane, pour tenter de démanteler la laïcité, et d’attenter à certains droits des femmes, tels que l’IVG, etc.
La révolution exemplaire du peuple tunisien
L’exemple tunisien a encouragé le peuple égyptien à vouloir en finir avec le régime de Moubarak, au pouvoir depuis plus de 30 ans, et la levée de l’état de siège, en vigueur depuis 30 ans, également.
Ce dictateur, sous les pressions conjuguées des manifestants et des États-Unis d’Amérique, principalement, vient de nommer, pour lui succéder, lors de l’élection présidentielle de septembre prochain ou avant, si les événements tournaient encore plus mal pour lui, aux postes de Vice-président et de Premier ministre, deux généraux maffieux, et hommes de main des États-Unis d’Amérique et d’Israël.
Les deux principales missions de ces généraux : assurer l’impunité de Moubarak et de sa maffia, à laquelle ils appartiennent eux aussi, en adoptant quelques inévitables réformes, mais sans toucher aux fondements du régime ; et la sécurité d’Israël.
En Algérie, les choses sont également en train de bouger. Bouteflika et son clan sont pris de panique. Ils ont décidé d’importer une grande quantité de produits alimentaires de bases, d’annoncer un prochain remaniement ministériel (sans intérêt), de libérer les jeunes arrêtés pendant les émeutes concomitantes à celles de Tunisie, etc.
Du côté de l’opposition démocratique, de nombreuses initiatives sont entreprises, notamment la mise sur pieds de divers comités, réclamant la démocratie, la levée de l’état d’urgence en vigueur depuis 19 ans… Comme en Tunisie, l’opposition démocratique algérienne sera de moins seule face à la répression politico-policière du régime. De nouveaux acteurs jusque-là découragés, indifférents ou surtout effrayés pas la répression du pouvoir commencent à s’engager dans la lutte pour le changement.
La maffia du pouvoir de Bouteflika craint par-dessus tout, une jonction entre d’une part la population et l’opposition démocratique, et d’autre part, une partie du clan qui lui est opposé, dans l’armée et les appareils de sécurité, le FLN parti au pouvoir, la haute administration d’État…
Fin de la protection des despotes arabes par l’Occident
Désormais, dans leurs combats contre leurs régimes corrompus et répressifs, les peuples arabes ont tiré une leçon capitale : il leur est possible de chasser leurs despotes, pour peu qu’ils fassent preuve de courage et de détermination.
De même qu’ils disposeront dorénavant de trois atouts majeurs : la fin progressive du soutien de l’Occident aux despotes de leurs pays.
Ces despotes ne pourront plus y jouir du produit de leur brigandage, produits, qu’ils y avaient entreposé au cours de leurs règnes. Les biens dérobés seront restitués à leurs États d’origines.
Enfin, la fin annoncée, mais ce n’est pas encore gagné, de l’impunité, dont jouissaient les dictateurs et dirigeants corrompus sur les territoires des pays occidentaux. Ils ne pourront plus y trouver refuge, afin d’y écouler des jours paisibles.
Ces derniers exécuteront à l’avenir les mandats d’arrêt internationaux, émis par les nouvelles autorités politiques, contre les précédents dirigeants ayant fui leurs peuples, comme vient de le faire la Tunisie à l’encontre de l’ancien dictateur et de son épouse.