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Les séquences se suivent : après les élections, les luttes sociales et l’éducation populaire !

Pas de congés payés pour la culture : les luttes se suivent et se complètent. Pour la séquence électorale de 2014, ReSPUBLICA a produit 4 chroniques d’Evariste depuis le 26 mai 2014 (1)http://www.gaucherepublicaine.org/respublica/25-mai-2014-desastre-des-gauches-en-france-que-faire-%E2%80%8B/81862
http://www.gaucherepublicaine.org/respublica/progression-de-lautre-gauche-en-europe-et-regression-du-front-de-gauche-en-france-pourquoi/6182641
http://www.gaucherepublicaine.org/respublica/aux-7-peches-capitaux-de-lautre-gauche-francaise-opposons-7-pistes-demancipation/736042
http://www.gaucherepublicaine.org/respublica/oser-rompre-avec-les-impasses-intellectuelles-et-politiques/7362508
. Plus d’élections avant la fin de l’année 2015. Place donc aux luttes sociales et aux initiatives d’éducation populaire.
Commençons par les deux luttes sociales au sujet desquelles les nouveaux chiens de garde de l’ordolibéralisme ont produit une désinformation exemplaire.

La grève des cheminots

A l’appel de la CGT et de Sud-Rail, un mouvement de grève d’intérêt général a été lancé. Pas contre les usagers mais contre les politiques ordolibérales et pour le bien commun.
Passons rapidement sur les collabos de la CFDT et de l’UNSA, ils ne sont que des adeptes de la servitude volontaire si bien décrite par La Boétie en son temps.
Les professionnels de la désinformation néolibérale (TF1, France Télévisions, BFM, etc.) ont présenté cette grève comme paradoxale, car, disaient-ils, la « réforme » allait dans le sens de la CGT puisque la SNCF était rassemblée grâce à une holding qui n’existait pas auparavant. Faut-il vraiment que les organisations politiques et syndicales aient autant abandonné l’éducation populaire pour qu’une partie importante de l’opinion soit sujette au doute ? Depuis quand une holding empêche-t-elle d’aller vers la privatisation des profits dans une filiale (SNCF Mobilités) et la socialisation des pertes dans l’autre (SNCF Réseaux, qui regroupe RFF et les équipes d’entretien de la SNCF, soit 1/3 des personnels, ainsi que la plus grande partie des dettes)? Car c’est bien de cela qu’il s’agit. De deux sociétés (RFF et SNCF), nous passons à trois (SNCF Réseaux, SNCF Mobilités et SNCF) : le dépeçage continue. Et rien n’y oblige, puisque l’Allemagne a conservé l’unité de son service de chemin de fer. Hé oui, Hollande pire que Merkel, voilà la réalité.
De plus, la holding servira notamment à gérer la concurrence interne des 923 filiales de la SNCF, dont la concurrence entre le frêt SNCF et le frêt privé filiale de la SNCF, et à gérer la concurrence entre la route (Geodis, filiale de la SNCF) et le train (SNCF Mobilités).
Quant au statut des cheminots dont les médias néolibéraux nous sermonnent qu’il n’est pas touché, force est de constater qu’il est noté qu’une convention collective unique doit rassembler l’ensemble du personnel. Mais 98 % des personnels sont sur statut SNCF et 2 % sur statut de droit commun. Le risque d’une convention collective qui diminue les droits des cheminots est donc patent.
Les médias néolibéraux ont claironné que les grévistes prenaient en otage les usagers et les élèves passant le bac. Mais qui a décidé, sinon le gouvernement, de fixer au mardi 18 juin la date du vote de la loi, en plein baccalauréat ? Pourquoi les médias néolibéraux n’ont pas dit qu’il y a eu plusieurs grèves d’une journée depuis plus d’un an et que le 22 mai dernier 1/5 des personnels non cadres ont manifesté à Paris sur le même sujet ? Le refus de la direction et du gouvernement d’en tenir compte poussait alors les grévistes à entamer une grève reconductible.
Et tout cela sans compter le management de plus en plus agressif de la direction, la dégradation des conditions de travail, les fermetures de boutiques SNCF, la baisse de la sécurité (les 7 morts de Brétigny), et le fait qu’entre 2005 et 2012, la part du ferroviaire a reculé d’un point, passant de 10,6 % à 9,6 % des marchandises transportées. Pendant ce temps, la part du transport routier a augmenté de près de deux points, passant de 81,9 % à 83,6 %. Davantage de concurrence, c’est donc davantage de camions et de pollution, etc.
Venons-en aux amendements votés en séance à l’Assemblée nationale. Plusieurs amendements ont été votés sous la pression des  grévistes : les 3 EPIC seront indissociables et solidaires, les négociations se feront au niveau du groupe, un comité d’entreprise existera au niveau du groupe et le groupe SNCF sera l’employeur des agents des 3 EPIC. Mais ces amendements ne règlent rien de fondamental : rien sur la dette (44 milliards), rien sur le financement, aucune assurance que le groupe SNCF et le gouvernement ne continue pas de jouer la route contre le train, aucune assurance que la future convention collective globale ne baisse pas les acquis des cheminots, rien de nouveau contre la « concurrence libre et non faussée » sur les trains à la fin de la décennie, etc.
Le sujet rebondira donc plus tard car le mouvement réformateur ordolibéral, qui procède avec un projet de démantèlement complet du service public SNCF, ne pratique ses « réformes » que par étapes successives, sans transparence sur le prochain acte de son action et sur le but final poursuivi.
Par contre, il est à noter que si les syndicats qui appelaient à la grève s’en remettaient chaque jour aux assemblées générales, force est de constater que la CGT ne parlait pas d’une seule voix, puisque le secrétaire général confédéral semblait plus conciliant suite aux amendements votés que le secrétaire général de la Fédération des cheminots.
Par ailleurs, il est dommageable qu’aucune campagne d’éducation populaire massive n’ait été lancée, car il est clair qu’à chaque mouvement de grève qui peut paralyser le pays, non seulement il faut travailler à la double besogne jaurésienne (plan d’action immédiat et projet à moyen et long terme) mais mener en même temps la bataille de l’opinion qui ne peut se contenter de tracts trop courts qui n’expliquent pas l’essentiel. Voilà qui mérite un débat d’avenir. Voilà ce que pourrait faire un vrai Front du peuple autour des luttes sociales.

La grève des intermittents du spectacle

Là, nous touchons de plein fouet à la marchandisation de la culture organisée par le mouvement réformateur néolibéral avec son lot d’inégalités considérables.
Néanmoins, pour permettre la survie de ce secteur, les pouvoirs publics ont consenti le statut des intermittents du spectacle, sans lequel il serait totalement sinistré faute de subventions publiques suffisantes et de projet culturel financé.
Le mouvement réformateur néolibéral (Medef, gouvernement, syndicats complaisants en pleine « servitude volontaire ») décide cependant de restreindre le statut, en envoyant de nombreux artistes dans une précarité encore plus forte, voire dans la pauvreté. La CGT Spectacles décide donc le lancement d’un mouvement de grève.
Comme pour les cheminots, le gouvernement propose un amendement pour essayer de sauver les festivals de la période estivale : valider l’accord interne du mouvement réformateur néolibéral mais en finançant, uniquement à court terme, le différé produit par la régression patronale dudit accord.
Là encore, cette nouvelle « Valls » du mouvement réformateur néolibéral n’est là que pour gagner du temps à court terme et n’annonce en rien un projet culturel indispensable à l’ensemble du peuple.

Perspectives et propositions à court terme

Cette prochaine année sans élections sera le théâtre de tous les renoncements gouvernementaux contre le social consécutifs aux 50 milliards du Pacte dit de responsabilité. Et comme ces 50 milliards ne seront pas suffisants pour diminuer la dette publique, il y aura donc un nouveau Pacte qui prendra un nouveau nom qui continuera à aggraver les politiques d’austérité. Ce processus sans fin ne pourra s’arrêter que par la résistance du salariat, à commencer par la classe populaire ouvrière et employée et par les couches moyennes intermédiaires. Voilà pourquoi nous devons combiner les luttes sociales syndicales avec des campagnes massives d’éducation populaire qui ne se résument pas à des distributions de tracts, des meetings de déjà-convaincus ou une manif de temps en temps.
La diversification des formes de l’éducation populaire est à la disposition des résistants pour lier la bataille syndicale qui ne concerne que les salariés et leurs syndicats et les initiatives d’éducation populaire qu’un véritable Front du peuple peut animer avec le mouvement syndical revendicatif. Toute la batterie d’outils est alors à disposition : conférences explicatives traditionnelles de proximité, conférences interactives, porte-à-porte de militants formés, ciné-débats, théâtre forum, conférences populaire sans conférenciers, ateliers de lecture de grands auteurs, etc.
Soyons les fourmis et les abeilles de l’éducation populaire au coté du mouvement syndical revendicatif. Vous pouvez bien sûr nous contacter pour tout renseignement et soutien dans cette action.

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