NDLR – Soulignons que, pour la France, mettre en totale pratique la décriminalisation du délit de blasphème implique d’abroger l’article 166 du code pénal local en vigueur en Alsace-Moselle
Les Ministres des Affaires Etrangères européens, réunis en Conseil à Luxembourg lundi 24 juin, ont adopté les nouvelles « Lignes directrices de l’Union sur la promotion et la protection de la liberté de religion ou de conviction ». Rappelant la neutralité de l’UE vis-à-vis de toute religion ou croyance, ces lignes directrices constituent une boîte à outils pour aider l’Union à promouvoir la liberté de religion ou de conviction hors de ses frontières et faire face aux possibles violations de ce droit dans les pays tiers.
La Fédération Humaniste Européenne (FHE) salue l’approche équilibrée adoptée par le Conseil qui reflète la proposition du Service d’Action Extérieure Européen (Commission européenne) et s’éloigne des positions conservatrices avancées par plusieurs députés européens. Les droits des non-croyants, agnostiques et athées seront protégés par l’UE ainsi que le droit fondamental de changer ou d’abandonner sa religion ou ses croyances. L’UE s’opposera également à toute limitation d’autres droits fondamentaux ainsi qu’à toute violence à l’encontre des femmes, des enfants, des minorités religieuses et des personnes LGBTI justifiées au nom de la liberté religieuse. Par ailleurs, la FHE constate avec satisfaction que le droit à l’objection de conscience reste limité au service militaire et n’a pas été étendu aux services de santé reproductive et sexuelle tels que l’avortement ou la contraception.
Concernant la liberté d’expression, l’UE réaffirme clairement le droit de critiquer et de tourner en ridicule une religion ou une croyance, tout en promouvant le respect et la tolérance entre les personnes de convictions différentes. Il est intéressant de souligner que si l’UE défend les droits des croyants et non-croyants, elle ne protège donc aucune religion ou croyance en tant que telle. Elle recommande également explicitement de décriminaliser le délit de blasphème dans les pays tiers concernés.
La FHE regrette cependant que l’UE ne soit pas aussi ferme en la matière vis-à-vis de ses Etats Membres. Aujourd’hui encore, plusieurs Etats européens interdisent le blasphème ou sanctionnent l’ « insulte religieuse » dans leur législation. La FHE demande donc à l’UE d’adopter une position cohérente sur le blasphème et d’encourager ses Etats Membres à abolir ces lois comme le recommandent la Commission de Venise et l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe.
En tant qu’organisation de la société civile, la FHE est disponible pour contribuer à l’amélioration de ces outils destinés à protéger la liberté de conscience, de religion et de conviction dans les politiques extérieures de l’Union.