Plusieurs centaines de milliers de manifestants ont défilé dans toute la France le 12 septembre 2017. Une première étape qui doit nécessairement être durcie très rapidement pour mettre fin à la loi Travail XXL, et conquérir de nouveaux droits.
« Les médecins peuvent faire des ordonnances, les macronistes non »
Si ce slogan popularisé en mai 68 est à nouveau d’actualité, en remplaçant « gaullistes » par « macronistes », c’est que la conception jupitérienne du pouvoir s’inscrit dans une longue tradition autoritaire. Les dernières déclarations de Macron sur les opposants à la loi Travail, réunis sous la bannière commune de « cyniques, fainéants et extrêmes », ne sont pas une nouveauté. Le courant macroniste, qui se pense résolument moderne et transgressif en insultant les plus pauvres et la majorité des Français qui ne font pas partie des vainqueurs du capitalisme et de la mondialisation, continue une guerre de classes. Mais, pour la gagner, il souhaite cliver le monde politique entre les anciens et les modernes, entre les extrêmes et les progressistes, seconde catégorie dont il ferait évidement partie dans ses analyses. Car la bataille sémantique et de communication est globale pour le gouvernement, qui n’hésite pas à renvoyer dos à dos l’extrême droite et la gauche de la gauche, pour mieux tenter d’annihiler toute contestation.
Ce principe est reproduit à l’identique dans la « loi Travail XXL », qui vient détruire en profondeur les outils syndicaux, notamment ceux utilisés par le syndicalisme de lutte. En effet, pour fragiliser les droits du personnel, il faut commencer par casser les organisations – ici syndicales – qui organisent et défendent les intérêts des salariés. La fusion des instances représentatives du personnel enlèvera des prérogatives et moyens, fragilisera davantage les contre-pouvoirs dans l’entreprise, et permettra au patronat d’avoir les mains libres. Cette vision de la société, à l’inverse de l’égalité républicaine, souhaite instaurer un individualisme forcené où pour survivre il faut se comporter en animal. Cette contre-réforme annoncée n’est donc pas anodine, comme nous l’avons déjà écrit dans plusieurs articles : la loi Travail XXL est un véritable coup d’état social !
Battre le fer tant qu’il est chaud
Au regard de la situation de la première mobilisation syndicale qui s’est déroulée le 12 septembre, il serait tentant de conclure à une première journée positive. C’est d’ailleurs le cas, mais des échecs et victoires passés il faut tirer des leçons. Chacun sait qu’un « tour de chauffe » est utile et nécessaire pour se compter et permettre de lancer une dynamique ; à l’inverse, il est aussi vrai que les journées isolées ou répétitives et espacées n’ont que très peu de chance d’aboutir à un rapport de force à la hauteur de l’attaque. Il ne faut pas se le cacher : pour faire reculer le gouvernement, quelques journées d’actions ne suffiront pas. Il est donc important que les différents animateurs syndicaux, aux différents niveaux et en prenant en compte les spécificités de chaque organisation syndicale, puissent peser dès maintenant pour que l’appel à la mobilisation soit le signal que beaucoup attendent. En traçant un plan d’attaque clair et non équivoque, sans pratiquer les traditionnels rassemblement « saute-mouton » sans perspectives qui épuisent les travailleurs, mais en mettant sur la table la possibilité d’une montée nationale organisée par le mouvement syndical revendicatif, et en n’écartant pas la possibilité de grève générale reconductible. Alors, et seulement dans ces conditions, le gouvernement cèdera.
Bien sûr, un simple appel ne suffit pas, cela demande de revoir préalablement les pratiques sociales, d’instituer une grande campagne d’une part de formations militantes – insuffisantes aujourd’hui – pour répondre à la demande sociale et d’autre part d’éducation populaire refondée pour convaincre les salariés et les travailleurs qui ne le sont pas encore. La simple distribution de tracts est nécessaire mais pas suffisante.
Nous avons tous une responsabilité individuelle dans cette période, en (re)prenant une carte syndicale, en participant aux assemblées générales dans nos entreprises, bref, en prenant des responsabilités en fonction de nos moyens pour participer à cette bataille. Ne nous y trompons pas : tout est en train de se jouer maintenant, et nos collectifs s’alimenteront de notre propre espoir, notre investissement et notre capacité à redonner du sens à a République sociale.
Mobilisons-nous massivement les 21 et 23 septembre qui sont des dates-clés et qui doivent avoir des lendemains, y compris dans la rue !