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« Lettre aux escrocs de l’islamophobie qui font le jeu des racistes », par Charb

Ce livre (1)13,90 euros, 93 pages, paru chez Les Echappés a été terminé par Charb deux jours avant son assassinat le 7 janvier dernier au siège du journal Charlie Hebdo par des tueurs français de l’extrême droite islamiste liés à l’Etat islamique (EI).
Charb, dessinateur, journaliste et directeur de la publication de Charlie Hebdo à partir de 2009, signe avec cet ouvrage son premier essai et malheureusement le dernier. Le livre est intéressant aussi pour voir en quoi la ligne éditoriale promue par Charb depuis cette date est très différente de celle de son prédécesseur Philippe Val. Différence que les communautaristes de gauche feignent de ne pas voir, il a organisé un tournant anti-libéral par rapport à la ligne précédente.
La thèse de l’auteur est qu’il faut lutter contre tous les racismes y compris contre le racisme anti-musulman. Mais il estime qu’il faut critiquer l’utilisation du terme « islamophobie » qui est pour lui très dangereux : l’utilisation de ce terme « laisse entendre qu’il est plus grave de détester l’islam, c’est-à-dire un courant de pensée parfaitement critiquable, que les musulmans eux-mêmes. Or, si critiquer une religion n’est pas un délit, discriminer quelqu’un en raison de son appartenance religieuse l’est incontestablement. »
Il frappe fort en disant que l’utilisation « du mot  »islamophobie » contente à la fois les racistes, les islamistes radicaux, les politiques démagogiques et les journalistes fainéants ».

Le livre démarre sur une charge contre la parole raciste libérée par Sarkozy et son débat sur l’identité nationale. Il poursuit à propos des discriminations en notant par exemple que, pour obtenir une location d’appartement, elles touchent plus la visibilité d’arabe (qui peut-être chrétien, musulman ou athée !) que celle de musulman. Mais « l’anti-islamophobe criera à la discrimination religieuse au lieu de s’insurger contre le racisme ». Après un rappel du Code pénal, il fustige le fait que l’on ne parle pas assez des discriminations sociales. S’ensuit une critique des religions et donc aussi de l’islam. Avec l’idée que tous les courants de pensée sont critiquables.
Puis, vient une critique des journalistes et de la politique au service de « l’islamophobie », des élites qui infantilisent les musulmans au nom de la lutte contre « l’islamophobie ». Charb revient également sur l’affaire des caricatures de Mahomet. Partant d’une étude de l’Institut national d’études démographiques (Ined) et de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), il montre l’écart entre le nombre de personnes se déclarant de religion musulmane (2,1 millions pour 11,5 millions se disant de religion catholique et 125.000 de religion juive) et les chiffres des journalistes et des politiques qui amalgament tous les Français et étrangers d’origine arabe comme étant de religion musulmane. Il écrit alors que « la foi ne se transmet heureusement pas par les gènes, comme aimeraient nous le faire croire les communautaristes et… l’extrême droite ». Il fustige les politiques qui « jouent contre la république en flattant le croyant supposé plutôt que le citoyen. ». Il reproche à François Hollande de se rendre ès qualités à la Grande Mosquée (et dans les autres édifices religieux des autres confessions) pour faire du clientélisme religieux. Il critique François Hollande qui honore les musulmans en tant que héros de la Grande Guerre « alors qu’ils sont avant tout des victimes. Devant eux, il y avait les balles allemandes, derrière eux, les baïonnettes françaises. »
Ensuite, il revient sur « les héros de la lutte contre « la prétendue islamophobie de Charlie Hebdo ». Puis explique que pour les communautaristes « Charlie Hebdo est devenu plus dangereux qu’Al Qaïda ». Ensuite, l’auteur montre que les catholiques jaloux de ne pas avoir pensé les premiers d’un concept aussi porteur tentent de développer le concept de cathophobie ! Il critique le journaliste Alain Gresh quand il fait l’amalgame entre les intégristes religieux et l’ensemble des croyants de ladite religion. Il critique Plantu qui réclame « une trêve des blasphèmes ». Il critique toutes les lois contre le blasphème, y compris celles concernant l’outrage au drapeau français (décret du 21 juillet 2010) et à l’hymne national (loi du 18 mars 2003), pour conclure que l’athéophobie comme critique de l’athéisme est un droit pour tous !
Ce livre est un bon support, facile à lire pour toute opération d’éducation populaire.

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1 13,90 euros, 93 pages, paru chez Les Echappés
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