Les vaches sacrées des médias : elles sont plus ou moins cultivées, plus ou moins honnêtes intellectuellement, plus ou moins attachées à la main qui remplit leur mangeoire et qui bien sûr ne doivent pas donner l’impression qu’elle pourrait prochainement ne plus assumer cette alimentaire fonction.
Avouerai-je que surpris par le « grand journal » que je ne regarde plus depuis longtemps, je me suis attardé quand j’ai vu le traitement infligé au tout puissant Sarkozy, et que j’ai eu un sentiment de compassion. Les charognards avaient flairé la mort politique toute proche et sans osé mordre franchement, à l’instar d’Apathie annonçaient la curée. Depuis le temps que je dénonce Sarkozy et le combats avec mes amis, personne ne me soupçonnera d’une quelconque complaisance à l’égard d’un homme qui a porté une politique aussi contraire à mes principes et à mes valeurs. Mais alors là oui, je dois l’avouer devant ce spectacle, je me suis surpris à mépriser ces valets et à me retrouver ce court instant d’un coté, le sien, car ce ne pouvait être celui de ces résistants d’après la libération, qui déjà s’empressaient de montrer qu’ils sauraient servir le nouveau pouvoir. Triste spectacle certes qui ne peut engendrer que le dégout, mais aussi quelle confirmation du danger que représentent pour la démocratie, un pouvoir si nécessaire celui de l’information confiée à des médiocres. Des médiocres qui ne l’ont pas toujours été, mais voilà le pouvoir de l’oligarchie dont ils dépendent, le rôle des institutions les réduit, pratiquement tous à cette sale et dangereuse besogne. Qui résiste, journaliste devenu vache sacrée ? Lequel s’est élevé pour dénoncer la foule qui hurle ce cri stupide et abject aux meetings des Le Pen « On est chez nous ». Cette fonction si noble d’éclairer, de veiller à débusquer la vérité est devenu pratiquement impossible à retrouver chez eux.
L’exemple de Bourdin, parce qu’il a été durant toute cette campagne l’un des plus « résistants » à cette pente est édifiant. Obéissant sans aucun doute à d’autres motivations que celles de plaire à un pouvoir, pas non plus pour mettre en évidence une contradiction chez son invité, non, simplement pour se montrer pugnace et se la jouer style apathie, figure imposée de la médiacratie bien évidemment, présente en l’occurrence la même aberration dans le raisonnement : il pose la question à Jean Luc Mélénchon « faut-il interdire le Front national ? » On comprend sa filouterie, Jean-Luc Mélenchon a depuis le début demandé l’interdiction de ce parti qui n’a jamais rompu sa filiation avec Pétain et dont le fondateur n’a pas hésité à éditer des chants nazis, faisant régulièrement connaître ses attaches non par des dérapages incontrôlés, mais des déclarations destinées à bien le situer comme d’affirmer que l’horreur de la Shoa n’est qu’un détail. Si Mélenchon réponds oui, et Bourdin insiste, il aurait cette réponse qui lui permettrait de s’exclamer : « Comment monsieur Mélenchon vous voulez dissoudre un parti qui a recueilli 7 millions de voix, et on imagine la suite « quelle étrange conception de la démocratie » ! Question tordue qui ne donne que l’apparence de la pertinence, de la quête du défaut de cohérence de Mélenchon s’il répond non, de négation de la démocratie si c’est oui. Posons la même question à Bourdin : lorsque Hitler fait une poignée de voix faut-il comme ce fut le cas avec les ligues factieuses en France en 36, interdire le parti nazi ? Chacun sait ce qu’une telle mesure aurait empêché de malheurs au monde. On imagine, du moins je l’espère, la réponse de Bourdin. Quelques années plus tard, des millions d’Allemands votent pour le parti nazi. Aurait-il été démocratique si on en avait eu les moyens de le dissoudre ? Le nombre de votants changeait-il la nature, la fonction, les buts en un mot l’idéologie du national-socialisme ? En posant sa question à Jean Luc Mélenchon, Bourdin s’est fait une obligation de répondre à cette question qui n’est pas d’actualité, mais relève de l’histoire bien entendu. Chiche monsieur Bourdin.